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Question #31 – Qu’est-ce que l’alliance des oeuvres et pourquoi cette question est-elle importante?

Réponse: L’alliance des œuvres fut donnée à Adam pour atteindre la vie éternelle par l’obéissance. En désobéissant, il s’est placé sous la malédiction de cette alliance, entrainant toute l’humanité avec lui. ~ Genèse 2.15-17, 3.24

Pour bien comprendre la chute de l’homme, il est nécessaire d’expliquer le cadre théologique dans lequel elle a eu lieu, à savoir l’alliance des œuvres. Cette alliance, sans être nommée, est clairement sous-entendue au paragraphe 1 du chapitre 6 et à plusieurs autres endroits dans la Confession de foi :

(Par. 1) Bien que Dieu ait créé l’homme droit et parfait, et lui ait donné une loi juste, qui était en vue de la vie s’il l’avait observée, et qu’il l’ait menacé de mort s’il la transgressait, l’homme n’a pas gardé longtemps cet honneur.

Voici comment les théologiens réformés ont traditionnellement compris l’alliance des œuvres faite avec l’homme en Éden. Adam fut créé avec un but à atteindre, ce but était la vie éternelle. L’arbre de vie dans le Jardin d’Éden représentait la récompense promise à l’homme et l’arbre de la connaissance du bien et du mal représentait la condition à observer (Gn 2.9, 17 ; Ap 22.2). Bien qu’Adam était sans péché, il n’avait pas la vie éternelle. Celle-ci consiste à être scellé dans la vie en communion avec Dieu (Jn 17.3). Adam était en communion avec Dieu, mais il pouvait déchoir de cet état. La vie éternelle est une vie immortelle sans possibilité de corruption (1 Co 15.53). Adam n’avait manifestement pas encore atteint cet état d’immortalité et d’incorruptibilité puisqu’il se corrompit et qu’il mourut.

Comment devait-il atteindre la vie éternelle? En gardant parfaitement la Parole/Loi de l’Éternel (Lc 10.25-28 ; Mt 19.16-17). Dieu lui a « donné une loi juste, qui était en vue de la vie s’il l’avait observée ». La Loi n’est pas basée sur le principe de la gratuité de la grâce par la foi (Rm 4.4 ; Ga 3.12), mais sur le principe des œuvres d’obéissance (Rm 10.5) : « En effet, Moïse définit ainsi la justice qui vient de la loi : L’homme qui mettra ces choses en pratique vivra par elles. » Ce principe, l’Écriture l’appelle « la loi des œuvres » (Rm 3.27) et il constitue le fondement de l’alliance entre Dieu et Adam : l’alliance des œuvres.

Nous appelons cette période d’innocence qui devait conduire à la vie éternelle la période de probation. L’idée est que l’homme ne devait pas vivre ad vitam aeternam avec la possibilité de déchoir de sa perfection originelle. Par l’obéissance, il devait sceller le monde dans la justice et être lui-même confirmé dans la vie éternelle. Comment pouvons-nous affirmer toutes ces choses à propos d’Adam et de l’alliance des œuvres? En le comparant au dernier Adam dont Adam lui-même était la figure (Rm 5.14 ; 1 Co 15.45). Le dernier Adam, Jésus-Christ, avait une mission qui devait être accomplie « une fois pour toutes » (Hé 9.12) ; sa période de probation fut terminée au terme de sa mission (Jn 19.30). Adam avait donc une mission à accomplir, au terme de laquelle il aurait obtenu la vie pour récompense. Cependant, « l’homme n’a pas gardé longtemps cet honneur ».

L’alliance des œuvres, bien qu’elle prouve la bonté et la générosité de Dieu (cf. 1689 7.1), est une alliance entièrement conditionnelle. De ce fait, elle prévoyait des récompenses en cas d’obéissance, mais également des malédictions dans le cas contraire. Ainsi, la vie et la mort furent placées devant l’homme (Gn 2.17 ; Dt 30.15). Voici le reste du paragraphe 1 qui décrit comment la désobéissance de l’homme a eu lieu :

(Par. 1) Utilisant subtilement le serpent, Satan assujettit Ève, et par elle, il séduisit Adam, qui, sans contrainte sur lui, transgressa volontairement la loi de leur création et le commandement qui leur avait été donné en mangeant du fruit défendu. Il a plu à Dieu de permettre cette chute, dans son conseil sage et saint, puisqu’il avait déterminé de l’utiliser pour manifester sa gloire.

La chute de l’homme s’est produite sous l’influence de Satan. Celui-ci est rusé, il cherche à tromper par tous les moyens possibles (2 Co 11.3, 14). Il avait un intérêt particulier à séduire celui sous les pieds duquel le Créateur avait placé toutes ses œuvres (Ps 8.6), car il usurpa ainsi le pouvoir sur le monde créé par Dieu (Lc 4.6 ; Ep 2.2 ; Hé 2.5-16). Pour parvenir à l’homme, Satan séduisit la femme (2 Tm 2.14) et brisa ainsi l’harmonie entre eux et Dieu (Gn 3.12).

Il ne faudrait pas cependant considérer l’homme comme une simple victime de la séduction de Satan. Adam, « sans contrainte sur lui, transgressa volontairement la loi de leur création et le commandement qui leur avait été donné en mangeant du fruit défendu. » À la suite de l’Écriture sainte, la Confession affirme la pleine responsabilité morale de l’homme vis-à-vis du péché. La révolte de l’homme contre Dieu n’est pas petite, surtout lorsque nous considérons qui est Dieu (cf. le chapitre 2 de la Confession) et la distance entre Lui et l’être de poussière qui a voulu se faire Dieu (Gn 3.5).

Pourquoi l’Éternel n’est-il pas intervenu pour empêcher l’homme de transgresser l’alliance faite entre lui et Dieu? « Il a plu à Dieu de permettre cette chute, dans son conseil sage et saint, puisqu’il avait déterminé de l’utiliser pour manifester sa gloire. » Les prochains chapitres de la Confession prouveront cette affirmation en présentant les doctrines du salut et de la rédemption.

L’alliance des œuvres est hautement importante pour au moins deux raisons. Sans elle, il est impossible de comprendre bibliquement la chute et ses conséquences pour l’humanité (comme nous le verrons en exposant les paragraphes 2-5 du présent chapitre). L’alliance des œuvres fournit le cadre légal qui nous permet de comprendre ce qu’est le péché et ce qu’il implique pour toute la création. Toute interprétation du mal qui n’est pas fondée sur une compréhension biblique de l’alliance des œuvres est erronée. Deuxièmement, la doctrine de l’alliance des œuvres est absolument essentielle pour pouvoir comprendre la rédemption. Cette alliance démontre ce qui devait être accompli par l’homme pour atteindre la vie éternelle : une parfaite obéissance à Dieu sans la moindre transgression. Seulement, après la chute, cette parfaite obéissance ne pouvait pas éviter la punition de la mort puisque le péché étant entré dans le monde Dieu se devait de le punir. C’est pourquoi le second Adam s’est rendu « obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix » (Ph 2.8).

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Description: Une série de théologie systématique à partir de la Confession de foi baptiste de Londres de 1689 – Liste des questions étudiées
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Première publication le 7 janvier 2016 @ 10 h 31 min

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  7. Bonjour,
    pourriez-vous m’apporter une précision svp. Si l’on dit qu’ADAM aurait eu la vie éternelle en obéissant à la loi/parole de Dieu (Rom 10:5), cela ne porte-t-il pas atteinte à la vocation éternelle du Fils d’être celui par qui l’homme pouvait être sauvé en plaçant sa foi en Lui ?
    Ne faut-il pas lire Romains 10:5 dans le cadre de la promesse d’une espérance terrestre à laquelle espéraient les israélites en la terre de Canaan ?
    Merci

    1. La condition de l’homme avant la chute n’exigeait pas un Sauveur, mais l’obéissance.
      La condition de l’homme après la chute nécessite un Sauveur obéissant.

      L’Ancienne Alliance qui fut établie après la chute n’annulait pas la promesse d’un Sauveur, mais par sa nature conditionnelle cette alliance avait pour but de révéler pourquoi un Sauveur était nécessaire (Ga 3.10-25). L’alliance mosaïque était une republication typologique de l’alliance adamique. Son but n’était pas que l’homme tente de se sauver par sa propre justice, mais d’expliciter le principe de l’alliance des oeuvres (fais cela et tu vivras) que le Christ allait accomplir. Ainsi, en contrastant la justice de la loi et celle de la foi en Romains 10, l’apôtre démontre que la justification par la foi accomplit la justice exigée par la loi (Rm 3.31). C’est le Christ qui, activement et passivement, a accompli la loi pour notre justification.

      Le principe de l’alliance des oeuvres que Paul met de l’avant provient de Lévitique 18.5. Ce principe est clairement révélé après la chute, mais il est antérieur à la chute. Adam, avant sa chute, n’était pas appelé à croire en Christ, mais à obéir pour atteindre la vie. Ce principe fut illustré typologiquement avec Israël sous l’Ancienne Alliance dans l’attente que le dernier Adam vienne l’accomplir. Nous avons donc un fils protologique (Adam), un fils typologique (Israël) et un Fils eschatologique (Christ) qui nous aident à comprendre notre besoin d’une parfaite justice pour obtenir la vie incorruptible et immortelle.

    2. Merci pour votre célérité. Vous dites « La condition de l’homme avant la chute n’exigeait pas un Sauveur, mais l’obéissance. » Pourtant nous avons bien été élus en LUI avant la fondation du monde ? Christ avait bien été élu comme moyen de salut pour le salut ?

    3. En effet! Et la chute faisait partie du plan divin. Cependant l’alliance des oeuvres d’Adam nous révèle ce que Christ allait devoir accomplir après la chute. Jésus a réussi là où Adam a échoué et la rédemption ne nous ramène pas au point de départ (là où Adam commençait sous une probation), mais au point d’arrivée (là où Adam serait arrivé eut-il réussi la période de vie sous probation). Christ ayant accompli une fois pour toute la justice nécessaire à la vie, les élus ne vivent plus sous la probation de la loi.

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