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Question #19 – Comment Dieu peut-il être un et trois?

Réponse: Le Père, le Fils et le Saint-Esprit possèdent chacun toute l’essence divine, et cependant l’essence n’est pas divisée. ~ Jean 14.8

Certains rejettent la doctrine de la Trinité parce qu’ils considèrent qu’il est impossible que Dieu soit un et trois simultanément. La Trinité leur apparaît comme une sophistication irrationnelle par laquelle les chrétiens du 4e et 5e siècle auraient trituré la doctrine de Dieu révélée dans les Écritures. En réalité, ceux qui rejettent la Trinité sous prétexte que cette doctrine est incompréhensible puisqu’elle est mathématiquement impossible tentent de rationaliser Dieu. La doctrine de la Trinité consiste à affirmer par la foi toutes les données bibliques concernant Dieu : il n’y a qu’un seul Dieu, le Père est Dieu, le Fils est Dieu et il est distinct du Père, le Saint-Esprit est Dieu et il est distinct du Père et du Fils, il n’y a pas trois Dieux, mais un seul. La Bible enseigne chacune de ces affirmations. Confesser la doctrine de la Trinité consiste à affirmer tous ces éléments à la fois sans chercher à les modifier dans le but d’accommoder la finitude de notre raison pour laquelle il semble y avoir une contradiction entre les éléments du dogme trinitaire.

Certains ont donc tenté d’expliquer la Trinité en disant que Dieu s’est révélé successivement comme Père, Fils et Saint-Esprit. Il ne s’agirait pas de trois personnes éternelles distinctes, mais de trois modes par lesquels Dieu se révèlerait. D’autres ont affirmé qu’il y a bien trois personnes distinctes qui ne sont pas un seul Dieu, mais trois « Dieux » : le Père est le seul vrai Dieu tandis que le Fils et l’Esprit seraient d’une divinité subordonnée. Ces conceptions ne correspondent aucunement à la foi que nos pères ont confessée. Voici comment la Confession de 1689 affirme la Trinité de Dieu :

(Par. 3) Dans cet Être divin et infini, il est trois subsistances, le Père, la Parole ou le Fils, et l’Esprit Saint, qui sont d’une seule substance, puissance et éternité. Chacun possède toute l’essence divine, et cependant l’essence n’est pas divisée. (…) Les trois sont infinis, sans commencement, mais sont un seul Dieu, qui ne doit pas être divisé selon la nature ou l’être, mais distingué selon les propriétés particulières qui se révèlent dans leurs relations personnelles mutuelles.

Cette courte affirmation est extrêmement chargée théologiquement et renferme des siècles de réflexion concernant le Dieu qui s’est révélé dans les Écritures. Pour expliquer que Dieu est un et trois à la fois, les théologiens ont eu recours à la périchorèse ou encore la circumincession. Il s’agit de deux termes synonymes, le premier vient du grec tandis que le second vient du latin. Ces deux termes désignent l’interpénétration d’éléments distincts, mais inséparables. Par exemple, le Christ est-il divin ou humain? Il est divin et humain. Sa nature divine est-elle humanisée ou sa nature humaine est-elle divinisée? D’aucune façon! Il s’agit de deux natures distinctes qui existent sans confusion dans la même personne. Il n’y a pas deux Christs, mais un seul Christ humain et divin à la fois. La co-inhérence des deux natures distincte de Christ est un exemple de circumincession ou encore de périchorèse.

Comment cela s’applique-t-il à la Trinité de Dieu? Il faut distinguer entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit, mais il est impossible de les séparer (distinction sans séparation). Lorsqu’un des trois est présent, les trois sont présents. Ainsi Jésus déclare (Jn 14.9) : « Celui qui m’a vu a vu le Père; comment dis-tu: Montre-nous le Père ? » Jésus est un avec le Père (Jn 10.30), il est dans le Père et le Père est en lui (Jn 10.38, 14.10-11, 20, 17.21). L’Esprit est un avec eux (Rm 8.9) et recevoir l’Esprit c’est recevoir le Père et le Fils (Jn 14.16, 23). Jésus, après son départ, viendra auprès des siens pour ne pas les laisser orphelins, mais il viendra dans la personne du Saint-Esprit (Jn 14.17-18)

Cette circumincession, en plus de se constater dans l’essence divine propre, est présente dans les œuvres divines. La création est l’œuvre d’un seul Créateur (Mt 19.4), mais cette œuvre est aussi attribuée distinctement au Fils (Jn 1.3 ; Col 1.16 ; Heb 1.2), ainsi qu’à l’Esprit (Gn 1.2 ; Ps 104.30). L’œuvre de rédemption est attribuée au Fils (Heb 9.12), mais le Père fut présent avec lui sur terre pour réconcilier le monde avec lui-même (2 Co 5.19) et l’Esprit accompagna le Fils durant son ministère terrestre (Mt 3.16) et fut l’auteur d’un élément central de la rédemption (Rm 8.11). L’œuvre de sanctification est attribuée au Saint-Esprit (Rm 15.16 ; 2 Th 2.13 ; 1 P 1.2), mais elle s’opère dans le Fils (1 Co 1.2, 30) selon la volonté du Père (1 Th 4.7, 5.23). Le salut est une œuvre trinitaire (Ep 1.3-14), celle du Père (v. 4-6), du Fils (v. 7-12) et du Saint-Esprit (v. 13-14) ; si bien que c’est en ce Nom que nous devons être baptisés (Mt 28.19).

La périchorèse nous permet également de comprendre comment chaque personne de la Trinité « possède toute l’essence divine, et cependant l’essence n’est pas divisée ». Les trois personnes divines ne sont pas chacune un tiers de l’entier, mais elles possèdent également toute l’essence divine. Voici une illustration pour nous aider à comprendre ce mystère ontologique.
Cube

Dans un cube à trois dimensions où tous les côtés sont identiques, la hauteur, la largeur et la profondeur s’interpénètrent de manière « périchorèsique ». Chacune des dimensions est distincte des deux autres tout en remplissant pleinement l’entier. La hauteur couvre toute la largeur et toute la profondeur ; elle est pourtant distincte, bien qu’inséparable des deux autres. Une seule dimension ne peut pas être un cube puisque trois sont nécessaires, pourtant chaque dimension ne remplit pas le tiers du cube, mais l’entier. Partout où le cube est présent les trois dimensions sont présentes.

Cette analogie, imparfaite puisqu’elle compare un objet fini à un Être infini, nous aide néanmoins à comprendre comment le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont distincts, mais inséparables ; comment les trois sont toujours présents là où Dieu est présent ; comment chacun possède toute l’essence divine sans que celle-ci ne soit divisée. Ce qui est géométriquement vrai du cube nous permet de saisir un peu mieux ce qui est ontologiquement et éternellement vrai de Dieu.

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Description: Une série de théologie systématique à partir de la Confession de foi baptiste de Londres de 1689 – Liste des questions étudiées
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Première publication le 3 juin 2015 @ 21 h 35 min

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