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Commentaire sur le Psaume 52

  1. Au Maître-Chantre. Enseignement. Pour David.
  2. Lorsque Doëg, l’Iduméen, vint annoncer à Saül, que David était entré dans la maison d’Ahimélec.
  1. Pourquoi te glorifies-tu du mal, homme puissant? La bonté de Dieu est de tous les jours.
  2. Ta langue médite la ruine ; comme un rasoir affilé, elle trompe.
  3. Tu aimes le mal plus que le bien, le mensonge plus qu’un langage juste (Sélah).
  4. Tu aimes tous les discours pernicieux, langue perfide!
  1. Aussi Dieu te renversera pour toujours, il te saisira et t’enlèvera de la tente, et te déracinera de la terre des vivants (Sélah).
  2. À ce spectacle les justes prendront de la crainte, et ils se riront de lui.
  3. Le voilà cet homme qui n’avait point pris Dieu pour son rempart, qui se confiait en ses grandes richesses, et qui se croyait fort par sa méchanceté!
  1. Pour moi, je suis comme un olivier vert dans la maison de Dieu ; je me confie en la bonté de Dieu, à toujours, à perpétuité.
  2. Je te louerai éternellement, pour ce que tu as fait, et devant tes adorateurs j’espérerai en ton nom, car il est bon.

Sauf De Wette, qui avec son scepticisme habituel rapporte ce Psaume aux malheurs du peuple juif, tous les commentateurs sont d’accord pour reconnaître que son contenu s’accorde bien avec la circonstance de l’histoire de David, à laquelle le titre fait allusion. Quand on lit dans les livres historiques (1 S 22.6-23) l’histoire de la délation de Doëg et de ses tragiques conséquences, on comprend que cet événement ait été une épreuve sérieuse pour la foi du psalmiste et l’ait poussé à chercher le secours de Dieu par la prière. Ce Doëg, dont les calomnies vinrent nourrir la haine et la méfiance de Saül contre David et ses partisans, possédait une charge qui dans ce temps-là était probablement assez importante ; il était inspecteur des bergers du roi (1 S 21.7), et cette circonstance s’accorde bien avec ce qui est dit de ses grandes richesses (v. 9 du Psaume). Il est appelé Iduméen, sans doute parce qu’il était originaire de l’Idumée ;[1] rien n’oblige à supposer avec Kimchi, qu’il fût Israélite, et qu’il eût seulement habité l’Idumée. Hengstenberg pense que c’est Saül, son ennemi principal et non pas Doëg que le psalmiste avait en vue dans ce Psaume, mais l’explication ordinaire paraît la plus naturelle. Quoi qu’il en soit, ce beau Psaume est très propre à fortifier la foi des fidèles qui peuvent se trouver persécutés par les puissants de ce monde.

Dans la première strophe (v. 3-6), le psalmiste trace le portrait du méchant ; dans la seconde (v. 7-9), il exprime la ferme assurance que Dieu accablera les impies de ses justes châtiments, tandis qu’il délivrera et bénira ceux qui s’attendent à lui. Dans la troisième (10-11) il s’applique à lui-même la vérité qu’il vient d’énoncer.

Le mot enseignement qui se trouve dans le titre a été expliqué à l’occasion de Ps 32.

Verset 3. Pourquoi te glorifies-tu du mal, homme puissant? La bonté de Dieu est de tous les jours.

Calvin a bien rendu la pensée du psalmiste. « David se fortifie lui-même en prononçant ces paroles, afin de repousser la tentation très sérieuse à laquelle sa foi était exposée par la vue des succès apparents de Doëg. Les impies s’imaginent que tout leur est permis, parce qu’ils ne tiennent aucun compte de la protection que Dieu accorde aux fidèles. » — Se glorifier du mal est une preuve de grand endurcissement (Comp. Ps 10.3 ; Ph 3.19). — Le mot hébreu (guibor) que nous rendons par homme puissant est celui qui se traduit ordinairement par héros ; le psalmiste fait probablement allusion à la réputation que Doëg avait aux yeux du monde. Un commentateur anglais fait à ce sujet une remarque fort juste. « Ceux qui ont passé pour des héros étaient généralement des hommes qui employaient leur supériorité à inventer le mal et à l’exécuter. »

Verset 4. Ta langue médite la ruine ; comme un rasoir affilé, elle trompe.

« Si David énumère les crimes de son ennemi, c’est pour l’accuser non pas devant les hommes, mais devant Dieu, et pour s’affermir dans l’espoir d’une prompte délivrance » (Calvin). — La langue est considérée comme instrument de la pensée (Comp. Ps 10.7). — Dans notre traduction, qui nous paraît la plus naturelle, le dernier verbe se rapporte à la langue ; dans d’autres versions il se rapporte soit au rasoir, soit au méchant.

Versets 5-6. Tu aimes le mal plus que le bien, le mensonge plus qu’un langage juste (Sélah). Tu aimes tous les discours pernicieux, langue perfide!

Les mots : tu aimes le mal, doivent marquer que chez Doëg la pratique du mal était devenue une habitude.

Verset 7. Aussi Dieu te renversera pour toujours, il te saisira et t’enlèvera de la tente, et te déracinera de la terre des vivants (Sélah).

Remarquez l’énergie de ces comparaisons (Comp. Ps 37.36-37). — Ces paroles se sont accomplies non seulement à l’égard des ennemis de David, mais aussi de ceux du fils de David et, comme Tholuck le fait remarquer, l’histoire du monde est pleine de pareils spectacles.

Verset 8. À ce spectacle les justes prendront de la crainte, et ils se riront de lui.

La crainte dont il est ici question n’est pas incompatible avec la joie ; « c’est le sentiment qui porte les fidèles à s’appliquer toujours plus sérieusement au service de Dieu » (Calvin). (Comp. Ps 40.4 ; Ac 5.5 ; Ap 15.3-4). St-Augustin fait aussi remarquer que la vue des jugements de Dieu inspire naturellement aux fidèles des craintes pour eux-mêmes. Ils savent bien ce qu’ils sont aujourd’hui, mais ils ne savent pas ce qu’ils seront demain (Comp. Ps 2.11 ; Ga 6.1 ; Ph 2.12). — Le rire dont il est ici question n’est pas celui de la vengeance ou du mépris, ce rire-là est interdit (Pr 24.17) ; mais c’est celui que provoque la vue d’un homme assez présomptueux pour entreprendre de se mesurer avec Dieu.

Verset 9. Le voilà cet homme qui n’avait point pris Dieu pour son rempart, qui se confiait en ses grandes richesses, et qui se croyait fort par sa méchanceté!

Ce verset renferme les paroles que les justes sont censés prononcer en voyant la ruine du méchant. — Le méchant est dépeint par des traits qui rappellent Jr 17.5 ; 1 Tm 6.17.

Verset 10. Pour moi, je suis comme un olivier vert dans la maison de Dieu ; je me confie en la bonté de Dieu, à toujours, à perpétuité.

« David s’élève sur les ailes de la foi et de l’espérance au-dessus de ses propres misères et quoiqu’alors il fût couché à terre comme un tronc inutile, l’espoir qu’il avait d’une délivrance fait qu’il se compare à un olivier vigoureux » (Calvin). (Comp. Ps 1.3, 128.3). — La maison de Dieu dans laquelle le psalmiste alors fugitif avait le ferme espoir de se retrouver un jour était le tabernacle (Comp. Ps 15.1, 23.6, 26.8, 27.4). « Comme notre faiblesse a besoin de secours extérieurs, nous devons toujours estimer comme un grand bienfait la possibilité de fréquenter les saintes assemblées où les fidèles s’encouragent mutuellement à servir Dieu et à l’invoquer » (Calvin).

Verset 11. Je te louerai éternellement, pour ce que tu as fait, et devant tes adorateurs j’espérerai en ton nom, car il est bon.

La traduction littérale de la fin du premier hémistiche serait parce que tu as accompli ; il faut alors sous-entendre : ma délivrance. — Au sujet du mot éternellement, Calvin fait remarquer que notre reconnaissance est rarement de longue durée. — On peut aussi traduire : j’espérerai en ton nom, parce qu’il est bon envers tes adorateurs.

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 351-354


[1] Voyez sur l’Idumée l’explication du titre du Ps 60.

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