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Commentaire sur le Psaume 95

  1. Venez, poussons des cris de joie vers l’Éternel, des chants d’allégresse vers le rocher de notre salut!
  2. Empressons-nous de lui rendre grâces, faisons retentir des psaumes en son honneur!
  3. Car l’Éternel est un grand Dieu, un grand Roi par-dessus tous les dieux.
  4. Dans sa main sont les lieux profonds de la terre, à lui les sommets des montagnes ;
  5. à lui est la mer, car c’est lui qui l’a faite, la terre ferme aussi, ses mains l’ont formée.
  1. Venez! Prosternons-nous, inclinons-nous, fléchissons le genou devant l’Éternel, notre Créateur!
  2. Car il est notre Dieu et nous sommes le peuple qu’il paît, les brebis de sa main. Aujourd’hui, si vous écoutiez sa voix!
  1. N’endurcissez pas votre cœur, comme à Mériba comme au jour de Massa dans le désert,
  2. quand vos pères me tentèrent, me mirent à l’épreuve, quoiqu’ils eussent vu mon œuvre.
  3. Pendant quarante ans j’ai eu cette génération en dégoût ; j’ai dit : C’est un peuple dont le cœur s’égare, ils ne connaissent point mes voies ;
  4. aussi j’ai juré dans ma colère : Jamais ils n’entreront dans mon repos!

Nous nous accordons avec le rabbin Kimchi pour considérer ce Psaume comme « une invitation que les fidèles d’Israël s’adresseront les uns aux autres dans les jours du Messie. » Le psalmiste, en le composant, s’est transporté au moment où le Seigneur sera sur le point de paraître dans sa gloire et où les vierges sages se prépareront à aller au-devant de lui. Mt 25.7. Cependant c’est un cri d’exhortation qui est de saison à toutes les époques dans lesquelles on est en présence de quelque manifestation éclatante de la puissance et de la miséricorde du Dieu-Sauveur. C’est pourquoi l’auteur de l’épître aux Hébreux l’applique à ses lecteurs (Hé 3.7-11, 4.7). C’est aussi avec raison que ce Psaume se lit dans l’Église anglicane au commencement du culte du matin, car, lorsque nous nous approchons du Seigneur, il est constamment nécessaire de ranimer notre ferveur et de méditer cette parole du Saint-Esprit : « N’endurcissez pas votre cœur. »

Dans les deux premières strophes, c’est le peuple qui parle et qui célèbre les louanges, d’abord du Dieu de la nature (1-5), puis du Dieu de l’histoire (6-7) ; dans la troisième c’est Dieu qui s’adresse au peuple (8-11).

Verset 1. Venez, poussons des cris de joie vers l’Éternel, des chants d’allégresse vers le rocher de notre salut !

« Quand il s’agit de rendre grâces à Dieu, nous avons toujours besoin d’être stimulés » (Calvin). Ce verset rappelle le commencement de Ps 33.

Verset 2. Empressons-nous de lui rendre grâces, faisons retentir des psaumes en son honneur!

Littéralement : Prévenons sa face avec des actions de grâces. Comparez Ps 57.9.

Versets 3-5. Car l’Éternel est un grand Dieu, un grand Roi par-dessus tous les dieux. Dans sa main sont les lieux profonds de la terre, à lui les sommets des montagnes ; à lui est la mer, car c’est lui qui l’a faite, la terre ferme aussi, ses mains l’ont formée.

Comparez Ps 2.6, 47.3.

Verset 6. Venez! Prosternons-nous, inclinons-nous, fléchissons le genou devant l’Éternel, notre Créateur!

 « Le psalmiste emploie trois verbes consécutifs pour exprimer que le fidèle doit se donner à Dieu tout entier et qu’il n’a pas rempli son devoir s’il ne s’est pas offert en sacrifice aussi par des génuflexions et d’autres manifestations extérieures » (Calvin). « Notre corps étant l’ouvrage de Dieu, il est juste qu’il prenne part au culte » (Horne).

Verset 7. Car il est notre Dieu et nous sommes le peuple qu’il paît, les brebis de sa main. Aujourd’hui, si vous écoutiez sa voix!

La belle et touchante image qui fait le sujet des deux premiers hémistiches se retrouve Ps 23.1, 80.2, ainsi que dans le Nouveau Testament. Les brebis de sa main sont celles que sa main protège et conduit ; comparez Ps 78, 72. — Le troisième hémistiche est un vœu, semblable à celui de Ps 81.9, et après lequel on peut sous-entendre quelque chose comme : « il nous bénirait. » La ponctuation dans l’original indique que cet hémistiche forme une proposition complète par elle-même, mais qui se rattache à ce qui précède ; le contexte l’indique également, car en passant de ce verset au suivant il y a un changement de personnes (dans notre verset il est parlé de Dieu à la troisième personne, au v. 8 c’est Dieu qui parle lui-même et qui prononce l’exhortation que le peuple a été invité à écouter). Il est vrai que ce n’est pas non plus la même personne qui parle d’un bout à l’autre du verset ; dans les deux premiers hémistiches c’est le peuple, dans le troisième c’est le psalmiste, ou plutôt le Saint-Esprit, parlant par sa bouche, comparez Hé 3.7 ; néanmoins ce dernier hémistiche se rattache plus naturellement à ce qui précède qu’à ce qui suit. Les Septante, qui traduisent souvent assez librement, le rattachent au v. 8 et disent : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre cœur, et l’auteur de l’épître aux Hébreux a adopté cette traduction parce qu’elle se trouvait dans la version grecque en usage de son temps et qu’elle rendait, quant au fond, la pensée du psalmiste. La plupart des versions modernes ont fait de même. Avec Hengstenberg et Perret-Gentil nous avons préféré celle qui suit de plus près le texte hébreu. — Le mot aujourd’hui rappelle qu’il s’agit d’un moment de crise, dans lequel il faut savoir prendre une décision et ne point différer. Comparez 2 Co 6.2.

Verset 8. N’endurcissez pas votre cœur, comme à Mériba, comme au jour de Massa dans le désert,

Le premier hémistiche rappelle les passages de l’Exode (Ex 7.13, etc.) qui parlent de l’endurcissement de Pharaon. « On s’endurcit soi-même toutes les fois que l’on n’obéit pas à Dieu » (Calvin). — Mériba et Massa, noms d’un lieu où les Israélites murmurèrent à cause du manque d’eau ; ils signifient irritation et tentation. (Ex 17.7. Comp. Ps 81.8).

Verset 9. quand vos pères me tentèrent, me mirent à l’épreuve, quoiqu’ils eussent vu mon œuvre.

Ce que c’est que tenter Dieu a été expliqué à l’occasion de Ps 78.18. — Quelques commentateurs entendent par l’œuvre de Dieu ses châtiments, mais il vaut mieux laisser à cette expression son sens le plus général, et y comprendre aussi les dispensations bienfaisantes, délivrances, miracles, etc.

Verset 10. Pendant quarante ans j’ai eu cette génération en dégoût ; j’ai dit : C’est un peuple dont le cœur s’égare, ils ne connaissent point mes voies :

« La culpabilité est augmentée par la durée de la rébellion » (Calvin).

Verset 11. aussi j’ai juré dans ma colère : Jamais ils n’entreront dans mon repos!

Dans Dt 12.9, c’est le pays de Canaan qui est appelé repos, mais ce séjour terrestre n’était que l’ombre de celui qui est réservé au peuple de Dieu d’après Hé 4.9 et dont nous devons prendre garde de nous exclure nous-mêmes par notre incrédulité.

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes – Tome 2, p. 144-147

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