Question #114 – Quelle relation une Église doit-elle entretenir avec les autres Églises?

Question: Quelle relation une Église doit-elle entretenir avec les autres Églises?

Réponse: Une Église locale ne doit pas s’isoler des autres assemblées chrétiennes, mais entretenir une communion avec elles dans la mesure du possible et se rendre redevable à d’autres assemblées avec lesquelles elle s’associe. ~ Romains 15.24-29

Lisez l’introduction à cette doctrine ici (et retrouvez les autres questions étudiées sur l’ecclésiologie)

Dans la dernière section du chapitre 26, la confession présente les relations entre Églises locales. La catholicité de l’Église s’exprime concrètement au travers de ces relations dans lesquelles plusieurs Églises représentent l’unique Église de Christ. Comment la catholicité de l’Église s’articule-t-elle avec une ecclésiologie congrégationaliste? C’est ce que nous verrons dans les deux derniers paragraphes sur la doctrine de l’Église.

(Par. 14) Les membres de chaque église, comme les assemblées elles-mêmes, sont appelés à prier continuellement pour le bien et la prospérité de toutes les églises du Christ en tous lieux et en toutes occasions (chacun dans les limites de sa localisation et de sa vocation, dans l’exercice de ses dons et grâces). De ce fait, les églises devraient, dans la mesure et selon les possibilités accordées par la providence divine, rechercher la communion entre elles pour sauvegarder la paix, développer l’amour et une édification mutuelle.

Le congrégationalisme rejette la notion d’un gouvernement ecclésiastique au-dessus de l’Église locale. Chaque congrégation est auto-dirigée sous l’autorité de la Parole de Christ et non par une autorité dénominationelle. Néanmoins, une assemblée locale est redevable à d’autres assemblées chrétiennes et agit en communion avec celles-ci, car elle ne doit pas demeurer isolée (3 Jn 8-10). On appelle ce modèle l’associationnisme. Lorsque la confession parle de « communion » entre les Églises, il ne faut pas limiter cette notion à un rapport informel où l’on retrouve des échanges entre sympathisants. Les congrégationalistes du 17^e siècle utilisaient le terme communion pour désigner une association formelle entre des Églises de même foi. L’associationnisme consiste donc à former des associations d’Églises qui entretiendront des relations et s’entraideront mutuellement dans l’œuvre du royaume.

Ce modèle repose sur l’exemple biblique d’Églises distinctes où chacune est gouvernée localement par ses propres dirigeants, tout en collaborant avec d’autres assemblées. Cette collaboration se faisait premièrement par la prière mutuelle (Ep 6.18). Ceci est le premier devoir mis de l’avant au paragraphe 14 : « prier continuellement pour le bien et la prospérité de toutes les églises du Christ en tous lieux et en toutes occasions ». Bien entendu, la prière pour les autres Églises ne se limite pas aux assemblées d’une même association, même si celles-ci intercèdent les unes pour les autres avec plus d’assiduité. La prière s’étend aux Églises en tous lieux, en particulier pour celles qui sont éprouvées, et lorsque nous avons l’occasion de les connaître ou de recevoir de leurs nouvelles.

En plus de la prière, nous voyons les Églises du Nouveau Testament chercher le bien et la prospérité de chacune par le partage d’ouvriers et de ressources diverses (Rm 15.26-27, 16.1-3 ; 2 Co 1.16, 3.1, 8.16-19, 9.13-14 ; Ph 2.25, 29 ; Hé 13.23 ; 3 Jn 5-10). La confession de foi exprime cette idée en disant « chacun dans les limites de sa localisation et de sa vocation, dans l’exercice de ses dons et grâces ». Il faudrait plutôt traduire « chacun dans les limites de sa place » comme une référence à la place qu’une personne occupe dans l’Église et non comme une référence à un endroit géographique[1]. Tous n’ont pas la même place, le même appel, ni les mêmes dons pour rechercher le bien et la prospérité d’autres assemblées en plus de la leur. Le rôle de certains se limitera à la prière. D’autres visiteront des Églises sœurs et y apporteront des encouragements par leur présence. Plusieurs aideront financièrement ou matériellement. Enfin, d’autres serviront par leurs dons en prêchant, en dirigeant le culte ou encore en exerçant une œuvre diaconale au bénéfice d’autres assemblées.

Cette collaboration ne doit pas se faire au détriment de l’appartenance à l’Église locale. Autrement dit, une assemblée ne devrait pas accepter de recevoir les services de chrétiens de passage qui n’appartiennent à aucune assemblée. La collaboration devrait se faire avec l’approbation et la recommandation des Églises concernées puisqu’aucun chrétien ne doit agir comme un agent libre. De plus, les officiers ne sont ordonnés que par une seule assemblée et, même s’ils peuvent servirent d’autres assemblées, leur ministère relève de l’Église où ils sont membres, car le gouvernement d’une Église est constitué localement (Ph 1.1).

Généralement les Églises d’une même région se regrouperont comme c’était le cas avec les Églises de la Galatie (Ga 1.2), celles de la Judée (Ga 1.22), de la Macédoine (2 Co 8.1) ou encore celle d’Asie Mineure (Ap 1.4). Mais si même au premier siècle les milliers de kilomètres qui séparaient les Églises d’Achaïe et de la Macédoine de celles de la région de Jérusalem n’empêchèrent pas les premiers chrétiens de collaborer avec ceux de même foi qu’eux (cf. Rm 15.26), à plus forte raison devons-nous aujourd’hui utiliser les moyens de communication et de transport pour établir des relations avec les Églises de même foi dans le monde.

En recherchant le bien et la prospérité des assemblées qui la composent, une association d’Églises sera amenée à former des ouvriers ainsi qu’à collaborer pour l’implantation de nouvelles Églises (Rm 10.15, 15.24 ; 2 Tm 2.2). Toute œuvre paraecclésiastique, incluant les séminaires de théologie, devrait être redevable aux Églises qu’elle sert. Il s’agit du meilleur moyen de préserver l’orthodoxie de ces institutions en les soumettant à l’Église que Christ a institué sur la terre comme colonne et appui de la vérité (1 Tm 3.15).

[1] Cf. James Renihan, To the Judicious and Impartial Reader: Baptist Symbolics Volume 2, Founders Press, Cape Coral FL, 2022, p. 447-448.

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