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Commentaire sur le Psaume 138

Pour David.

  1. Je veux te rendre grâces de tout mon cœur, t’adresser des psaumes devant les dieux.
  2. Je veux me prosterner dans ton saint temple, et rendre grâces à ton nom, à cause de ton amour et de ta vérité ; car tu as rendu ta parole plus grande que tout ton nom.
  3. Au jour où j’ai crié, tu m’as répondu, tu as rendu mon âme courageuse et forte.
  1. Tous les rois de la terre te rendront grâces, ô Éternel! quand ils auront entendu les paroles de ta bouche,
  2. et ils chanteront les voies de l’Éternel, car la gloire de l’Éternel est grande.
  1. L’Éternel, haut élevé, discerne les humbles, et il connaît de loin ceux qui s’élèvent.
  2. Si je marche au sein de la détresse, tu me fais revivre ; tu étends ta main sur la colère de mes ennemis, et ta droite me délivre.
  3. L’Éternel achèvera pour moi. Éternel, ton amour est à perpétuité, tu n’abandonnes point les œuvres de tes mains!

 

Ce Psaume, l’un de ceux qui se chantent le plus souvent dans le culte public des églises de langue française, est intitulé dans la version syriaque : Actions de grâces et prophétie. C’est en effet un cantique d’actions de grâces composé par David, peut-être à l’occasion de son avènement au trône, ou de sa restauration après la révolte d’Absalon ; mais c’est en même temps une prophétie ; la pensée du psalmiste s’étend bien au-delà des bienfaits dont il avait été l’objet, elle va même jusqu’au temps où les royaumes de ce monde seront entièrement soumis à Dieu et à son Christ (Ap 11.15). C’est ainsi que les grâces et les délivrances qui nous sont accordées devraient toujours réveiller notre intérêt pour l’Église et pour l’avancement du règne de Dieu.

La première strophe rend hommage aux perfections de Dieu, surtout à sa bonté (1-3) ; la seconde annonce le temps où ce Dieu si grand et si bon sera adoré sur toute la terre (4-5) ; dans la troisième, le psalmiste exprime la conviction que l’Éternel ne cessera point d’être son bienfaiteur et son appui (6-8).

Verset 1. Je veux te rendre grâces de tout mon cœur, t’adresser des psaumes devant les dieux.

Le premier hémistiche atteste la sincérité et la ferveur des actions de grâces du psalmiste ; le second exprime son désir de glorifier son Dieu en présence des hommes les plus influents dans le monde par leur position, les rois, les magistrats. — C’est en effet le sens que nous croyons devoir donner ici au mot dieux (comp. Ps 82.1), suivant en cela l’exemple de la version chaldéenne, des rabbins, et, parmi les modernes, de Horne et de Stier. La supposition d’Hengstenberg qu’il s’agit des faux dieux (comme dans Ps 97.7), nous paraît peu naturelle, à cause du contexte. La traduction des Septante, les anges, semble appuyée par Ps 8.5, 29.2, et elle a été adoptée par Calvin, par les versions de Sacy et de Diodati (italienne), et par Clauss. Il serait assez naturel que le psalmiste qui, au verset suivant, parle du temple terrestre, eût pensé, en écrivant celui-ci, aux habitants du temple céleste et il pouvait se représenter les anges comme des témoins invisibles du culte et des adorations des habitants de la terre, ainsi que le fait saint Paul dans 1 Co 11.10. Cependant il nous paraît plus probable que les traducteurs et commentateurs juifs ont conservé la véritable explication de ce passage. Si le psalmiste avait voulu parler des anges, on ne comprend pourquoi il ne s’est pas servi du mot ordinaire (ma- leakim), tandis que s’il voulait désigner toute la classe des hommes élevés en dignité, le mot qu’il a employé devait se présenter assez naturellement sous sa plume. La traduction que nous donnons (avec la version anglaise, Vivien et Stier) a aussi l’avantage d’être la plus littérale.

Verset 2. Je veux me prosterner dans ton saint temple, et rendre grâces à ton nom, à cause de ton amour et de ta vérité ; car tu as rendu ta parole plus grande que tout ton nom.

« Le psalmiste se propose de manifester sa reconnaissance par sa présence dans le sanctuaire » (Calvin). — Le temple proprement dit n’existait pas encore du temps de David, mais voyez l’explication donnée dans l’introduction au Ps 5. — Amour et vérité, perfections également réunies dans Ps 25.10. — Le quatrième hémistiche paraît signifier que les œuvres que Dieu a accomplies (et surtout celles qu’il accomplira à l’avenir) en conséquence de sa parole (ou promesse) dépassent de beaucoup ce qu’on pouvait attendre d’après ce qu’on connaissait déjà de son nom (c’est-à-dire de la manifestation de ses perfections), en d’autres termes, qu’il a donné beaucoup plus que ce qu’on attendait. C’est particulièrement vrai de l’œuvre de la rédemption. Comment aurait-on osé espérer que Dieu irait jusqu’à donner son Fils? (Jn 3.16).

Verset 3. Au jour où j’ai crié, tu m’as répondu, tu as rendu mon âme courageuse et forte.

« La prière est le canal ordinaire des bienfaits de Dieu » (Calvin).

Verset 4. Tous les rois de la terre te rendront grâces, ô Éternel! quand ils auront entendu les paroles de ta bouche,

Il ne s’agit pas ici seulement des rois voisins de David, comme l’entendent quelques rabbins, mais de ceux de toute la terre ; c’est donc une prophétie qui se rapporte à la vocation des gentils. Comp. Ps 68.30, 72.10.

Verset 5. et ils chanteront les voies de l’Éternel, car la gloire de l’Éternel est grande.

Les Septante et quelques autres versions portent : Ils chanteront dans les voies de l’Éternel (c’est-à-dire : en y marchant). Cette traduction est la plus rigoureusement littérale, le mot voies se trouvant précédé d’une préposition (be) ; mais comme cette préposition indique aussi quelquefois le sujet d’un discours ou d’une pensée, nous préférons traduire comme le font la version chaldéenne, les rabbins, la version italienne, Perret-Gentil.

Verset 6. L’Éternel, haut élevé, discerne les humbles, et il connaît de loin ceux qui s’élèvent.

Comp. Ps 18.28, 113.5 ; Es 66.1. — Discerne est ainsi expliqué par la version chaldéenne : il regarde pour le bien. — Connaître a ici, comme dans quelques autres passages, le sens de : connaître de manière à être en état de punir. — « L’humilité est le chemin du salut » (Horne).

Verset 7. Si je marche au sein de la détresse, tu me fais revivre ; tu étends ta main sur la colère de mes ennemis, et ta droite me délivre.

« L’affliction peut être extrême, au point de ressembler à une mort ; de là l’expression de vivifier » (Calvin).

Verset 8. L’Éternel achèvera pour moi. Éternel, ton amour est à perpétuité, tu n’abandonnes point les œuvres de tes mains!

Le verbe du premier hémistiche se trouve sans régime ; on pourrait avec Kimchi suppléer : son œuvre d’amour ; mais ce n’est pas nécessaire, la pensée du psalmiste étant suffisamment claire. C’est la même que dans Ph 1.6.

 

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes – Tome 2, p. 336-339

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