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Commentaire sur le Psaume 132

     Cantique des degrés.

  1. Ô Éternel! souviens-toi pour David de toutes les afflictions!
  1. C’est lui qui jura à l’Éternel, et qui fit ce vœu au Puissant de Jacob :
  2. « Certainement je n’entrerai point dans la tente, ma maison, je ne monterai point sur le lit qui est ma couche,
  3. je n’accorderai point de sommeil à mes yeux, ni d’assoupissement à mes paupières,
  4. jusqu’à ce que j’aie trouvé un lieu pour l’Éternel, une demeure pour le Puissant de Jacob. »
  5. Voici, nous avions entendu qu’elle était à Ephrata, nous l’avons trouvée dans les campagnes de la forêt.
  6. Entrons dans sa demeure, prosternons-nous devant son marche pied!
  7. Ô Éternel! lève-toi, viens dans ta résidence, toi et l’arche de ta puissance!
  1. Que tes sacrificateurs soient revêtus de justice, et que tes saints poussent des cris de joie!
  1. Pour l’amour de David, ton serviteur, ne rejette pas la face de ton oint!
  1. L’Éternel a juré à David la vérité, il n’en reviendra point : « Je mettrai sur ton trône tes descendants :
  2. si tes fils observent mon alliance, et mes témoignages que je leur enseignerai, leurs fils aussi seront assis sur ton trône, à perpétuité. »
  3. Car l’Éternel a choisi Sion, il l’a désirée pour sa résidence.
  4. « C’est là le lieu de mon repos à perpétuité, j’y veux résider, car je l’ai désirée ;
  5. je bénirai abondamment sa nourriture, je rassasierai de pain ses pauvres. »
  1. « Je revêtirai ses sacrificateurs de salut, et ses saints pousseront de grands cris de joie. »
  1. « C’est là que je ferai germer une corne pour David, et que je préparerai une lampe pour mon oint ;
  2. je couvrirai ses ennemis de confusion, mais sur lui fleurira son diadème. »

 

Ce Psaume a un grand air de famille avec les Psaumes 87 et 89, et on peut dire qu’il les résume en un seul cantique, puisqu’il roule à la fois sur les promesses relatives à Jérusalem qui font le sujet du premier et sur celles qui concernaient la race de David auxquelles se rapporte le second. Mais ces promesses se rattachaient, nous l’avons vu, les unes et les autres, à la promesse plus importante encore de la venue d’un Sauveur; c’est pourquoi nous avons considéré les deux Psaumes que nous venons de nommer comme des Psaumes messianiques. Il en est de même de celui-ci, et ce caractère est distinctement marqué dans les versets 17 et 18. Aussi c’est avec raison que l’Église anglicane le fait lire le jour de Noël et qu’il est intitulé dans la version syriaque : « Prière de David et révélation au sujet du Christ. » Il en est de celui-ci comme de la plupart des Psaumes messianiques, c’est qu’il ne sera entièrement accompli que par le second avènement de notre Seigneur. Cependant, en attendant ce glorieux jour, il est très propre à soutenir notre foi, notre patience, notre activité chrétienne ; nous avons besoin de nous rappeler souvent de semblables promesses, particulièrement dans les temps fâcheux où les fidèles ont, comme le Psalmiste, beaucoup d’afflictions, et où leurs efforts pour l’avancement du règne de Dieu semblent demeurer stériles. Mais c’est surtout au peuple d’Israël qu’il offre de précieuses consolations pendant sa dispersion actuelle et pour les temps d’angoisse et d’obscurité qui doivent précéder sa restauration et l’accomplissement final des promesses.

Entre les différentes conjectures sur la composition de ce remarquable Psaume, la mieux fondée nous paraît celle des rabbins Abenesra et Kimchi, qui le rapportent au moment où le roi-prophète eut appris que l’aire d’Oman était l’emplacement choisi de Dieu pour y construire le temple (1 Ch 21.18-30, 22.1). Quant à l’opinion de ceux qui croient ce Psaume composé par un autre que David, par Salomon, ou même par un auteur postérieur, nous pouvons nous dispenser de nous y arrêter longtemps. Il n’y a pas de motifs suffisants pour ne pas l’attribuer à David. Ce n’est pas le seul où il parle de lui-même à la troisième personne (voyez Ps 18.1, 78.70, 89.36,50, 144.10). Il est vrai encore que les versets 8,9 et 10 se retrouvent dans la prière prononcée par Salomon lors de la consécration du temple (2 Ch 6.41-42), mais cela ne prouve point que ce roi fut l’auteur du Psaume entier ; doit-on s’étonner de le voir faire usage dans cette circonstance solennelle des admirables cantiques de son père et prédécesseur?

L’idée principale du Psaume, le désir du psalmiste de voir se réaliser les promesses de l’Éternel, se trouve développée dans deux strophes. La première rappelle le zèle dont David avait fait preuve pour ériger à l’Éternel un temple digne de Lui, et motive ainsi la prière qu’il adresse à Dieu, de manifester sa présence dans le lieu choisi pour cette destination (2-8). La seconde fait ressortir deux motifs d’espérance encore plus puissants, savoir la promesse relative à ses descendants, et celle qui concernait Jérusalem, promesse qui formait en quelque sorte la garantie de la première, puisque l’existence de la maison royale était étroitement liée à celle du peuple sur lequel elle devait régner et de la capitale à la fois politique et ecclésiastique de ce peuple (11-15).

Autour de ces deux strophes se rangent des espèces de refrains. Chacune d’elles est précédée d’un verset destiné à rappeler les titres de David à la faveur divine (vv. 1 et 10), et suivie d’une strophe supplémentaire, composée d’un seul verset, dans lequel le sentiment qui domine dans la strophe précédente se trouve fortement marqué. Ainsi, comme dans la première grande strophe c’est le désir, l’attente, qui prévalent et dans la seconde l’espérance et la joie, les paroles qui dans la première strophe supplémentaire expriment un vœu de la part du psalmiste (v. 9) se retrouvent dans la seconde sous la forme d’une promesse de la part de l’Éternel (v. 16).

Enfin le Psaume se termine par une dernière strophe de deux versets qui annoncent qu’aux bénédictions assurées à Jérusalem dans la seconde strophe s’en ajoutera une bien plus considérable encore, c’est que cette ville sera un jour le théâtre de l’apparition du plus illustre des descendants de David, la résidence du Roi Messie (17-18). Il est assez probable que la récitation de ces différentes strophes devait se répartir entre plusieurs voix ou chœurs. Peut-être les strophes principales étaient-elles chantées par les lévites et les autres par le peuple.

Verset 1. Ô Éternel! souviens-toi pour David de toutes les afflictions!

La vie tout entière de David fut une série d’afflictions ; mais il veut parler ici principalement des peines morales, des épreuves de foi et de patience par lesquelles il passa à l’occasion du transport de l’arche à Jérusalem et du projet de construction du temple (comp. 2 S 7.1-2 ; Ac 7.46). — On pourrait traduire aussi, comme le font la version anglaise et plusieurs autres : Souviens-toi de David et de toutes ses afflictions.

Verset 2. C’est lui qui jura à l’Éternel, et qui fit ce vœu au Puissant de Jacob :

Le Puissant de Jacob, expression employée par ce patriarche lui-même dans son testament prophétique, Gn 49.24.

Verset 3. « Certainement je n’entrerai point dans la tente, ma maison, je ne monterai point sur le lit qui est ma couche,

Ce verset et les suivants indiquent le sujet de la vive et constante préoccupation du roi-prophète. « Celui qui a un grand zèle ne prend aucun repos, jusqu’à ce qu’il ait atteint le but » (Kimchi). Quelle leçon pour tant de chrétiens qui, ne se préoccupant que de leurs intérêts particuliers, ne prennent aucun souci de l’entretien du culte, des besoins de l’Église, de l’avancement du règne de Dieu! Combien de gens surtout qui ne se mettent point en peine de préparer au Seigneur une demeure dans leur propre cœur ni de lui ériger un autel dans leur maison!

Verset 4. je n’accorderai point de sommeil à mes yeux, ni d’assoupissement à mes paupières,

En hébreu ce verset commence par : Si j’entre, etc. : il faut sous-entendre quelque chose, par exemple : qu’alors Dieu me châtie. C’est une locution qui a la valeur d’une forte affirmation et presque d’un serment. — Le nom de tente que David donne à sa maison ne doit sans doute pas être pris à la lettre (comp. 2 S 7.2) ; c’est une expression poétique qui rappelle la fragilité des demeures des hommes.

Verset 5. jusqu’à ce que j’aie trouvé un lieu pour l’Éternel, une demeure pour le Puissant de Jacob. »

Un lieu, c’est-à-dire, d’après la version chaldéenne, un lieu pour y construire le sanctuaire de l’Éternel. Le psalmiste savait, d’après Dt 12.5, que des grâces particulières seraient attachées à ce lieu de culte central que l’Éternel devait désigner au milieu de la Terre Sainte. « Notre obéissance doit aussi se montrer dans le culte ; le lieu du culte ne doit pas être choisi arbitrairement » (Calvin). — Demeure. En hébreu ce mot est au pluriel, de même qu’au v. 7 ; ce pluriel a été expliqué à l’occasion de Ps 84.2.

Verset 6. Voici, nous avions entendu qu’elle était à Ephrata, nous l’avons trouvée dans les campagnes de la forêt.

Ce verset a beaucoup occupé les commentateurs. Le contexte fait bien comprendre qu’il doit indiquer l’accomplissement (au moins partiel) du désir exprimé dans les premiers versets relativement à la construction d’un temple, car les versets suivants supposent que le sanctuaire est dressé, ou du moins que le lieu où il doit l’être est désigné. Mais les difficultés se trouvent dans les détails et tiennent surtout à l’extrême concision de l’original. Il y a littéralement : Voici, nous avons entendu elle à Ephrata, nous avons trouvé elle dans les champs de la forêt. Il s’agit d’abord de déterminer à quoi se rapporte le pronom (elle) qui forme le régime des deux verbes. Ce doit être à quelqu’un des substantifs qui figurent dans les versets qui précèdent ou qui suivent. Le plus grand nombre des traducteurs et commentateurs le rapportent à l’arche, qui est nommée expressément au verset 8 et qui l’est déjà au verset 7 sous le nom de marchepied de l’Éternel ; comparez Ps 99.5. Ainsi expliquent Hengstenberg, Maurer, Sacy, De Wette, Perret-Gentil, version italienne. Mais il est à remarquer que le pronom en question est au féminin, tandis qu’en hébreu le mot arche est toujours masculin (à l’exception de 1 S 4.17 ; 2 Chr 9.11). Calvin, Michaëlis, Stier, rapportent le pronom à demeure qui se trouve dans le verset précédent, mais ce mot en hébreu est aussi toujours masculin ; en outre dans l’original il est au pluriel (pluriel expliqué à l’occasion de Ps 43.3, 84.2). D’autres le rapportent à un mot sous-entendu, comme « accomplissement du vœu de David » (Vaihinger, Ewald), « bonne nouvelle » (Jarchi), « la présence de Dieu » (Kimchi). Aucune de ces explications ne nous paraît aussi satisfaisante que celle de Clauss qui consiste à supposer que le psalmiste, en composant notre verset, avait dans l’esprit le mot de résidence de l’Éternel qu’il n’a écrit effectivement qu’au verset 8. Cette construction est celle qui se justifie le mieux suivant les règles de la grammaire, puisque dans l’original ce substantif est féminin et au singulier, aussi bien que le pronom avec lequel il doit s’accorder. Au reste, quelle que soit l’explication que l’on adopte, le sens restera au fond le même, puisque les idées d’arche, demeure de l’Éternel, résidence de l’Éternel, se touchent de fort près. Mais il s’agit en second lieu de comprendre ce que le psalmiste a voulu dire au sujet du sanctuaire dont il fait mention. La ville d’Ephrata nommée dans le premier hémistiche est bien connue ; c’est Bethlehem, qui portait un double nom, comme nous le voyons par Gn 48.7 ; Mi 5.1. Mais, comme il ne paraît pas que l’arche ou le tabernacle ait jamais résidé à Bethléhem, Hengstenberg et d’autres commentateurs pensent que David veut dire que, dans le temps où il habitait lui-même Bethléhem, dans sa jeunesse, on n’y possédait pas le sanctuaire, mais qu’on en entendait parler ; à cette époque l’arche était encore retenue par les Philistins, qui s’en étaient emparés lors du grand désastre raconté dans 1 S 4.10-11 ; et le tabernacle était à Silo (1 S 14.3). Le premier hémistiche peut en effet se traduire : Voici, à Ephrata nous entendîmes parler d’elle. Mais notre traduction donne un parallélisme plus exact ; le premier hémistiche indique dans quel lieu on avait cru trouver la demeure de l’Éternel ; le second, celui où on la trouva en effet. D’ailleurs dans ce verset le psalmiste ne parle plus seulement en son propre nom comme dans les précédents, mais au nom du peuple, ce qui est marqué par l’emploi du pluriel. Nous croyons plutôt qu’en disant : Nous entendîmes qu’elle était à Ephrata, David fait allusion à quelque prophétie (non conservée dans nos saints livres), qui antérieurement à celle de Michée (Mi 5.2), aurait désigné Ephrata-Bethléhem comme le lieu où devait avoir lieu la naissance de Celui en qui la Divinité devait venir faire sa demeure (Jn 1.14 ; Col 2.9), oracle qui, imparfaitement compris, pouvait paraître se rapporter à quelque sanctuaire matériel qui serait la demeure du Très-Haut, en attendant l’apparition de l’Homme Dieu, qui devait- être le Temple par excellence (Jn 2.21). Cette explication nous paraît plus naturelle que celle de Maurer et d’autres qui croient lever la difficulté en disant qu’il ne s’agit pas ici d’une ville nommée Ephrata, mais du territoire de la tribu d’Éphraïm, où le sanctuaire résida en effet pendant un certain temps (à Silo) ; mais pourquoi s’écarter du sens ordinaire et bien connu de ce nom d’Ephrata? — Quant au second hémistiche, nous préférons l’opinion d’Abenesra, qui pense que sous le nom quelque peu énigmatique de campagnes de la forêt il faut entendre l’aire d’Ornan, qui couvrait une partie de la montagne de Sion et sur laquelle fut construit le temple (1 Ch 22.1) ; on peut supposer que ce nom avait été donné à cette localité à cause des arbres qui la recouvraient à une certaine époque. Maurer et d’autres croient que ces mots se rapportent à une autre localité, savoir à la ville de Kiriat-Jarim (littéralement : ville des forêts), dans laquelle l’arche resta déposée pendant 20 ans. Mais, outre que le contexte donne lieu de penser que le second hémistiche doit renfermer l’indication du lieu où le sanctuaire fut placé définitivement et non pas seulement provisoirement, il est probable que, si le psalmiste avait voulu parler de la ville de Kiriat-Jarim, il l’aurait désignée par son nom ordinaire.

Verset 7. Entrons dans sa demeure, prosternons-nous devant son marche pied!

Ce verset peint l’empressement des fidèles israélites à se rendre au temple, que le psalmiste contemple (en esprit) comme s’il y était. « Un sanctuaire terrestre est un secours que nous ne devons pas dédaigner, et auquel nous ne devons pas non plus nous attacher trop » (Calvin). — Marchepied, voir l’explication de Ps 99.5.

Verset 8. Ô Éternel! lève-toi, viens dans ta résidence, toi et l’arche de ta puissance!

Cette prière que le psalmiste adresse à Dieu pour lui demander de manifester sa présence dans le lieu (Sion) qu’il avait définitivement choisi pour sa résidence, exprimait aussi le désir de ceux qui attendaient l’apparition de Dieu en chair (première venue du Messie), comme elle convient également aujourd’hui aux fidèles tant juifs que chrétiens, qui attendent et désirent la seconde venue. — Le mot hébreu (menouka) que nous rendons par résidence, signifie proprement repos, lieu de repos. Nous l’avons rencontré dans Ps 23.2. — L’arche est appelée arche de la puissance de Dieu, parce qu’elle était pour Israël un symbole visible, un gage de la présence et de la protection de l’Éternel. Comp. Ps 78.61.

Verset 9. Que tes sacrificateurs soient revêtus de justice, et que tes saints poussent des cris de joie!

Le premier hémistiche se rapporte à ceux qui étaient d’une manière particulière les représentants et les médiateurs des fidèles devant Dieu, le second à tous les fidèles[1]. — La justice dont il s’agit ici est celle que l’homme ne possède pas par lui-même, mais que Dieu lui impute ; dans d’autre passages encore, elle est représentée sous cette image d’un vêtement. Voyez Es 61.10 ; Ga 3.27. — « Nous devons faire des vœux semblables pour les prêtres du Nouveau Testament » (Horne).

Verset 10. Pour l’amour de David, ton serviteur, ne rejette pas la face de ton oint!

Les commentateurs qui pensent que ce Psaume n’est pas de David disent que l’Oint de l’Éternel, pour lequel le psalmiste implore la faveur divine, c’est quelque autre roi d’Israël. Cependant on peut très bien admettre qu’il s’agit dans les deux hémistiches d’une seule et même personne, avec cette différence que, dans le premier, l’auteur sacré fait valoir son caractère personnel, sa fidélité envers Dieu, et, dans le second, sa position comme roi d’Israël ; mais sans doute sa pensée se portait en même temps sur Celui qui devait être l’Oint par excellence et dont les relations avec Dieu et avec le monde formaient la garantie principale de toutes les promesses. — Remarquons encore que ces paroles : pour l’amour de David, n’impliquent de la part du psalmiste aucune confiance en ses propres mérites. Sans doute, la conscience de sa fidélité dans le service de Dieu lui était d’un grand secours pour la prière, mais il savait bien que ses œuvres ne lui donnaient aucun droit devant Dieu et qu’il devait se reposer uniquement sur ses promesses.

Verset 11. L’Éternel a juré à David la vérité, il n’en reviendra point : « Je mettrai sur ton trône tes descendants :

Ce verset confirme ce que nous venons de dire, et nous donne à entendre que, dans tout ce morceau, c’est sur les promesses faites à David et à sa postérité que doit se porter notre attention, bien plus que sur son mérite personnel. Ici il s’agit évidemment de la magnifique promesse que nous lisons dans 2 S 7.8-16, que nous avons déjà vue reproduite par le Ps 89 et à laquelle fait allusion Ac 2.30. Le troisième hémistiche et le verset suivant résument cette promesse et sont censés sortir de la bouche de Dieu. — Nous avons traduit le premier hémistiche comme la plupart des versions ; cependant on pourrait aussi sous-entendre une préposition devant le dernier mot et traduire comme le font les versions chaldéenne, syriaque et anglaise : en vérité. — Le second hémistiche rappelle Ps 110.4. — Le troisième hémistiche porte littéralement : je mettrai sur ton trône à toi du fruit de ton ventre.

Verset 12. si tes fils observent mon alliance, et mes témoignages que je leur enseignerai, leurs fils aussi seront assis sur ton trône, à perpétuité. »

Le caractère conditionnel de la promesse, en tant qu’elle concernait les descendants du psalmiste, se trouve également indiquée par Ps 89.31-33. Celles qui sont adressées aux croyants sous la nouvelle alliance sont aussi conditionnelles.

Verset 13. Car l’Éternel a choisi Sion, il l’a désirée pour sa résidence.

La particule car qui commence ce verset indique qu’il est destiné à confirmer ou à prouver quelqu’une des propositions qui précèdent. Il n’y a pas difficulté à le rattacher aux versets 11 et 12, puisque, comme nous l’avons fait remarquer dans l’introduction, l’avenir de la sainte cité était étroitement lié à celui des successeurs de David. — Sur le choix de Sion, voyez Ps 78.68, 87.2.

Verset 14. « C’est là le lieu de mon repos à perpétuité, j’y veux résider, car je l’ai désirée ;

Ce verset et tous les suivants doivent être considérés comme placés dans la bouche de Dieu lui-même et comme reproduisant des prophéties qui avaient été déjà promulguées du temps de David, mais non encore consignées dans nos saints livres. Comme Calvin le remarque avec raison, c’est lors de la venue du Christ que ces promesses ont eu un accomplissement plus parfait.

Verset 15. je bénirai abondamment sa nourriture, je rassasierai de pain ses pauvres. »

Littéralement : bénir, je bénirai. Cette répétition d’un verbe sous deux formes différentes est assez fréquente en hébreu et marque la continuité ou l’intensité de l’action. — La condition actuelle de Jérusalem et de toute la Terre Sainte ne répond nullement à ces promesses ; mais l’effet d’une promesse peut être suspendu sans qu’elle soit annulée. Il y aura une restauration pour la ville et pour le pays. « Toutefois que les églises chrétiennes prennent garde à ce fait! » (Horne).

Verset 16. « Je revêtirai ses sacrificateurs de salut, et ses saints pousseront de grands cris de joie. »

Le rapport de ce verset avec le verset 9 a été expliqué dans l’introduction. Il y a répétition du verbe qui signifie : pousser des cris de joie, comme au verset précédent.

Verset 17. « C’est là que je ferai germer une corne pour David, et que je préparerai une lampe pour mon oint ;

Ce verset et le suivant renferment sans doute en premier lieu la promesse d’une longue série de rois de la race de David ; mais, si nous les comparons avec d’autres passages de l’Écriture sainte, nous ne pourrons pas douter que la pensée du prophète ne se porte principalement sur le Messie, qui, dans Lc 1.69, est appelé une corne de salut, et qui, pour les rois d’Israël, pour ce peuple et pour toutes les nations, est la lampe par excellence, la lumière du monde. (Comp. Lc 1.78-79 ; Jn 1.4-9). Les rabbins déjà rapportent ces versets au Messie ; Kimchi fait remarquer le rapport de l’expression germer avec d’autres passages de l’Ancien Testament. Comparez Jr 23.5, 33.15 ; Za 6.12. — C’est encore David qui est appelé l’Oint dans le second hémistiche comme dans le verset 10, mais il s’agit en même temps de ses successeurs, y compris le Messie. — Sur les expressions corne et lampe, voyez l’explication de Ps 18.3,29.

Verset 18. je couvrirai ses ennemis de confusion, mais sur lui fleurira son diadème. »

Les pronoms se rapportent à la fois à David, à ses successeurs et au Roi-Messie. — Diadème. Comparez Ps 21.4, 89.40. — « L’Église aura toujours des ennemis, mais ils ne sont pas invincibles » (Calvin).

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes – Tome 2, p. 310-320


[1] Le mot que nous avons traduit ici et au verset 16 par saints, est celui que nous traduisons ordinairement par adorateurs. Mais au verset 16 cette expression pourrait donner lieu à une équivoque.

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