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Commentaire sur le Psaume 3

  1. Psaume pour David lorsqu’il fuyait devant Absalom son fils.
  1. O Éternel! Combien mes ennemis sont nombreux! Nombreux ceux qui se lèvent contre moi!
  2. Nombreux ceux qui disent de ma personne : « Pour lui point de délivrance en Dieu! » (Sélah.)
  1. Mais toi, ô Éternel, tu es un bouclier autour de moi, tu es ma gloire et celui qui me fait lever la tête!
  2. De ma voix, je crie à l’Éternel! Et il me répond de la montagne de sa sainteté. (Sélah.)
  1. Moi, je me couche et je m’endors, je m’éveille, car l’Éternel me soutient.
  2. Je n’ai pas de crainte des milliers du peuple qui se rangent alentour contre moi.
  1. Lève-loi, Éternel! Délivre-moi, mon Dieu! Car tu frappes tous mes ennemis à la mâchoire ; tu brises les dents des méchants.
  2. À l’Éternel appartient la délivrance : sur ton peuple soit ta bénédiction! (Sélah.)

Les deux premiers Psaumes nous ont donné une idée générale de la lutte qui existe depuis le commencement du monde entre les enfants de Dieu et les enfants du Malin. Dans celui-ci nous voyons David engagé lui-même dans cette lutte, exposé à un très grand danger par la révolte de son fils Absalom et montrant dans cette épreuve le courage et la sérénité que lui inspirait sa foi aux promesses de Dieu. Le titre de ce Psaume nous en indique l’occasion, et son contenu s’accorde très bien avec ce que les livres historiques (2 S 15-18) nous rapportent sur la révolte d’Absalom et sur les qualités que David déploya dans ces circonstances difficiles. Rien ne fait mieux sentir les beautés de ce Psaume que le récit de l’usurpation tentée par ce fils dénaturé qui emploie, pour se créer un parti, des flatteries, des promesses mensongères et d’autres moyens tout semblables à ceux par lesquels se font de nos jours la plupart des révolutions, et qui ne réussit que trop bien à trouver des complices au milieu d’un peuple léger et ingrat. Selon Kimchi et d’autres commentateurs juifs, notre Psaume fut composé dans le moment même où le roi fugitif, ayant quitté Jérusalem, avec un petit nombre d’amis fidèles, gravissait tristement la montagne des Oliviers (2 S 15.30). Nous préférons cette opinion à celle de plusieurs commentateurs modernes qui à cause du verset 6 où il est question de la nuit, le rapportent à la nuit suivante (2 S 16.14). Quoi qu’il en soit, ce beau Psaume nous offre un exemple remarquable de la foi de David, et il est éminemment propre à soutenir notre piété et notre confiance en Dieu dans les temps où nous sommes exposés à quelque persécution pour la cause de l’Évangile, comme aussi lorsque notre patrie terrestre est menacée par d’injustes agresseurs. C’est ainsi que ce Psaume fut chanté par l’armée hollandaise, le 1er août 1831, lorsqu’elle marchait contre les Belges insurgés.

Le Psaume III fut composé par le roi David en vue de ses circonstances personnelles, et sous ce rapport il se distingue du Psaume II, qui est messianique dans le sens proprement dit. Ce serait donc aller trop loin que de l’appliquer exclusivement à Jésus-Christ, comme le fait St-Augustin. Mais nous croyons qu’il faut y voir à la fois David et Jésus-Christ, les sentiments de David pendant la révolte d’Absalom et les sentiments du Messie au milieu de ses ennemis. Ce Psaume est un de ceux dans lesquels le Saint-Esprit a voulu nous présenter David comme un type du Messie. La révolte d’Absalom est même l’une des circonstances de la vie de David, dont le caractère typique est le plus distinctement marqué. Ainsi on peut rapprocher les deux ascensions du Mont-des-Oliviers (2 S 15.30 ; Mt 26.30), le suicide d’Ahitophel et celui de Judas (2 S 17.23 ; Mt 27.5). Peut-être que le parallélisme sera plus complet encore lors de la révolte des derniers temps (2 Th 2.3).

Le Psaume se divise en quatre strophes de deux versets chacune. La première est un tableau du danger que courait David, la seconde rappelle les expériences qu’il avait faites de la fidélité de Dieu. La troisième exprime l’assurance qu’il avait d’être délivré encore cette fois. La quatrième est une prière par laquelle il implore le secours de Dieu contre ses ennemis.

Verset 1. Psaume pour David lorsqu’il fuyait devant Absalom son fils.

Psaume de David quand il fuyait devant Absalom, son fils. Le mot hébreu (mizmor) qui revient souvent dans les titres et pour la traduction duquel on a l’habitude de réserver le mot Psaume, est dérivé d’un verbe qui signifie proprement couper, puis chanter, parce que le chant est un langage coupé, mesuré.

Verset 2. O Éternel! Combien mes ennemis sont nombreux! Nombreux ceux qui se lèvent contre moi!

Il pouvait bien dire : combien mes ennemis sont nombreux, puisque le peuple presque tout entier avait suivi les étendards d’Absalom (2 S 15.13). Mais le premier mot du Psaume : « ô Éternel, » est déjà une parole de confiance et nous rappelle que lors même que le monde entier serait contre nous, nous pouvons à l’exemple du roi prophète nous reposer sur le Tout-Puissant avec une parfaite tranquillité.

Verset 3. Nombreux ceux qui disent de ma personne : « Pour lui point de délivrance en Dieu! » (Sélah.)

Ce qui causait au psalmiste encore plus de peine que le nombre de ses ennemis, c’était leur impiété, leurs blasphèmes, leurs moqueries ; ils disaient tout haut que sa cause était perdue, que Dieu l’avait abandonné. Nous avons un exemple de ces propos blasphématoires dans ceux de Simhi que nous lisons dans les livres historiques : « L’Éternel a mis le royaume entre les mains de ton fils Absalom, et voilà tu souffres le mal que tu as fait, parce que tu es un homme de sang. » 2 S 16.7-8. Ce trait de l’histoire de David est aussi l’un de ceux qui font de lui un type du Messie, que ses ennemis insultaient en disant : « Si Dieu l’aime, qu’il le délivre maintenant. » Mt 27.43. C’est bien aussi le langage que les persécuteurs et les mondains de tous les temps tiennent sur les enfants de Dieu. C’est enfin celui que le grand ennemi des âmes nous fait entendre quand il nous suggère des pensées de découragement. — Le mot hébreu (néphesch), que nous traduisons par personne, signifie d’abord le souffle, la vie, puis l’âme, parce que celle-ci communique la vie au corps par son union avec lui ; enfin l’homme tout entier, la personne. Dans chaque cas particulier, le contexte fait connaître laquelle de ces idées l’auteur sacré voulait exprimer. Par exemple dans Ps 42.3 nous n’hésitons pas à mettre : âme, parce que c’est l’être spirituel dans l’homme qui recherche Dieu. Ce mot est employé dans beaucoup de cas où il semble que l’auteur sacré aurait pu se contenter du simple pronom (moi, je), mais un examen attentif du contexte montrera toujours que l’auteur avait une intention particulière, qu’il voulait par exemple faire ressortir d’une manière plus prononcée les diverses manifestations de la vie spirituelle, ou bien comme c’est le cas dans notre verset, exciter plus fortement la compassion pour ses maux.

À la fin de ce verset et des versets 5 et 9 se trouve un mot hébreu (sélah) qui se rencontre soixante-onze fois dans les Psaumes et trois fois dans Habaccuc, mais dont on ne peut pas déterminer le sens avec certitude. Un certain nombre de docteurs juifs le considèrent comme faisant partie du verset et comme signifiant : Toujours, aux siècles des siècles, ou bien : en vérité, Amen. Mais dans la plupart des cas ce sens ne s’accorderait pas avec le contexte. Aussi le rabbin Kimchi et la plupart des commentateurs modernes rattachent ce mot à un verbe qui signifie élever, et ils y voient une simple indication musicale, une invitation à donner plus d’intensité au chant ou bien au jeu des instruments. Cette explication nous paraît la plus naturelle ; il est à remarquer en effet que ce mot sélah se trouve en général à la fin des strophes, comme dans ce Psaume, ou au moins à la fin de quelque sentence sur laquelle le psalmiste pouvait désirer d’appeler l’attention des auditeurs et des lecteurs. Elle est confirmée par la manière dont la plus ancienne version grecque, celle des Septante, traduit ce mot ; elle le rend par un mot grec (diapsalma) qui signifie : intervention de la musique. Les auteurs de cette version ont probablement voulu marquer que le chant était interrompu pour faire place aux instruments. Celles de nos versions qui traduisent sélah par pause, se sont donc probablement assez rapprochées de son véritable sens. Cependant nous préférons suivre l’exemple d’autres versions françaises, ainsi que de la version anglaise, qui ne le traduisent pas du tout et qui se contentent d’en marquer la place par le mot sélah. Mais nous désirons que nos lecteurs se souviennent que le psalmiste a très probablement eu l’intention de faire ressortir l’importance des passages, à la suite desquels il a placé ce mot, et nous leur recommandons cette remarque de Luther : « Le sélah indique que l’on doit s’arrêter et méditer avec soin les paroles du Psaume. Il faut que l’âme se recueille et s’applique à comprendre ce que le St-Esprit lui présente. »

Verset 4. Mais toi, ô Éternel, tu es un bouclier autour de moi, tu es ma gloire et celui qui me fait lever la tête!

Après avoir exposé sa détresse, le psalmiste exprime sa confiance. Cette délivrance sur laquelle il compte fermement, ce n’est pas des quelques amis qui lui étaient restés fidèles qu’il l’attend, mais uniquement de l’Éternel (Jr 17.5). Il appelle Dieu son bouclier, s’appliquant à lui-même la promesse adressée à Abraham (Gn 15.1). Il l’appelle aussi sa gloire, parce que c’est à l’Éternel qu’il devait sa dignité royale et des privilèges encore plus excellents, la qualité d’enfant de Dieu, le droit à la vie éternelle. Faire lever la tête, locution usitée chez les Hébreux, pour exprimer l’idée de délivrance (Gn 40.13). Luther a bien raison de dire que, dans ce verset, le langage du psalmiste est celui de la grâce et non celui de la nature.

Verset 5. De ma voix, je crie à l’Éternel! Et il me répond de la montagne de sa sainteté. (Sélah.)

Le psalmiste fortifie sa foi par le souvenir des délivrances qu’il a déjà obtenues plus d’une fois en réponse à ses prières. S’il ne se contente pas de dire qu’il a invoqué l’Éternel, s’il parle de sa voix, de ses cris, c’est pour marquer la ferveur de ses prières, l’intensité de ses désirs. La prière part sans doute des profondeurs du cœur, mais il est naturel que notre voix lui serve d’organe. — Pour l’explication des mots la montagne de sa Sainteté, nous renvoyons à Ps 2.6. Ce que nous avons dit à l’occasion de ce passage, fait aussi comprendre pourquoi c’était ce lieu que le psalmiste considérait comme étant d’une façon particulière celui où Dieu se plaisait à exaucer les prières de son peuple. Des promesses spéciales étaient attachées aux prières qui se feraient dans le sanctuaire terrestre (Dt 12.11 ; 1 R 8.29) ; et l’exemple de Daniel nous montre que les fidèles, éloignés de Jérusalem par les circonstances, portaient toujours leurs regards vers la sainte Montagne. (Dn 6.11). Calvin fait remarquer que la conduite de David, lors de sa fuite, fut également éloignée du formalisme qui croit que la grâce de Dieu est attachée à certains signes visibles et d’un faux spiritualisme qui méprise ces signes. En effet, d’un côté, nous le voyons congédier le sacrificateur Tsadok, qui se préparait à l’accompagner avec l’arche (2 S 15.24-25) ; de l’autre, c’est toujours de la Montagne-Sainte qu’il attend la réponse à ses prières. Sous la Nouvelle Alliance, il n’y a aucun lieu de la terre qui corresponde à ce que la colline de Sion était sous l’ancienne. Cependant des bénédictions particulières sont certainement attachées aux prières faites en commun et au culte public (Mt 18.20).

Verset 6. Moi, je me couche et je m’endors, je m’éveille, car l’Éternel me soutient.

Cette strophe est l’expression de l’état d’âme du fidèle, qui se sent en sûreté entre les mains de Dieu, en tout temps, de nuit comme de jour et même au milieu des plus grands dangers. Nous pouvons dire : Je me couche, je m’endors et je m’éveille, quand Dieu nous a accordé la grâce de passer la nuit sans accident ; nous pouvons le dire aussi, quand nous voyons approcher la mort et que nous avons une espérance ferme de parvenir à la résurrection bienheureuse. Le psalmiste ajoute : parce que l’Éternel me soutient, afin de montrer que sa confiance reposait sur un fondement solide et qu’elle était bien différente de la fausse sécurité des impies et des mondains.

Verset 7. Je n’ai pas de crainte des milliers du peuple qui se rangent alentour contre moi.

Par les yeux de la foi, David voit ses ennemis déjà vaincus.

Verset 8. Lève-loi, Éternel! Délivre-moi, mon Dieu! Car tu frappes tous mes ennemis à la mâchoire ; tu brises les dents des méchants.

Lorsque la délivrance tarde, il peut nous sembler que Dieu nous abandonne, qu’il est endormi ; c’est pourquoi on trouve si fréquemment dans les Psaumes cette expression : lève-toi, réveille-toi. Mais il en est de ce sommeil apparent de l’Éternel comme de celui de Jésus dans la nacelle Mt 8.24-25.

Verset 9. À l’Éternel appartient la délivrance : sur ton peuple soit ta bénédiction! (Sélah.)

Le premier membre de ce verset est comme la réponse que la foi du psalmiste, ranimée par l’effet même de sa prière, fait à cette parole des impies : il n’y a point pour lui de délivrance en Dieu. Le second membre peut être considéré comme un vœu ou comme l’énoncé d’un fait. Quoi qu’il en soit, ces paroles nous montrent que dans les désirs et les espérances de David, la destinée de son peuple était toujours étroitement unie à la sienne. C’est ainsi que le fidèle renferme toujours dans ses prières sa patrie terrestre et son Église.

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 65-71

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  1. Post comment

    AKPOKPO .Charles Coffi says:

    J’ai beaucoup apprécié la manière dont vous avez détaillé ce psaume que j’aime tant . Votre commentaire vient encore renforcer ma foi. Que Dieu vous bénisse mon pasteur

  2. Un excellent commentaire complet (et gratuit) sur les Psaumes
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