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Commentaire sur le Psaume 61

  1. Pour le Maitre-Chantre. Sur l’instrument à cordes. Pour David.
  1. Ô Dieu, écoute mon cri, sois attentif à ma prière!
  2. Du bout de la terre je crie à toi, le cœur assombri : conduis-moi sur le rocher qui est trop élevé pour moi.
  3. Car tu m’as été un refuge, une tour forte contre l’ennemi.
  4. Je voudrais demeurer dans ta tente éternellement, me réfugier à l’ombre de tes ailes (Sélah)!
  1. Car toi, ô Dieu, tu as exaucé mes vœux, tu m’as donné l’héritage de ceux qui craignent ton nom.
  2. Tu ajouteras des jours aux jours du roi ; ses années dureront génération après génération.
  3. Il siégera éternellement en la présence de Dieu. Ordonne que la grâce et la fidélité le gardent!
  4. Ainsi je chanterai ton nom à perpétuité, m’acquittant de mes vœux chaque jour.

Ce Psaume a des rapports avec les Ps 20 et 21, et la plupart des commentateurs le croient composé, aussi bien que ceux-là, à une époque où David était déjà en possession du trône depuis un certain temps. Il est probable que le verset 3, où il se représente comme étant dans l’exil, fort éloigné de la maison de Dieu, se rapporte au séjour qu’il dut faire au-delà du Jourdain pendant l’usurpation d’Absalom. 2 S 17.22. De Wette prétend que David ne peut pas être l’auteur de ce Psaume, parce qu’il y aurait eu de sa part indiscrétion à demander à Dieu les grâces extraordinaires qui se trouvent énumérées dans la seconde strophe. Une objection comme celle-là montre combien peu les commentateurs de l’école rationaliste font en état de comprendre les Psaumes et le caractère de David. Sans doute, aucun autre roi n’aurait été autorisé à attendre pour sa maison un avenir aussi glorieux ; mais David avait le droit d’entretenir de pareilles espérances, car il se fondait sur les promesses de Dieu, surtout sur l’oracle qui lui avait été adressé par la bouche du prophète Nathan. 2 S 7.8-16.

Cette prière fut bien, sans doute, composée d’abord par le psalmiste en vue de ses propres besoins et à cause de la détresse à laquelle il fut réduit par la révolte d’Absalom, mais il l’a écrite sous la direction du Saint-Esprit de manière à ce qu’elle se trouvât exprimer également les sentiments et les combats du Messie pendant sa vie terrestre qui fut pour lui un véritable exil. C’est ce que reconnaissent la plupart des commentateurs, à commencer par les Juifs. La version chaldéenne rend ainsi le verset 7 : « Tu ajouteras des jours aux jours du roi Messie ; ses jours seront comme la génération de ce monde et du monde à venir. » Calvin dit aussi que l’on ne peut pas restreindre ce Psaume à la personne de David et qu’il ne concerne pas seulement les rois d’Israël, ses successeurs, mais l’Église de la nouvelle alliance. « C’est aussi nous que concerne cette succession. Bien que l’Église soit journellement menacée par diverses tempêtes, le prophète annonce qu’elle doit durer dans tous les siècles. » Hengstenberg dit que ce Psaume est particulièrement propre à soutenir notre foi, lorsque le royaume de Jésus-Christ se trouve dans une époque de crise. Plusieurs traits de ce Psaume rappellent aussi le Ps 40, dont le caractère messianique est bien reconnu ; comp. verset 3 avec Ps 40.3, verset 8 avec Ps 40.12.

Dans la première strophe, le psalmiste s’élève par degrés sur les ailes de la foi d’un profond abattement à l’espérance (2-5) ; la seconde est un chant de triomphe et d’actions de grâces (6-9).

Le titre indique que ce Psaume devait se chanter avec un instrument à cordes. Voyez Ps 4.

Verset 2. Ô Dieu, écoute mon cri, sois attentif à ma prière!

Ces paroles rappellent le commencement du Ps l7. — Remarquons combien souvent le psalmiste appelle ses prières des cris, afin d’en exprimer la ferveur, la sainte véhémence.

Verset 3. Du bout de la terre je crie à toi, le cœur assombri : conduis-moi sur le rocher qui est trop élevé pour moi.

David dit qu’il crie du bout de la terre, parce qu’il se trouvait alors à l’extrémité de la Terre-Sainte, à une grande distance de Jérusalem et du sanctuaire. Comp. Ps 42.7. « Ceux auxquels la prédication de la parole de Dieu a été enlevée et qui sont privés des sacrements, exilés loin de l’Église de Dieu, doivent apprendre par l’exemple de David à crier vers Dieu même depuis le désert » (Calvin). — Le verbe hébreu que nous rendons par assombri signifie proprement être enveloppé (de doutes, craintes, tristesses). « Il avoue que son cœur n’était pas de fer, ni endurci contre la douleur comme celui des stoïciens, mais qu’il avait à soutenir au-dedans de lui-même une lutte difficile contre la tristesse et l’angoisse » (Calvin). Comp. Mt 26.38. — Dans le second hémistiche, le psalmiste exprime la conviction qu’il ne peut pas être délivré par ses propres forces, mais que rien n’est impossible à Dieu. « Apprenons à ne pas mesurer par le sentiment de notre chair la délivrance que nous attendons de Dieu et à ne pas nous arrêter aux moyens qui se présentent à nous, mais à laisser à Dieu le choix des moyens secrets par lesquels il nous délivrera » (Calvin).

Verset 4. Car tu m’as été un refuge, une tour forte contre l’ennemi.

Le souvenir des délivrances qu’il a déjà obtenues fortifie la foi du psalmiste.

Verset 5. Je voudrais demeurer dans ta tente éternellement, me réfugier à l’ombre de tes ailes (Sélah)!

Le premier hémistiche est expliqué par Ps 27.4, le second par Ps 17.8.

Verset 6. Car toi, ô Dieu, tu as exaucé mes vœux, tu m’as donné l’héritage de ceux qui craignent ton nom.

Les vœux accompagnaient fréquemment les prières des Israélites pieux ; aussi le premier hémistiche signifie que les prières du psalmiste ont été exaucées. Ces prières de David avaient pour objet non seulement des délivrances concernant sa propre personne, mais la perpétuité de sa race et la stabilité de son trône. Comp. Ps 21.3,5. — Dans le second hémistiche, l’hébreu dit seulement : tu as donné, mais il est évident que l’on peut suppléer le pronom (à moi). Les Septante et d’autres anciennes versions traduisent : « Tu as donné l’héritage à ceux qui craignent ton nom » ; mais dans ce cas il faudrait sous-entendre une préposition et se départir de la construction qui est indiquée par la forme (état construit) du mot que nous traduisons par héritage. D’ailleurs le sens reste le même pour le fond. L’héritage assuré aux fidèles comprend à la fois des biens temporels et des biens spirituels. Comp. Ps 25.13, 37.9.

Verset 7. Tu ajouteras des jours aux jours du roi ; ses années dureront génération après génération.

« Cette félicitation ne peut pas être restreinte à la personne de David » (Calvin).

Verset 8. Il siégera éternellement en la présence de Dieu. Ordonne que la grâce et la fidélité le gardent!

Pour le premier hémistiche, comp. Ps 16.11. — La grâce et la fidélité de Dieu sont la source de toutes les bénédictions et le meilleur de tous les remparts pour un monarque et pour un peuple. Comp. Ps 43.3, 57.4.

Verset 9. Ainsi je chanterai ton nom à perpétuité, m’acquittant de mes vœux chaque jour.

« Au milieu de ses périls, David cherche son secours auprès de Dieu, puis après la délivrance, il se montre reconnaissant » (Calvin). — « Nous sommes tenus de louer continuellement le saint nom de Dieu pour la conservation, la gloire et la puissance du royaume de Jésus-Christ et pour toutes les bénédictions qui s’y trouvent, et de nous acquitter tous les jours du vœu que nous avons fait dans le baptême de croire en Lui et de le servir tous les jours de notre vie, jusqu’à ce que vienne ce beau jour, après lequel il n’y aura plus de nuit, où la foi sera changée en vue et le devoir en actions de grâces » (Horne).

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 394-397

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