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Commentaire sur le Psaume 54

  1. Pour le Maître-Chantre. Avec les instruments à cordes. Enseignement.
  2. Pour David. Lorsque les Ziphiens vinrent et dirent à Saül : David se tient caché parmi nous.
  1. Ô Dieu! délivre-moi par ton nom, et fais-moi justice par ta puissance.
  2. Ô Dieu, écoute ma prière, prête l’oreille aux paroles de ma bouche.
  3. Car des étrangers s’élèvent contre moi et des gens violents cherchent ma vie ; ils ne placent point Dieu devant eux (Sélah).
  1. Voici, Dieu est mon défenseur ; le Seigneur est avec ceux qui soutiennent ma vie.
  2. Le mal retombera sur ceux qui m’épient. Par ta fidélité, anéantis-les!
  3. Je t’offrirai des sacrifices volontaires, je célébrerai ton nom, ô Éternel! car il est bon.
  4. Car il m’a délivré de toute détresse, et mon œil s’est délecté de mes ennemis.

Ce cantique est un témoignage précieux de la confiance en Dieu qui soutenait le psalmiste dans les positions les plus périlleuses. « Ce n’est pas sans intention que l’occasion de ce Psaume est indiquée ; c’est afin que nous sachions que David ne fut abattu par aucune épreuve au point de ne pas être relevé par l’espérance qu’il avait en Dieu » (Calvin). Deux fois David fut obligé de chercher un refuge contre Saül dans le désert de Ziph et deux fois il fut trahi par les habitants de cette contrée. (1 S 23.14-24, 26.1-3). C’est donc à l’une ou à l’autre de ces trahisons que ce Psaume doit se rapporter ; il est probable que c’est à la première, car il y a un rapport frappant entre les paroles prononcées par les Ziphiens dans cette circonstance (1 S 23.19) et celles qui leur sont attribuées dans le titre du Psaume. De Wette et d’autres commentateurs de son école prétendent que le titre ne peut pas être authentique, parce que le psalmiste appelle au verset 5 ses ennemis des étrangers. Mais cette objection a peu de force ; le poète sacré peut très bien s’être servi de cette expression pour désigner des Israélites qui, par leurs mauvaises œuvres, s’étaient en quelque manière placés dans les rangs des Gentils. Comp. Ps 69.9 ; Jb 19.13.

Le désert de Ziph faisait partie du territoire de la tribu de Juda. Js 15.55. C’était une contrée montagneuse, peu favorable pour l’agriculture (Jr 2.2), mais où se trouvaient cependant des pâturages. C’est là l’idée que nous devons nous faire généralement des contrées que l’Écriture appelle des déserts.[1]

Dans l’Église anglicane, ce Psaume se lit le jour du Vendredi Saint, et déjà St-Augustin y voyait Jésus-Christ dans la personne de David. Bien qu’il ne soit pas cité comme prophétique dans le Nouveau Testament, nous pouvons très bien admettre que l’Esprit Saint a voulu, ainsi que dans un grand nombre des Psaumes précédents, y exprimer les sentiments du Messie en même temps que ceux de David.

Deux strophes sont distinctement marquées ; dans les trois premiers versets, le psalmiste expose à Dieu ses besoins ; dans les quatre derniers, il exprime la ferme espérance d’être délivré.

Sur les « instruments à cordes » comp. Ps 4.1. — « Enseignement. » Comp. Psaumes précédents.

Verset 3. Ô Dieu! délivre-moi par ton nom, et fais-moi justice par ta puissance.

« Par ton nom. » Comp. Ps 20.2. — « Fais-moi justice. » Des appels semblables à la justice de Dieu se lisent Ps 7.9, 26.1. David était soutenu et encouragé dans sa prière par sa bonne conscience et par le sentiment qu’il avait de la justice de sa cause. Comp. Pr 15.29 ; 1 Jn 5.14.

Verset 4. Ô Dieu, écoute ma prière, prête l’oreille aux paroles de ma bouche.

Selon Abenesra, le premier hémistiche se rapporte à la prière intérieure, le second à la prière à haute voix.

Verset 5. Car des étrangers s’élèvent contre moi et des gens violents cherchent ma vie ; ils ne placent point Dieu devant eux (Sélah).

« Ils cherchent ma vie. » Comp. Ps 35.4. — « Il ne pouvait mieux représenter leur rage effrénée qu’en disant qu’ils n’ont point égard à Dieu ; la pensée d’un juge auquel il faudra rendre compte était le seul frein qui eût pu les retenir ; une fois qu’ils avaient rejeté Dieu, ils n’avaient plus de raison pour se modérer » (Calvin). Comp. Ps 10.4,13.

Verset 6. Voici, Dieu est mon défenseur ; le Seigneur est avec ceux qui soutiennent ma vie.

« Il faut que David eût une foi bien admirable pour que, franchissant tant d’obstacles, il pût s’élancer ainsi du fond des enfers jusqu’à Dieu » (Calvin). — Dans le second hémistiche, le psalmiste se représente deux camps, dont l’un renferme ses adversaires et l’autre le petit nombre de ses amis, comme Jonathan et d’autres, qui s’efforçaient de pourvoir à sa sûreté. Le second, quoique bien plus faible en apparence, se trouvera être le plus puissant, car Dieu lui-même y est. Comp. Rm 8.31.

Verset 7. Le mal retombera sur ceux qui m’épient. Par ta fidélité, anéantis-les!

« Si dans les tempêtes des tentations nous ne demeurions pas persuadés que Dieu est fidèle et qu’il ne nous nourrit pas de paroles vaines, le cœur nous manquerait » (Calvin). Comp. Ps 43.3.

Verset 8. Je t’offrirai des sacrifices volontaires, je célébrerai ton nom, ô Éternel! car il est bon.

« Bien que Dieu se contente des dispositions du cœur, David ne veut pas négliger les rites prescrits par la loi. Ces témoignages publics de sa reconnaissance devaient être un exemple pour d’autres. Il parle de sacrifices volontaires, afin de se distinguer des hypocrites qui n’offrent à Dieu que des hommages forcés » (Calvin). Comp. Ps 51.14, 52.11.

Verset 9. Car il m’a délivré de toute détresse, et mon œil s’est délecté de mes ennemis.

Les verbes de ce verset sont au passé ; c’est le passé prophétique, le langage de la foi qui contemple les choses qui ne sont point comme si elles étaient. — « On demande s’il est permis aux enfants de Dieu de se réjouir quand ils voient Dieu châtier les méchants? Nous répondons que, lorsque les yeux sont purs et qu’ils ne sont souillés par aucune mauvaise passion, on peut éprouver une joie légitime et sainte en voyant se manifester la justice de Dieu » (Calvin). — « Ce verset et le précédent nous paraîtront particulièrement beaux si nous les considérons comme le chant de triomphe de notre Seigneur après sa résurrection, et aussi comme le langage que nous pourrons tenir nous-mêmes après notre résurrection » (Horne).

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 356-359


[1] Voyez la géographie de la Palestine par Raumer, p. 41.

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