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Commentaire sur le Psaume 87

  1. Pour les enfants de Coré. Psaume. Cantique. Ce qu’il a fondé est sur les saintes montagnes.
  2. L’Éternel aime les portes de Sion plus que toutes les demeures de Jacob.
  3. Des choses glorieuses se disent de toi, ô cité de Dieu! (Sélah).
  1. Je proclamerai Rahab et Babylone chez ceux qui me connaissent ; voici la Philistie, Tyr avec l’Éthiopie ; celui-ci est né là.
  2. De Sion on dira : Des hommes nombreux y sont nés, et lui-même, le Très-Haut, l’affermira.
  3. L’Éternel comptera en inscrivant les peuples, que celui-ci est né là (Sélah).
  4. Et chanteurs comme danseurs diront : Toutes mes sources sont en toi.

Bien que fort court, ce Psaume a beaucoup occupé les commentateurs ; cependant les difficultés ne se présentent que dans certains détails, car l’idée principale est facile à saisir ; c’est celle de la glorieuse destinée de Jérusalem, qui doit être le berceau des peuples, la métropole spirituelle de la terre entière ; position que la sainte cité a déjà occupée dans une certaine mesure lorsqu’elle a été le théâtre de l’œuvre de la rédemption et le point de départ de la prédication de l’Évangile. Mais cette prophétie ne trouvera son plein accomplissement que lorsque le peuple d’Israël lui-même, rétabli dans le pays de ses pères, exercera sur d’autres peuples une action missionnaire et une puissance d’attraction dont l’histoire n’offre encore aucun exemple (voir notre premier volume, p. 6). Des oracles semblables, sur le rôle que Jérusalem et le peuple juif sont appelés à jouer dans le royaume de Dieu, se trouvent dans plusieurs passages de nos saints livres ; Ps 46.5-7, 48.3, 50.2 ; Es 2.2-4, 11.10, 44.5 ; Za 8.23 ; Rm 11.15. Citons encore cette parole de notre Seigneur : « Le salut vient des Juifs » Jn 4.22. La relation entre la restauration d’Israël et la conversion des Gentils est également indiquée dans plusieurs Psaumes, ainsi dans Ps 65, 66, 68. Mais Israël étant un type du peuple de la nouvelle alliance, nous pouvons à bon droit, comme le font Michaëlis et d’autres commentateurs, trouver aussi dans notre Psaume une prophétie concernant l’Église chrétienne qui est la mère spirituelle des peuples, en tant qu’ils trouvent dans sa communion et dans ses institutions les secours nécessaires pour être régénérés, sanctifiés et sauvés éternellement. Comparez Ga 4.26 ; Hé 12.22. L’Église est aussi comparée à un édifice dans Mt 16.18 ; Ep 2.20-22[1].

Calvin et, parmi les modernes, Hupfeld, pensent que ce Psaume fut composé après le retour de Babylone, tandis que Delitzsch et Hengstenberg le croient provoqué par la victoire remportée sur les Assyriens du temps d’Ézéchias (2 Ch 32.23). Mais nous ne voyons aucun motif solide pour ne pas attribuer ce Psaume, comme tous les autres, à David, auquel l’Esprit de prophétie avait donné tant de lumières sur l’avenir de son peuple. Nous nous trouvons d’accord avec le rabbin Kimchi, qui dit que ce Psaume, qui célèbre la gloire de Jérusalem, fut composé par David et remis aux enfants de Coré pour être chanté.

Dans la première strophe, le sujet du psaume est énoncé (1-3) ; la seconde nous fait connaître en quoi doit consister la gloire de Jérusalem (4-7).

Verset 1. Pour les enfants de Coré. Psaume. Cantique. Ce qu’il a fondé est sur les saintes montagnes.

Ce verset est difficile à cause de sa concision. Avec la plupart des commentateurs, nous pensons qu’il faut sous-entendre un verbe qui manque dans l’original. Le rabbin Kimchi, et, parmi les modernes, Delitzsch préfèrent ne rien suppléer et considèrent cet hémistiche comme faisant encore partie du titre du Psaume. Enfin, Hupfeld et un petit nombre d’autres, proposent de le faire dépendre du verbe qui se trouve dans le verset suivant ; on traduit alors : Ce qu’il a fondé sur les saintes montagnes, les portes de Sion, l’Éternel les aime. Cette explication paraît assez naturelle, mais pour cela il faut se départir de la ponctuation ordinaire. — Le fondateur de Jérusalem n’est pas expressément nommé ici, mais le contexte indique que le pronom ne peut se rapporter qu’à Dieu. — C’est la colline de Sion et celles qui l’environnent que le psalmiste appelle montagnes saintes (littéralement montagnes de la sainteté). Voyez l’explication de Ps 2.6.

Verset 2. L’Éternel aime les portes de Sion plus que toutes les demeures de Jacob.

L’amour de l’Éternel pour Sion s’est manifesté de différentes manières, par les privilèges accordés à cette ville sous l’ancienne alliance, la présence de Jésus-Christ, sa mort, sa résurrection, son ascension, l’effusion du Saint-Esprit, etc. Ce même amour lui réserve un glorieux avenir. Toutes les faveurs dont peuvent jouir une ville, un peuple et chaque fidèle ont leur source dans l’amour de Dieu, dans son élection. Comparez Ps 78.68.

Verset 3. Des choses glorieuses se disent de toi, ô cité de Dieu! (Sélah).

Jérusalem est également appelée la cité de Dieu dans Ps 46.5, 48.7. « Souvent l’Église fait pauvre figure au milieu du monde, et on peut en être découragé ; il faut alors se rappeler les promesses, regarder à l’avenir, et envisager les choses avec l’œil de la foi » (Calvin).

Verset 4. Je proclamerai Rahab et Babylone chez ceux qui me connaissent ; voici la Philistie, Tyr avec l’Éthiopie ; celui-ci est né là.

Ces paroles, ainsi que celles des versets suivants, doivent être considérées comme sortant de la bouche de Dieu. — Rahab (qui paraît signifier orgueil), désignation poétique de l’Égypte, comme dans Es 30.7. C’est par l’Égypte que le psalmiste commence l’énumération des peuples qui doivent être admis dans l’alliance de Dieu. — La Babylonie, vaste contrée traversée par l’Euphrate, au nord-est de la Judée ; elle joue, comme on le sait, un grand rôle dans l’histoire du peuple de Dieu. — Le sens des deux premiers hémistiches est que la conversion de ces peuples sera annoncée à ceux qui connaissent déjà l’Éternel, comme une nouvelle réjouissante ; en effet, le verbe que nous rendons par proclamer, a souvent le sens de louer, célébrer. Nous les traduisons comme le font la plupart des versions anciennes et modernes. Hengstenberg, Delitzsch et d’autres traduisent : Je proclamerai Rahab et Babylone comme étant de ceux qui me connaissent, mais cette traduction ressort un peu moins naturellement du texte. — Sur la Philistie voyez Ps 83.8 ; sur Tyr Ps 45.13 ; et sur l’Éthiopie (contrée au sud de l’Égypte), l’explication de Ps 68.32. — Le pronom qui commence le quatrième hémistiche représente chacun des peuples ici nommés. — La naissance que le roi-prophète entrevoyait pour ces peuples n’est pas encore exactement la régénération ou nouvelle naissance dont nous parle le Nouveau Testament, mais c’est l’état de choses qui y prépare la profession du christianisme, l’usage de la Parole de Dieu et des sacrements.

Verset 5. De Sion on dira : Des hommes nombreux y sont nés, et lui-même, le Très-Haut, l’affermira.

On pourrait aussi traduire : À Sion on dira. Mais notre traduction, qui est aussi celle des versions anglaise et hollandaise, s’accorde mieux avec le v. 3, d’après lequel les choses glorieuses se disent au sujet de Sion, mais ne sont pas adressées directement à la ville sainte. — Le second hémistiche pourrait se rendre plus littéralement : Homme et homme naît chez toi. — Les deux premiers hémistiches reproduisent l’idée du verset précédent, mais le troisième en ajoute une nouvelle, savoir qu’en même temps que Jérusalem verra s’accroître merveilleusement le nombre de ses citoyens, son existence sera consolidée. Comparez Ps 48.19 ; Mt 16.18.

Verset 6. L’Éternel comptera en inscrivant les peuples, que celui-ci est né là (Sélah).

Image semblable à celle de Es 4.3 où il est question d’un enregistrement des habitants de Jérusalem et à celle de l’Apocalypse qui parle d’un livre où sont inscrits les citoyens des cieux. Ap 20.12-15. « Le seul honneur que nous devions ambitionner, c’est celui d’être inscrits dans le livre de vie. » (Horne).

Verset 7. Et chanteurs comme danseurs diront : Toutes mes sources sont en toi.

Ce verset ne se compose en hébreu que de cinq mots ce qui en rend la traduction assez difficile. Il y a littéralement : chanteurs comme danseurs, toutes mes sources en toi. Avec la plupart des traducteurs et commentateurs modernes, nous avons traduit comme s’il y avait un verbe (dire) entre les deux hémistiches. Il s’agit d’une procession semblable à celle de Ps 68.26 et de danses qui ont un caractère religieux comme celle de David devant l’arche, 2 S 6.16. — Le second hémistiche doit exprimer l’idée que Jérusalem est un centre de bénédictions pour le monde, car on sait que le bonheur est quelquefois représenté dans l’Écriture sous l’image de l’eau, d’une source. Ainsi Ps 36.9 ; Es 12.3 ; Jn 4.14. Le psalmiste a donc voulu dire que les habitants de Jérusalem donneront essor à leur joie par des chants et des danses et qu’ils reconnaîtront que c’est dans la sainte cité qu’ils trouvent tout ce qui peut les rendre heureux. — C’est également l’idée du bonheur des citoyens de Jérusalem qui ressort de la traduction des Septante qui a l’avantage de ne pas rendre nécessaire l’insertion d’un verbe, mais qui suppose que le mot que nous traduisons par « sources » se trouvait écrit un peu différemment qu’il ne l’est dans le texte hébreu tel que nous le possédons actuellement : Tous ceux qui se réjouissent habitent chez toi.

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes – Tome 2, p. 105-110


[1] Parmi les interprétations de ce Psaume, nous devons encore mentionner, sans toutefois l’approuver, car elle ne s’accorde pas avec le contexte, et surtout avec le vers. 6, où il est positivement question, non d’individus, mais de peuples, celle de la version chaldéenne, qui fait consister la gloire de Jérusalem à avoir été la résidence des rois David et Salomon et celle de quelques commentateurs, qui appliquent cette prophétie à la naissance du Christ.

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