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Question #40 – Qu’est-ce que l’union hypostatique du Christ?

Réponse: Dans l’unique personne du Christ sont inséparablement unies la nature divine et la nature humaine sans mélange ni confusion faisant de lui le parfait Médiateur entre Dieu et les hommes. ~ Romains 9.5

croixEn affirmant l’engendrement éternel du Fils, les chrétiens confessent sa pleine divinité. Cependant, il y a un risque de commettre l’erreur inverse en ne confessant pas sa pleine humanité. Déjà au temps du Nouveau Testament cette hérésie circulait et elle fut condamnée par les apôtres : « Car plusieurs séducteurs sont entrés dans le monde, qui ne confessent point que Jésus-Christ est venu en chair. Celui qui est tel, c’est le séducteur et l’antéchrist. » (2 Jn 7). Jean dénonce ce qui semble avoir été une forme primitive de docétisme : l’idée que le corps du Logos n’était pas réel, mais une simple apparence puisque la matière étant mauvaise, Dieu, qui est pur esprit, n’aurait pas pu s’unir à une chair réelle. L’insistance biblique sur la réalité de l’incarnation (in carne = dans la chair), la réalité de sa naissance (Mt 1.1, 18 ; Ga 4.4), la réalité de sa mort (Jn 19.33-35 ; 1 P 3.18), la réalité de son sang (Ac 20.28 ; Rm 3.25, 5.9 ; Ep 1.7), et la réalité de sa résurrection corporelle (1 Co 15), rendent impossible une telle lecture de la manifestation de Dieu en chair (Jn 1.14 ; Col 2.9 ; 1 Tm 3.16 ; 1 Jn 4.2).

C’est pourquoi, après avoir affirmé la pleine divinité du Fils, la confession enchaîne dans le même paragraphe et la même phrase en affirmant sa pleine humanité :

(Par. 2) Le Fils de Dieu, deuxième personne de la Sainte Trinité, étant vrai Dieu éternel, le rayonnement de la gloire du Père, de même substance et égal à celui qui a fait le monde, qui soutient et gouverne tout ce qu’il a fait, a, quand les temps furent accomplis, assumé la nature humaine avec toutes ses caractéristiques essentielles et les faiblesses communes, mais, cependant, sans le péché. Il a été conçu par le Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie, l’Esprit Saint venant sur elle, et la puissance du Dieu Très haut la couvrant comme une ombre. Ainsi il est né d’une femme, de la tribu de Juda, de la descendance d’Abraham et de David selon les Écritures, de sorte que deux natures complètes, parfaites et distinctes ont été inséparablement unies en une seule personne, sans changement ni mélange ou confusion. Cette personne est vrai Dieu et vrai homme, et cependant un seul Christ, l’unique médiateur entre Dieu et les hommes.

Le paragraphe 2 conclut en affirmant l’union hypostatique du Christ : c’est-à-dire l’union de la nature humaine et divine sans changement ni mélange ou confusion en une seule personne (hypostase = personne). Cette doctrine est parfois appelée l’union personnelle : en une seule personne sont inséparablement unies deux natures distinctes et parfaites. Pour bien comprendre la pertinence de cette vérité biblique, examinons ce qui se produisit dans l’Église chrétienne après le Concile de Nicée de 325.

Nous avons vu comment le Symbole de Nicée réfuta l’arianisme en confessant la pleine divinité du Fils éternel de Dieu. Après Nicée la relation entre les deux natures du Fils fut en jeu : comment pouvait-il être Dieu et homme à la fois? Pour Nestorius (381-451), la réponse à cette question était simple ; selon lui en Jésus-Christ résidait deux personnes : le Dieu éternel et le médiateur humain. Cette doctrine fut condamnée comme une hérésie lors du Concile d’Éphèse de 431 ; ce qui n’empêcha pas le nestorianisme de se répandre dans beaucoup d’Églises d’Orient (Marco Polo (1254-1324) rencontra principalement cette forme de christianisme dans son voyage jusqu’en Chine).

Un des plus farouches adversaires du nestorianisme fut Eutychès (378-454) qui, pour réfuter la double personnalité du Christ, insista tellement sur l’union de ses deux natures qu’il finit par les confondre en une seule nature dans laquelle la nature humaine était absorbée par la nature divine. La doctrine d’Eutychès était une forme de monophysisme (mono = un + phusis = nature) qui affirmait que Jésus était un mélange divin et humain. Cette nouvelle hérésie provoqua le Concile de Chalcédoine en 451. Ce concile affirma de manière définitive la façon d’exprimer la relation entre les deux natures du Christ en demeurant dans les balises scripturaires et en rejetant toute forme de spéculation quant à la double nature. Ce concile eut recours à la doctrine de l’union hypostatique pour établir l’orthodoxie chrétienne :

Suivant donc les saints pères, nous enseignons unanimement que nous confessons un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait en divinité, et le même parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme (composé) d’une âme raisonnable et d’un corps, consubstantiel au Père selon la divinité et le même consubstantiel à nous selon l’humanité, en tout semblable à nous sauf le péché, avant les siècles engendré du Père selon la divinité, et aux derniers jours le même (engendré) pour nous et notre salut de la Vierge Marie, Mère de Dieu selon l’humanité,

Un seul et même Christ, Fils, Seigneur, l’unique engendré, reconnu en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division et sans séparation, la différence des natures n’étant nullement supprimée à cause de l’union, la propriété de l’une et l’autre nature étant bien plutôt gardée et concourant à une seule personne et une seule hypostase, un Christ ne se fractionnant ni se divisant en deux personnes, mais un seul et même Fils, unique engendré, Dieu Verbe, Seigneur Jésus Christ, selon que depuis longtemps les prophètes l’ont enseigné de lui, que Jésus Christ lui-même nous l’a enseigné, et que le Symbole des pères nous l’a transmis

Le concile réfuta à la fois le nestorianisme en affirmant un seul et même Christ sans division ni séparation et il réfuta le monophysisme en affirmant deux natures sans confusion ni changement. Le concile affirma l’union de la nature divine et la nature humaine en une seule personne : l’union hypostatique du Christ. Il peut être utile de comparer ce concept avec la Trinité. En Dieu on retrouve une seule nature divine (essence) et trois personnes (hypostases), en Christ on retrouve deux natures et une seule personne (union hypostatique).

Comment une même personne est à la fois Dieu et homme est un mystère que nous affirmons sans le comprendre pleinement. Cela est sans contredit le grand mystère de la piété : Dieu manifesté en chair (1 Tm 3.16). Cependant, il s’agit certainement d’une vérité que l’Écriture enseigne lorsqu’elle déclare que le Christ est Dieu béni éternellement au-dessus de tout, tout en étant issu du peuple juif, selon la chair (Rm 9.5). Jésus est le Médiateur theanthropos, le Dieu homme : égal et consubstantiel au Père quant à la divinité (Ph 2.6), égal et consubstantiel aux hommes quant à l’humanité à l’exception du péché (Rm 8.3).

L’union hypostatique nous permet d’affirmer que Jésus, quant à son humanité, n’était pas un surhomme, il n’était pas un homme mi-dieu. Jésus, quant à son humanité, était un homme ordinaire comme nous, la confession va jusqu’à dire qu’il a : « assumé la nature humaine avec toutes ses caractéristiques essentielles et les faiblesses communes, mais, cependant, sans le péché ». Avant sa résurrection dans la chair, Jésus partageait la nature humaine déchue (mais non pas dépravée). Sa nature humaine n’était pas homoiousios (d’une nature semblable), mais homoousios (de même nature) à la nôtre sauf pour le péché. Autrement dit, avant la résurrection, Christ avait une chair faible, corruptible et mortelle. Mais par son obéissance il a obtenu, à la résurrection, une chair pleine de force, incorruptible et immortelle (1 Co 15.43, 53). Les caractéristiques de la nature humaine du Christ avant sa résurrection n’étaient pas celles d’Adam avant la chute, mais celles d’Adam après la chute, le péché en moins.

C’est donc dire l’abaissement auquel le Fils éternel a consenti en paraissant « comme un simple homme » et en s’humiliant « jusqu’à la mort de la croix » (Ph 2.7-8). Mais le Médiateur, ayant accompli sa mission, éleva la nature humaine à la condition glorieuse à laquelle Dieu l’avait destinée (1 Co 15.24-28 ; Ph 2.9-11). Jésus-Christ homme existe présentement dans cette condition majestueuse et glorieuse, il est, en tant qu’homme (1 Tm 2.5), Seigneur et Roi sur toutes les œuvres de Dieu.

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Description: Une série de théologie systématique à partir de la Confession de foi baptiste de Londres de 1689 – Liste des questions étudiées
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Première publication le 28 septembre 2016 @ 21 h 08 min

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  1. Merci pasteur Pascal Denault pour cet enseignement qui nous conforte dans notre foi sur la personne de notre Seigneur et sauveur Jésus Christ, le Fils de Dieu.

  2. D’ou Viens le mot hypostatique pour d’ecrire Le Christ.

    1. Le mot grec hupostasis désigne la personne. Dans la personne unique du Christ, il y a l’union de deux natures distinctes (divine et humaine). C’est ce que l’on appelle l’union hypostatique: l’union de la nature divine et humaine sous un seul Christ.

  3. Bonjour M. Denault
    Vous dites que « Le mot grec hupostasis désigne la personne »
    J’aimerais savoir d’où de qui prenez-vous cette définition pour « l’hypostasis ou hypostase » ?

    1. Richard A. Muller Dictionary of Latin and Greek theological terms : drawn principally from Protestant scholastic theology. Grand Rapids, Mich.: Baker Book House, 1985.

  4. Bonjour,
    La plus part des chrétiens imaginent que chaque personne distinctif (Père, Fils et Esprit-Saint) en un seul Dieu ont une conscience propre par laquelle chacune d’elle peut communiquer distinctement entre elles.
    Pouvez-vous me donner un passage dans la Bible comme c’est le cas pour le Père et le Fils où l’Esprit Saint a cette échange personnelle de communication avec le Père ou le Fils ou même les apôtres ? Ou encore un commentaire sur la question par un théologien ou pères de l’Église ?

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