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Commentaire sur le Psaume 76

  1. Pour le maître-chantre. Avec instruments à cordes. Psaume pour Asaph. Cantique.
  2. En Juda Dieu est connu, en Israël son nom est grand ;
  3. à Salem se trouve son tabernacle, en Sion sa résidence ;
  4. c’est là qu’il a brisé les foudres de l’arc, le bouclier, le glaive et la guerre. (Sélah).
  1. Tu es plus éclatant, plus magnifique, que les montagnes de rapine!
  2. Les hommes au cœur fort ont été dépouillés ; ils s’endormirent de leur sommeil, et tous ces hommes vaillants ne trouvèrent plus leurs mains.
  3. À ta menace, ô Dieu de Jacob! chariots et chevaux furent étourdis.
  4. Tu es redoutable, toi! qui peut tenir devant toi dès que tu es en colère?
  5. Du ciel tu fais entendre la sentence ; la terre est saisie de crainte et se calme,
  6. lorsque Dieu se lève pour le jugement, pour délivrer tous les débonnaires de la terre. (Sélah).
  7. Oui, la colère de l’homme tourne à ta louange, le reste des colères est ta ceinture!
  1. Faites et acquittez des vœux à l’Éternel votre Dieu! Que tous ceux qui l’entourent apportent des dons au Terrible!
  2. Il abrège la vie des princes, il est redoutable aux rois de la terre.

Ce Psaume se rapporte probablement aux mêmes événements que le précédent, mais il en diffère en ceci, c’est que la délivrance qui dans le Ps 75 était désirée, est dans celui-ci envisagée comme accomplie. Dans la version des Septante il est intitulé : contre l’Assyrien. Nous pensons avec le rabbin Jarchi que ce Psaume est prophétique aussi bien que le précédent et que la prophétie qu’il renferme trouve un premier et magnifique accomplissement dans la défaite des Assyriens, mais qu’elle se rapporte surtout à des événements encore à venir. Kimchi voit également dans ce Psaume une prophétie de la victoire future d’Israël sur Gog et Magog, annoncée dans Ez 38 ; 39. Calvin explique très bien l’usage que nous pouvons faire de ce Psaume. « Ce qui nous est le plus nécessaire à connaître, c’est que le psalmiste exalte ici le soin continuel que Dieu prend de l’Eglise qu’il a élue. » Ce Psaume a aussi beaucoup de rapport avec le Ps 46.

Ire strophe. L’Éternel a déployé sa puissance en faveur de son peuple (2-4). IIe strophe. Tableau de la défaite des ennemis (5-11). IIIe strophe. Invitation à louer l’auteur de cette délivrance (12-13).

Sur les instruments à cordes, voyez l’explication du titre du Ps 4.

Verset 2. En Juda Dieu est connu, en Israël son nom est grand ;

« Le psalmiste rappelle que c’est à Dieu seul que les hommes doivent attribuer l’honneur de la délivrance » (Calvin).

Verset 3. à Salem se trouve son tabernacle, en Sion sa résidence ;

La ville de Jérusalem portait primitivement le nom de Salem (Gn 14.18) ; c’est un fait qui est attesté par les rabbins ; elle porta aussi pendant quelque temps celui de Jébus (Jg 19.10). Hengstenberg fait remarquer avec raison que le psalmiste a choisi ici le nom le plus ancien à cause de sa signification (en paix), voulant faire ressortir l’idée que la paix se trouve là où Dieu établit sa résidence. — Sur le tabernacle, voyez Ps 27.5 et sur Sion l’explication de Ps 2.6. — « Puisque Dieu a ainsi protégé autrefois un édifice matériel, il protégera de même ceux dont il a fait les temples de son Esprit » (Calvin).

Verset 4. c’est là qu’il a brisé les foudres de l’arc, le bouclier, le glaive et la guerre. (Sélah).

Les flèches sont représentées par cette expression poétique : foudres (littéralement : flammes) de l’arc. — Le mot Sélah a été expliqué à l’occasion de Ps 3.3.

Verset 5. Tu es plus éclatant, plus magnifique, que les montagnes de rapine!

Ces paroles s’adressent à Dieu, dont la puissance est déclarée infiniment supérieure à celle des brigands couronnés, qui menacent Israël. L’image de montagnes pour représenter des puissances terrestres est naturelle. Nous entendons ce verset comme la version chaldéenne, Jarchi parmi les anciens, ainsi que les versions hollandaise et anglaise, et parmi les commentateurs modernes, Delitzch et Hengstenberg. Cette explication nous paraît s’accorder bien avec le contexte, dans lequel le psalmiste se plaît à faire ressortir le contraste qui existe entre la grandeur réelle de l’Éternel et la grandeur imaginaire des ennemis de son peuple. Les Septante, Kimchi et parmi les commentateurs modernes Hupfeld, donnant à la préposition qui précède les mots montagnes de rapine, un sens un peu différent, traduisent : éclatant, magnifique, tu (sors) des montagnes de rapine. Dans ce cas l’Éternel, apparaissant pour délivrer son peuple, serait comparé à un héros ou peut-être à un lion vigoureux (comp. Es 31.4) qui sort de sa demeure pour guerroyer. Horne et d’autres commentateurs traduisent comme nous, mais croient que c’est à la montagne de Sion que sont adressées ces paroles (comp. Ps 68.16).

Versets 6-7. Les hommes au cœur fort ont été dépouillés ; ils s’endormirent de leur sommeil, et tous ces hommes vaillants ne trouvèrent plus leurs mains. À ta menace, ô Dieu de Jacob! chariots et chevaux furent étourdis.

Leur sommeil, celui de la mort. — Après trouver leurs mains on peut sous-entendre : pour combattre. « Le psalmiste avertit que tout ce que les hommes paraissent posséder de force et de facultés, prudence, bras, courage, tout est entre les mains de Dieu qui les retire quand il lui plaît » (Calvin).

Verset 8. Tu es redoutable, toi! qui peut tenir devant toi dès que tu es en colère?

« La répétition du pronom fait mieux ressortir la pensée. Dieu seul est redoutable, et tout ce qu’il y a dans le monde de puissance s’évanouit dès que Dieu commence à intervenir » (Calvin).

Verset 9. Du ciel tu fais entendre la sentence ; la terre est saisie de crainte et se calme,

Le second hémistiche est ainsi paraphrasé dans la version chaldéenne : La terre des Gentils fut saisie de crainte et la terre d’Israël fut en repos. Mais il est plus naturel de rapporter le second verbe au même sujet et de penser qu’il s’agit de la terre en général, de la terre tout entière et que le psalmiste a voulu décrire la paix universelle qui commencera à régner sur la terre après que la dernière crise aura été traversée. Il s’agit de la même époque que dans Ps 46.10 : il fait cesser les guerres jusqu’au bout de la terre.

Verset 10. lorsque Dieu se lève pour le jugement, pour délivrer tous les débonnaires de la terre. (Sélah).

« Il déclare que ce jugement a pour but de donner aux fidèles une preuve de l’amour paternel de Dieu » (Calvin). L’Écriture nous présente fréquemment les jugements divins comme étant à la fois un châtiment pour les méchants et une bénédiction pour les fidèles. Comparez 2 Th 1.5,10. — Sur l’expression : se lever pour le jugement voyez l’explication de Ps 7.7 ; sur : les débonnaires, voyez Ps 9.19.

Verset 11. Oui, la colère de l’homme tourne à ta louange, le reste des colères est ta ceinture!

Le premier hémistiche signifie que les méchants donnent à Dieu l’occasion de déployer envers eux sa puissance et sa justice vengeresse et sa fidélité envers son peuple, idée qui se trouve exprimée à propos de Pharaon dans Ex 9.16, et à propos de Gog (le Pharaon des derniers temps) dans Ez 38.16. — Le second hémistiche est plus difficile. Le mot colère n’étant accompagné d’aucun pronom, on ne voit pas au premier abord s’il s’agit de celle de Dieu ou de celle des ennemis. La plupart des commentateurs (Jarchi, De Wette, etc.), pensent que le psalmiste a voulu parler de celle de Dieu, à laquelle il donne libre cours après l’avoir manifestée une première fois d’une manière moins sensible. Cependant il est plus probable que c’est de la même colère qu’il est question dans les deux hémistiches et que le second reproduit à peu près la même pensée que le premier. Nous adoptons l’explication d’Hupfeld qui donne à ceinture le sens d’ornement. Comparez Ps 65.13. Le psalmiste veut dire que même les dernières fureurs des rebelles servent à manifester les perfections de Dieu dans toute leur beauté. Ce qui nous paraît appuyer cette explication c’est la traduction que les Septante donnent de cet hémistiche : le reste des pensées (mot que les traducteurs ont substitué à colère) te procure une fête. Calvin et Horne traduisent : tu contiens le reste des colères (des méchants) ; cette pensée irait assez bien dans le contexte, mais il faut alors donner au verbe hébreu un sens qu’il n’a pas ordinairement.

Verset 12. Faites et acquittez des vœux à l’Éternel votre Dieu! Que tous ceux qui l’entourent apportent des dons au Terrible!

Les Israélites sont appelés ceux qui entourent Dieu, parce qu’il est censé résider au milieu de son peuple. Comparez Nb 2.2. « Ainsi se devait exprimer la reconnaissance d’Israël après avoir été délivré d’un tyran de ce monde. Combien doit être plus profonde encore celle des chrétiens qui savent qu’ils ont été rachetés des mains du grand oppresseur! » (Horne).

Verset 13. Il abrège la vie des princes, il est redoutable aux rois de la terre.

Littéralement : il coupe le souffle des princes. Le verbe hébreu est celui qui est usité en parlant de la vendange ; comparez Ap 14.18-19. Le mol que nous rendons par vie, peut l’être aussi par esprit, ce qui fait que quelques commentateurs lui donnent le sens de courage ou d’orgueil, mais notre traduction (aussi celle des versions hollandaise et anglaise) nous paraît plus naturelle. — La soumission des rois de la terre est également annoncée dans Ps 2.10, 72.11 ; Ap 19.16.

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes – Tome 2, p. 44-48

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