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Commentaire sur le Psaume 39

  1. Pour le Maitre-Chantre. Pour Jédithun. Psaume pour David.
  1. J’avais dit : Je surveillerai mes voies, de peur de pécher par ma langue ; je garderai ma bouche avec un frein pendant que le méchant sera devant moi.
  2. Je suis resté muet, dans le silence, taisant ce qui était bon ; mais ma douleur s’aggrava.
  3. Mon cœur s’embrasa dans mon sein, mes méditations allumèrent un feu, et ma langue parla :
  4. Ô Éternel, fais-moi connaître ma fin et quelle est la mesure de mes jours : que je sache combien je suis fragile!
  5. Voici tu as donné à mes jours l’espace d’une palme et ma durée est devant toi comme un rien!

Tout homme qui subsiste n’est absolument qu’un souffle (Sélah).

  1. Ce n’est que comme une ombre que l’homme se promène, ce n’est que pour un souffle qu’il fait du bruit ; il ne sait qui recueillera ce qu’il a amassé.
  2. Maintenant donc, quelle est mon attente, Seigneur? mon espérance est en Toi!
  3. Délivre-moi de toutes mes rebellions, ne m’expose pas aux outrages de l’insensé.
  4. Je me tais, je n’ouvrirai pas la bouche, parce que c’est toi qui l’as fait!
  5. Éloigne de moi tes coups ; je me consume sous les assauts de ta main.
  6. Tu châties l’homme par des peines pour l’iniquité, et comme la teigne tu détruis l’objet de ses désirs.

Tout homme n’est qu’un souffle! (Sélah).

  1. Éternel! écoute ma prière et mon cri, sois attentif à mes larmes ; ne sois pas muet ; car je suis en passage chez toi, en séjour comme tous mes pères.
  2. Détourne-toi de moi, afin que je retrouve la sérénité, avant que je m’en aille et que je ne sois plus!

Ce Psaume paraît avoir été composé par David dans un temps où il avait beaucoup à souffrir de la part des méchants ; on pourrait même supposer qu’il se rapporte à la même épreuve que le précédent, si l’on rapproche les paroles par lesquelles il commence des versets 14 et 15 du Ps 38. Dans celui-ci le langage du psalmiste a quelque chose de saccadé, d’incohérent, et il nous donne l’idée d’une grande agitation intérieure, d’une lutte violente entre la foi et l’impatience. Tous les affligés peuvent retrouver leurs propres expériences dans ces prières de David. La tristesse prédomine dans la première strophe (2-6) ; dans les deux dernières, l’espérance a repris le dessus (8-14)[1].

La brièveté et la fragilité de la vie humaine se trouvent dépeintes dans ce Psaume avec une saisissante énergie ; aussi fait-il partie du service funèbre de l’Église anglicane. Des paroles comme celles des versets 5,6,7,12 ne peuvent manquer de produire une émotion profonde quand elles sont lues et entendues au bord d’une tombe qui va se fermer sur l’un de nos compagnons de voyage.

Ce Psaume est intitulé : à Jedithun. Jedithun (appelé aussi Jeduthun Ps 62.1), était l’un des maîtres-chantres auxquels David avait confié la direction de la musique sacrée. 1 Ch 16.41-42 ; 2 Ch 5.12. Ce Psaume lui était probablement remis d’une manière spéciale. Les descendants de Jedithun exerçaient les mêmes fonctions. 2 Ch 35.15 ; Né 11.17.

Verset 2. J’avais dit : Je surveillerai mes voies, de peur de pécher par ma langue ; je garderai ma bouche avec un frein pendant que le méchant sera devant moi.

Le devoir de tenir notre langue en bride est souvent recommandé. Jb 1.22 ; Mt 12.36 ; Jc 3.2-8. Les péchés de la langue dont il s’agit ici sont les murmures contre la volonté de Dieu, les plaintes, les récriminations contre les hommes. « Il avait mis des gardes de tous côtés, connaissant les ruses de Satan » (Calvin). — Le dernier hémistiche rappelle que la prospérité prolongée du méchant est pour le fidèle une épreuve difficile à supporter.

Verset 3. Je suis resté muet, dans le silence, taisant ce qui était bon ; mais ma douleur s’aggrava.

Le psalmiste paraît vouloir dire qu’il s’était imposé un silence tellement complet, que de peur de se laisser aller à dire quelque chose de mal, il ne prononçait pas même des paroles qui eussent été bonnes. Cette explication qui est celle de Rosenmüller nous paraît la plus naturelle. La version chaldéenne rend la même idée : « Je n’ai pas proféré les paroles de la loi. » Calvin en donne une autre : « Je m’abstenais de dire ce que j’aurais pu dire pour ma défense. »

Verset 4. Mon cœur s’embrasa dans mon sein, mes méditations allumèrent un feu, et ma langue parla :

C’est une consolation pour nous de savoir que David a passé par des combats spirituels aussi bien que nous.

Verset 5. Ô Éternel, fais-moi connaître ma fin et quelle est la mesure de mes jours : que je sache combien je suis fragile!

Ce verset et les deux suivants renferment les plaintes qui échappent au psalmiste malgré sa résolution de garder le silence. Ces paroles : « Fais-moi connaître ma fin » renferment une sorte d’ironie ; David se plaint de ce que Dieu lui avait donné à porter des maux trop cruels et trop prolongés pour qu’il pût espérer d’obtenir une compensation, la vie humaine étant de si courte durée. « Pourquoi tant de rigueur? Pourquoi as-tu accumulé sur ma tête une masse si énorme de maux, comme si je devais vivre encore pendant plusieurs siècles » (Calvin). Des plaintes de ce genre se rencontrent plus d’une fois dans le livre de Job (par exemple, Jb 14.5-6) ; en les lisant il faut se rappeler les explications que nous avons données (Introduction, Ch. VI) sur la manière dont les fidèles de l’ancienne alliance considéraient la vie à venir. Ici le psalmiste n’a évidemment en vue que la condition de l’homme sur la terre, bien que sa foi s’élevât plus haut.

Verset 6. Voici tu as donné à mes jours l’espace d’une palme et ma durée est devant toi comme un rien! Tout homme qui subsiste n’est absolument qu’un souffle (Sélah).

Le troisième hémistiche pourrait aussi se traduire : « Tout homme est destiné à n’être qu’un souffle. »

Verset 7. Ce n’est que comme une ombre que l’homme se promène, ce n’est que pour un souffle qu’il fait du bruit ; il ne sait qui recueillera ce qu’il a amassé.

On pourrait traduire : « L’homme marche dans une ombre » c’est à dire au milieu des ombres, au milieu des choses qui n’ont que l’apparence (Comp. Jc 4.14). — « Il ne sait qui le recueillera » Comp. Lc 12.20.

Verset 8. Maintenant donc, quelle est mon attente, Seigneur? mon espérance est en Toi!

« Après que David a confessé qu’il s’était laissé emporter trop loin par son agitation intérieure, il revient à un état d’âme calme et serein » (Calvin).

Verset 9. Délivre-moi de toutes mes rebellions, ne m’expose pas aux outrages de l’insensé.

Dans nos maux nous devons toujours commencer par demander le pardon de nos péchés. — « L’insensé » (Comp. Ps 14.1).

Verset 10. Je me tais, je n’ouvrirai pas la bouche, parce que c’est toi qui l’as fait!

Le silence dont le psalmiste parle ici est celui de la soumission, delà résignation. — L’original porte : « C’est toi qui as fait. » Il faut sous-entendre quelque chose. Le psalmiste pensait sans doute aux maux qu’il endurait. Combien il est consolant de savoir que nos souffrances ne sont pas l’ouvrage d’un aveugle hasard, mais qu’elles viennent de la main d’un père infiniment sage et infiniment bon! Dans 2 S 16.10, nous voyons David soutenu par cette même considération.

Verset 11. Éloigne de moi tes coups ; je me consume sous les assauts de ta main.

« Les assauts de ta main » (Comp. Ps 32.4, 38.4).

Verset 12. Tu châties l’homme par des peines pour l’iniquité, et comme la teigne tu détruis l’objet de ses désirs. Tout homme n’est qu’un souffle! (Sélah).

Le psalmiste, après avoir dépeint ses propres souffrances, enseigne que tout homme que Dieu châtie, est puni pour ses péchés. Les maux sont des châtiments. (Comp. Ps 6.2, 38.2). — Cette image de la teigne répond bien à l’action souvent cachée et lente des jugements de Dieu. Elle se retrouve Jb 13.28.

Versets 13-14. Éternel! écoute ma prière et mon cri, sois attentif à mes larmes ; ne sois pas muet ; car je suis en passage chez toi, en séjour comme tous mes pères. Détourne-toi de moi, afin que je retrouve la sérénité, avant que je m’en aille et que je ne sois plus!

Le psalmiste termine en demandant à Dieu de lui accorder la délivrance de ses maux ou au moins quelque soulagement, en considération de la brièveté de la vie humaine, et revient ainsi à la pensée exprimée dans les versets 5-7. — L’étranger, le voyageur, qui ne fait que traverser un pays ou qu’y séjourner, se trouve toujours plus ou moins dépendant des citoyens du pays et des propriétaires du sol. Telle est la condition de l’homme sur la terre qui appartient à Dieu ; il n’y est pas son propre maître. C’est bien ainsi que le peuple d’Israël devait se considérer devant Dieu : « La terre est à moi, et vous êtes étrangers et voyageurs chez moi. » Lv 25.23. Et telle est aussi la position que doivent accepter les fidèles de la nouvelle alliance, 1 Pi 2.11. — « Avant que je m’en aille. » On peut sous-entendre : « Dans le séjour des morts. » Jb 10.20-21.

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 278-282


[1] Le dernier hémistiche du verset 6 avec le verset 7 et le dernier hémistiche du verset 12 forment un refrain qui exprime combien l’homme est petit devant Dieu.

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