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Commentaire sur le Psaume 29

Psaume, pour David.

  1. Donnez à l’Éternel, ô enfants des dieux, Donnez à l’Éternel la gloire et la force!
  2. Donnez à l’Éternel la gloire due à son nom! Prosternez-vous devant l’Éternel avec une sainte parure!
  1. La voix de l’Éternel retentit sur les eaux, le Dieu de gloire fait gronder le tonnerre, l’Éternel est sur les grandes eaux.
  2. La voix de l’Éternel est puissante, la voix de l’Éternel est majestueuse.
  3. La voix de l’Éternel fracasse les cèdres, Oui, l’Éternel fracasse les cèdres du Liban.
  4. Il les fait bondir comme un veau, le Liban et le Sirion comme de jeunes buffles.
  5. La voix de l’Éternel lance des flammes de feu.
  6. La voix de l’Éternel fait trembler le désert, l’Éternel fait trembler le désert de Kadès.
  7. La voix de l’Éternel fait faonner les biches, elle dépouille les forêts. Et dans son temple, tout dit : Gloire!
  1. L’Éternel présidait au déluge ; et l’Éternel présidera comme Roi éternellement.
  2. L’Éternel donnera la puissance à son peuple, l’Éternel bénira son peuple par la paix!

 

Ce Psaume renferme la description de l’un des spectacles les plus imposants que la nature puisse nous offrir, celui d’un orage, et cette description est elle-même très remarquable sous le rapport de sa forme. Nos versions ne peuvent sans doute reproduire complètement toutes les beautés de l’original, cependant elles peuvent donner une idée du mouvement, de l’énergie et de l’harmonie qui règnent dans cet admirable cantique. Mais ce qui distingue profondément le psalmiste de tant de poètes et d’artistes qui sont habiles à peindre les sublimes phénomènes de la création sans élever leurs pensées jusqu’à son Auteur, c’est que lui y voit l’œuvre de Dieu, la présence de Dieu, une manifestation éclatante de la puissance de Dieu ; c’est une voix de l’Éternel qu’il discerne dans les roulements majestueux du tonnerre. Et non seulement ce spectacle le porte à se prosterner dans une humble adoration devant la majesté divine, en le pénétrant d’un profond sentiment de la grandeur de Dieu et de la petitesse de l’homme, mais il fortifie sa foi et le remplit d’une sainte joie en lui rappelant que Dieu déploie aussi en faveur de ceux qui l’aiment et qui s’attendent à Lui cette puissance qui se montre avec tant d’éclat dans la nature. « L’Éternel, (s’écrie-t-il en terminant), donnera force à son peuple » verset 11. Telles sont aussi les impressions que devrait produire sur nous le spectacle de la nature (Comp. Ps 8.19, 104 ; Rm 1.20). Plusieurs commentateurs, St‑Augustin, Luther, Horne, etc., etc., pensent que le psalmiste n’avait pas en vue un orage dans le sens propre du mot et qu’il voulait seulement représenter par cette image la puissance de la parole de Dieu, les conquêtes de l’Évangile. Nous croyons mieux répondre à l’intention de l’Esprit Saint en nous tenant au sens littéral qui nous fournit déjà de nombreuses instructions. La version des Septante a ajouté au titre deux mots (issue du tabernacle) qui paraissent indiquer que ce Psaume se chantait le huitième et dernier jour de la fête des tabernacles.

On peut distinguer trois strophes : invitation à louer Dieu, adressée aux Anges (1,2), description de l’orage (3-9), application au peuple d’Israël (10,11).

Verset 1. Donnez à l’Éternel, ô enfants des dieux, Donnez à l’Éternel la gloire et la force!

Ce sont sans aucun doute les Anges qui sont ici désignés sous le nom d’enfants des dieux, ainsi que dans Ps 89.7, afin d’indiquer le rang élevé qu’ils tiennent parmi les créatures et leurs rapports étroits avec la Divinité. Le psalmiste invite les intelligences célestes à joindre leurs adorations à celles des hommes, parce qu’il considère le monde spirituel comme formant une unité. Comp. Ps 103.20.[1]

Verset 2. Donnez à l’Éternel la gloire due à son nom! Prosternez-vous devant l’Éternel avec une sainte parure!

Donner à Dieu la gloire et la force, c’est reconnaître du cœur et de la voix qu’elles lui appartiennent. Comp. Ps 62.12,13. — Sur le nom de Dieu voyez Ps 8.2. — La sainte parure. Image tirée probablement des vêtements sacerdotaux que les sacrificateurs devaient porter dans l’exercice de leurs fonctions. Ex 28.

Versets 3-4. La voix de l’Éternel retentit sur les eaux, le Dieu de gloire fait gronder le tonnerre, l’Éternel est sur les grandes eaux. La voix de l’Éternel est puissante, la voix de l’Éternel est majestueuse.

Le tonnerre est aussi appelé voix de l’Éternel. Ex 23.9 ; Ps 18.14, etc. — Selon les uns, les eaux désignent les nuées, les eaux supérieures (Gn 1.7 ; Ps 104.3) ; selon d’autres, il s’agit de la mer, et c’est ce qui nous paraît le plus probable, parce que, dans d’autres passages, l’expression grandes eaux représente la mer ou les fleuves. Comp. Ps 93.4. — Il est assez vraisemblable que l’idée de ce Psaume fut suggérée au roi-prophète par un orage qu’il voyait s’avancer de l’occident par-dessus la Méditerranée, éclater avec fracas sur la chaîne du Liban, traverser toute la Palestine et faire entendre ses derniers roulements dans les vastes solitudes du désert de Kadès au midi de la Terre Sainte. — Le Dieu de gloire. Comp. Ps 24.7.

Verset 5. La voix de l’Éternel fracasse les cèdres, Oui, l’Éternel fracasse les cèdres du Liban.

Ce verset et les suivants décrivent quelques-uns des phénomènes qui accompagnent les orages. — Parmi les productions du règne végétal, le cèdre occupe le premier rang, c’est pourquoi il apparaît dans la Bible comme symbole des puissants de la terre (Es 2.13), et sur le mont Liban cet arbre devient particulièrement beau et vigoureux, ainsi que nous l’apprennent des voyageurs modernes. Comp. Ps 92.13, 104.16.

Verset 6. Il les fait bondir comme un veau, le Liban et le Sirion comme de jeunes buffles.

Le pronom les dans le premier membre se rapporte probablement encore aux cèdres, cependant il pourrait aussi se rapporter aux montagnes. — Sirion était l’un des noms de l’Hermon, montagne qui formait la partie orientale du Liban. Dt 3.9.

Verset 7. La voix de l’Éternel lance des flammes de feu.

Ce verset se compose d’un seul membre, afin peut-être de représenter le rapide mouvement des éclairs ; l’original porte : « La voix de l’Éternel coupe des flammes de feu. »

Verset 8. La voix de l’Éternel fait trembler le désert, l’Éternel fait trembler le désert de Kadès.

Le désert de Kadès séparait la Palestine de l’Égypte (Nb 20.1, etc.) ; il tire son nom de la ville de Kadès qui s’y trouvait.

Verset 9. La voix de l’Éternel fait faonner les biches, elle dépouille les forêts. Et dans son temple, tout dit : Gloire!

Le troisième membre de ce verset nous montre les intelligences célestes répondant à l’invitation du psalmiste ; on croit entendre les chants des Séraphins : « Saint, saint, saint est l’Éternel des armées ; toute la terre est pleine de sa gloire. » Es 6.3. — Le psalmiste veut parler du « temple » céleste, comme Ps 11.4, 18.7.

Verset 10. L’Éternel présidait au déluge ; et l’Éternel présidera comme Roi éternellement.

St-Augustin a bien rendu le sens des deux derniers versets : « L’Éternel donnera force à son peuple dans ses luttes contre les tempêtes et les ouragans de ce monde. » — Le psalmiste fait mention du déluge comme de l’une des manifestations les plus éclatantes de la puissance et de la justice de Dieu, et il exprime la conviction que ces perfections glorieuses ne cesseront point de se déployer dans le gouvernement du monde. Notre Seigneur nous invite aussi à considérer le déluge comme un prélude des jugements qui accompagneront son second avènement. Mt 24.37-42. — C’est avec raison que le rabbin Kimchi rapporte le second membre de ce verset à l’époque du Messie. C’est surtout lors du second avènement de notre Seigneur que le royaume de Dieu sera consolidé sur la terre. Comp. Ps 2.6-12, 110.2 ; Za 14.9.

Verset 11. L’Éternel donnera la puissance à son peuple, l’Éternel bénira son peuple par la paix!

Le mot bénira doit toujours porter notre pensée sur la bénédiction par excellence, annoncée à Abraham (Gn 12.1-3), bénédiction dont la conséquence est la paix. Jn 14.27 ; Rm 5.1.

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 224-227


[1] Le mot hébreu (elim) qui se trouve après enfants parait avoir eu le même sens que le mot élohim qui se trouve quelquefois employé pour désigner les faux dieux : comparez dans l’original Ex 15.11 avec 18.11. C’est pourquoi la traduction que nous donnons avec De Wette et Stier (enfants des dieux) nous parait plus exacte que celles qui se trouvent dans d’autres versions: enfants des puissants (angl. et holland.), enfants de Dieu (Hengstenberg, Perret-Gentil). Il faut d’ailleurs remarquer que lorsque les écrivains sacrés parlent des dieux, ou qu’ils appellent les anges enfants des dieux, ils n’ont en aucune manière l’intention d’enseigner que les faux dieux des païens ont une existence réelle ; ils ne font que se servir des expressions usitées en leur temps.

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