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Commentaire sur le Psaume 65

  1. Pour le Maitre-Chantre. Psaume. Pour David. Cantique.
  1. Pour toi, ô Dieu, il y a calme et louange en Sion, et pour toi s’accomplissent des vœux!
  2. Vers toi qui exauces la prière, toute chair viendra.
  3. Le poids des iniquités est trop lourd pour moi, mais tu feras l’expiation de nos rébellions.
  4. Heureux celui que tu choisiras et feras approcher, et qui habitera tes parvis! Oh! que nous soyons rassasiés des biens de ta maison, du saint lieu de ton temple!
  1. Par des prodiges tu nous exauces en ta justice, ô Dieu de notre salut, espoir de toutes les extrémités de la terre et des mers éloignées!
  2. Toi qui affermis les montagnes par ta force, qui es ceint de puissance,
  3. et qui apaises le tumulte des mers, le tumulte de leurs flots, et la rumeur des peuples!
  4. Les habitants des extrémités s’effraient de tes miracles, et tu remplis d’allégresse les portes du matin et du soir.
  1. Tu as visité la terre, tu l’as rendue fertile, tu l’as enrichie abondamment ; le ruisseau de Dieu est rempli d’eau ; tu prépares leur blé, quand tu la prépares ainsi ;
  2. tu arroses ses sillons, tu aplanis ses mottes, tu l’amollis par des pluies, tu bénis ses germes ;
  3. tu mets la couronne à l’année de ta bonté, et de tes pas découle l’abondance ;
  4. les pâturages du désert sont abreuvés, et les collines se ceignent d’allégresse ;
  5. les prairies se revêtent de brebis ; les vallées se couvrent de froment, elles éclatent en chants de triomphe.

Ce Psaume est un cantique d’actions de grâces, composé peut-être à l’occasion d’une abondante récolte, mais dans lequel David ne s’arrête pas aux biens que Dieu accorde à l’homme pour soutenir la vie de son corps. Il voit dans la nature des images de l’œuvre de la grâce ; à la vue des campagnes couvertes d’une riche moisson, sa pensée se porte sur les merveilles que Dieu opère en faveur de son peuple. Il embrasse d’un seul coup d’œil, à la fois, l’histoire passée du peuple d’Israël, les bienfaits du présent et l’avenir encore plus glorieux qui est réservé à la postérité d’Abraham. En effet, les versets 6 et 9, où il est parlé des extrémités de la terre et des mers éloignées, ne nous permettent pas de douter que ce Psaume ne soit prophétique et qu’il ne se rapporte à l’époque également annoncée par plusieurs prophètes, où Israël aura été rétabli dans le pays de ses pères et où la connaissance du vrai Dieu sera parvenue aux extrémités du monde. Ce Psaume est donc très propre à nous encourager dans tout ce que nous entreprenons pour l’avancement du règne de Dieu.

Il n’est pas moins remarquable par sa forme et ses beautés poétiques que par le fond des idées. Dans une première strophe, le psalmiste célèbre le bonheur que les fidèles trouvent dans le service divin et en général dans leur communion avec Dieu (2-5) ; dans la seconde, il annonce une époque où la connaissance du vrai Dieu, ayant franchi les limites du pays de Canaan, sera parvenue aux peuples les plus éloignés (6-9) ; dans la dernière, il rend grâces à Dieu pour les richesses dont il avait couvert les campagnes de la Judée. Mais cette strophe se rapporte probablement à l’avenir aussi bien qu’au présent et on peut la ranger au nombre des morceaux prophétiques qui annoncent cette restauration de la nature qui doit accompagner le relèvement de l’homme déchu. Comp. Ps 8.7-9 ; Rm 8.19-21. — Le mot cantique (en hébreu chir) qui se trouve dans le titre de ce Psaume et de plusieurs autres s’employait particulièrement pour désigner une composition poétique destinée à exprimer la joie et la reconnaissance envers Dieu.

Verset 2. Pour toi, ô Dieu, il y a calme et louange en Sion, et pour toi s’accomplissent des vœux!

Ce verset est difficile à traduire à cause de la concision du texte hébreu qui porte littéralement : À toi silence, louange, Dieu, en Sion. Les Septante et d’autres anciennes versions ont considéré le premier substantif comme un verbe et disent : À toi est due la louange, ô Dieu, en Sion. Kimchi et Calvin traduisent : La louange t’attend, ô Dieu, en Sion. Ces traductions seraient préférables à celle de Stier qui peut, cependant, aussi se justifier au point de vue grammatical : Pour toi le silence est louange, ô Dieu, en Sion (c’est-à-dire le silence est la meilleure manière de louer Dieu. Comp. Ha 2.20 ; Za 2.17). Mais la traduction que nous donnons avec Rosenmüller, Hengstenberg et plusieurs autres commentateurs nous paraît la plus naturelle. Le mot calme (silence) a ici le même sens que dans Ps 62.2,6 ; il désigne la soumission d’une âme pieuse, l’acquiescement à la volonté de Dieu, l’attente paisible de son secours. — « Bien que la bonté de Dieu soit répandue dans le monde entier, il accorde cependant à son Église des faveurs particulières » (Calvin). — « Sous l’ancienne alliance, l’adoration du vrai Dieu était attachée au temple de Jérusalem, mais maintenant il a construit en la personne de Jésus-Christ une Sion bien plus grande et plus glorieuse. Partout où se trouve Jésus-Christ avec sa parole et ses sacrements, là est aussi l’ancienne Sion » (Luther).

Verset 3. Vers toi qui exauces la prière, toute chair viendra.

« L’épithète que le psalmiste donne à Dieu (qui exauce la prière) renferme une doctrine très utile. Si nous étions en effet intimement convaincus que Dieu et l’exaucement de la prière sont choses inséparables, nous ne cesserions jamais de prier avec confiance » (Calvin). — Le second hémistiche fait déjà pressentir la vocation des Gentils. « C’est, dit Calvin, une prophétie du règne de Jésus-Christ. » Comparez Ps 22.32 ; Es 2.2.

Verset 4. Le poids des iniquités est trop lourd pour moi, mais tu feras l’expiation de nos rébellions.

Le fidèle sent que ses péchés élèveraient une barrière entre Dieu et lui et qu’ils empêcheraient que ses prières ne fussent exaucées, si Dieu n’était pas plein de compassion et s’il n’avait pas assuré son pardon à ceux qui s’approchent de lui avec foi et repentance. Le péché est également comparé à un pesant fardeau dans Ps 38.5, 40.13. — Dans le premier hémistiche, le psalmiste se sert du singulier. « C’est, dit Calvin, parce qu’en sa qualité de roi il représentait le peuple tout entier, ou bien parce qu’il voulait que chaque fidèle pût s’approprier cette confession. Ce qui est certain, c’est que, pour toute chair, il n’y a d’autre moyen de s’approcher de Dieu que de commencer par reconnaître ses péchés. »

Verset 5. Heureux celui que tu choisiras et feras approcher, et qui habitera tes parvis! Oh! que nous soyons rassasiés des biens de ta maison, du saint lieu de ton temple!

Calvin fait remarquer que l’élection de Dieu (tu choisiras) est le fondement de toutes ses autres grâces. « Si nous sommes capables de croire en lui et de l’invoquer, c’est que par sa grâce il nous a rapprochés de lui, nous qui par nature étions éloignés. Il a daigné nous tendre la main jusque dans l’enfer ; ce n’est pas nous qui sommes allés de notre propre mouvement au-devant de lui. » — Ce passage annonce aussi l’admission des Gentils dans l’Église (comp. Ep 2.13,47), mais comme Stier le fait remarquer, nous approcher de Dieu, ce n’est pas seulement être ajouté à son peuple et prendre part au service divin, c’est pénétrer avec notre âme dans le sanctuaire. — Les biens de la maison de Dieu sont les biens qu’il accorde à ceux qu’il considère comme étant de sa maison, de sa famille, savoir : le sentiment de son amour, la paix, la joie, etc. Comp. Ps 15.1, 27.4 ; Ep 2.19.

Verset 6. Par des prodiges tu nous exauces en ta justice, ô Dieu de notre salut, espoir de toutes les extrémités de la terre et des mers éloignées!

Le psalmiste pensait probablement aux prodiges que Dieu avait opérés pour délivrer son peuple, comme les plaies d’Égypte, la disparition de Pharaon et de son armée dans la mer Rouge, etc. L’esprit de prophétie lui faisait connaître qu’il y en aurait de semblables et même de plus grands encore dans l’avenir. Il se passera aussi des choses terribles lors du second avènement du Christ. 2 Th 1.6-10. — Ici comme dans beaucoup d’autres passages de l’Ancien Testament, la justice de Dieu, signifie sa fidélité à ses promesses.

Verset 7. Toi qui affermis les montagnes par ta force, qui es ceint de puissance,

Selon Kimchi, le psalmiste signale quelques-uns des actes par lesquels Dieu manifeste sa puissance dans la nature, afin de faire comprendre qu’il ne lui sera pas difficile d’accomplir la délivrance du peuple.

Verset 8. et qui apaises le tumulte des mers, le tumulte de leurs flots, et la rumeur des peuples!

Les deux premiers hémistiches doivent être comparés avec Mt 8.26, le troisième avec Ps 2.1.

Verset 9. Les habitants des extrémités s’effraient de tes miracles, et tu remplis d’allégresse les portes du matin et du soir.

Le mot que nous avons traduit par porte, signifie proprement l’issue, la sortie. Les portes du matin représentent l’Orient, les portes du soir, l’Occident, parce que c’est dans ces régions que le soleil se lève et qu’il se couche.

Verset 10. Tu as visité la terre, tu l’as rendue fertile, tu l’as enrichie abondamment ; le ruisseau de Dieu est rempli d’eau ; tu prépares leur blé, quand tu la prépares ainsi ;

Nous avons déjà fait remarquer la beauté de cette expression visiter (Voyez l’explication de Ps 8.5). Dieu est pour nous comme un ami qui ne vient pas nous visiter sans nous apporter quelque présent. — En parlant du ruisseau de Dieu, le psalmiste pensait probablement à la fois à la pluie et à la rosée qui arrosent et fertilisent la terre, et aux bénédictions spirituelles qui dans l’Écriture sont fréquemment représentées sous l’image de l’eau (Comp. Ps 1.3 ; Es 12.3 ; Za 14.8 ; Ap 22.1).

Verset 11. tu arroses ses sillons, tu aplanis ses mottes, tu l’amollis par des pluies, tu bénis ses germes ;

« Il veut dire que l’arrangement de la nature entière est un témoignage de l’amour paternel de Dieu envers nous, car il a daigné pourvoir à notre nourriture de chaque jour. Mais la plupart des hommes s’arrêtent aux dons sans remonter au donateur. La science devrait nous rapprocher de Dieu à mesure qu’elle fait de nouvelles découvertes sur les mystères de la nature, mais notre méchanceté et notre ingratitude y mettent obstacle » (Calvin).

Verset 12. tu mets la couronne à l’année de ta bonté, et de tes pas découle l’abondance ;

De Wette et quelques autres commentateurs traduisent : « Tu couronnes de ta bonté l’année, » mais cette traduction ne s’accorde pas aussi bien que la nôtre avec les lois de la grammaire. En effet, la forme sous laquelle le mot année se trouve dans l’hébreu (l’état construit) indique que c’est un génitif dont les mots de ta bonté sont le régime. L’année de la bonté de Dieu désigne probablement à la fois une année particulièrement fertile et une époque encore future qui doit être signalée par des bénédictions extraordinaires et qu’un autre passage prophétique appelle l’année de la bienveillance de l’Éternel. Es 61.2.

Versets 13-14. les pâturages du désert sont abreuvés, et les collines se ceignent d’allégresse ; les prairies se revêtent de brebis ; les vallées se couvrent de froment, elles éclatent en chants de triomphe.

Nous donnons pour le premier hémistiche du verset 14 la traduction adoptée par les rabbins et la plupart des commentateurs modernes. Hengstenberg préfère celle des anciennes versions : « Les brebis se revêtent d’agneaux » (fécondité des brebis). Il est vrai que le mot hébreu (kar) que nous rendons par prairie, n’a cette signification que dans Es 30.23 et Ps 37.20, et sans cela toujours celle d’agneau ; mais la première s’accorde mieux avec le contexte.

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 412-417

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