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Commentaire sur le Psaume 18

  1. Pour le Maître-chantre. Pour le serviteur de l’Éternel, pour David qui adressa à l’Éternel les paroles de ce cantique, lorsque l’Éternel l’eut délivré de la main de tous ses ennemis et du bras de Saul.
  2. Et il dit : Je veux t’aimer cordialement, ô Éternel, ma Force!
  3. Éternel! mon Rocher, ma Forteresse et mon Libérateur, mon Dieu, ma Roche où je me réfugie, mon Bouclier, la Corne de mon salut et mon Boulevard!
  4. Je crie à l’Éternel qui est digne de louange, et je suis délivré de mes ennemis.
  1. Les douleurs de la mort m’enserraient, les torrents de Bélial m’épouvantaient ;
  2. les douleurs des Enfers m’enveloppaient ; les filets de la mort m’arrêtaient.
  3. Dans ma détresse j’appelai l’Éternel, et criai à mon Dieu : de son temple il entendit ma voix et mon cri arriva devant lui, à ses oreilles.
  4. Alors la terre fut secouée et ébranlée, les fondements des montagnes tremblèrent, ils furent ébranlés parce qu’Il était courroucé.
  5. Une fumée montait de ses narines et de sa bouche un feu dévorant, il en sortait des charbons ardents.
  6. Et il abaissa les cieux et il descendit, et l’obscurité était sous ses pieds ;
  7. et il s’avança porté sur un Chérubin, il volait, il planait sur les ailes du vent.
  8. Il se fit des ténèbres une couverture, et comme, sa tente, autour de lui : c’étaient ténèbres d’eaux, nuées entassées.
  9. De la splendeur qui le précédait sortirent ses nuées, portant la grêle et des charbons de feu.
  10. Et l’Éternel tonna dans le ciel, le Très-Haut fit retentir sa voix ; avec la grêle et des charbons de feu.
  11. Et il lança ses flèches et les dispersa, des éclairs en abondance et les défit.
  12. Alors les lits des eaux apparurent et les fondements du monde furent mis à découvert, au grondement de ta voix, ô Éternel, au souffle du vent de tes narines.
  13. Il envoya d’en haut, il me saisit, il me tira des grosses eaux ;
  14. il me délivra de mon ennemi puissant, et de ceux qui me haïssaient, car ils étaient plus forts que moi.
  15. Ils m’avaient surpris au jour de mon malheur, mais l’Éternel me fut un soutien,
  16. et il me fit sortir au large, il me dégagea, parce qu’il avait mis son plaisir en moi.
  1. L’Éternel m’a traité selon ma justice, il m’a rendu selon la pureté de mes mains.
  2. Car j’ai gardé les voies de l’Éternel et n’ai point méchamment abandonné mon Dieu ;
  3. tous ses arrêts étaient devant moi et je n’éloignais point de moi ses statuts.
  4. J’étais parfait devant lui et je me gardais de mon iniquité.
  5. Aussi l’Éternel m’a rendu selon ma justice, selon la pureté de mes mains devant ses yeux.
  6. A celui qui aime, tu montres ton amour, à l’homme parfait, tu te montres parfait ;
  7. au pur, tu te montres pur, au pervers, tu te montres pervers.
  8. Car toi, tu délivres le peuple afflige, mais tu abaisses les yeux hautains.
  1. Oui, toi, tu fais luire ma lampe ; l’Éternel mon Dieu éclaire mes ténèbres.
  2. Oui, en toi je puis fondre sur une troupe, en mon Dieu franchir une muraille.
  3. C’est le Dieu dont la voie est parfaite : la parole de l’Éternel est purifiée au creuset ; il est un bouclier pour tous ceux qui se réfugient en Lui.
  4. (Car qui est Dieu si ce n’est l’Éternel, et qui est un Rocher si ce n’est notre Dieu?)
  5. C’est le Dieu qui me ceint de force et qui rend ma voie parfaite ;
  6. il fait que mes pieds égalent ceux des biches et m’affermit sur mes hauteurs ;
  7. il dresse mes mains au combat, en sorte qu’un arc d’airain a été rompu par mes bras.
  8. Tu me donnes le bouclier de ton salut, ta droite me soutient, et ta débonnaireté me fait grand.
  9. Tu élargis mon chemin sous mes pieds, et mes talons ne chancellent point.
  10. Je poursuis mes ennemis et les atteins, et ne reviens qu’après les avoir achevés ;
  11. je les écrase et ils ne peuvent se relever, ils tombent sous mes pieds.
  12. Et tu me ceins de force pour la bataille, tu fais plier sous moi mes adversaires,
  13. Tu me fais voir le dos de mes ennemis et j’anéantis ceux qui me haïssent.
  14. Ils crient, mais point de libérateur, à l’Éternel, mais il ne leur répond pas.
  15. Je les broie comme la poussière qu’emporte le vent, et je les balaie comme la boue des rues.
  1. Tu me délivres des débats du peuple, tu m’établis pour chef des nations ; un peuple que je ne connaissais pas m’est assujetti.
  2. Dès que leur oreille a entendu ils m’obéissent, les enfants de l’étranger me flattent ;
  3. les enfants de l’étranger sont abattus et sortent en tremblant de leurs châteaux.
  4. L’Éternel est vivant et mon Rocher est béni! Le Dieu de mon salut est haut élevé!
  5. le Dieu qui me donne des vengeances et qui range les peuples sous moi.
  6. Il me délivre de mes ennemis : même tu m’élèves au-dessus de mes adversaires, tu me fais échapper à l’homme violent.
  7. Aussi je te célébrerai parmi les nations, ô Éternel, et je chanterai ton nom.
  8. Il accorde de grandes délivrances à son Roi, il montre son amour à son Oint, à David et à sa postérité, éternellement.

Ce Psaume peut être compté parmi les plus beaux morceaux de la poésie des Hébreux. C’est un magnifique Alléluia dans lequel le psalmiste rend grâces pour les délivrances qui lui ont été accordées dans le cours de sa carrière. Le titre nous donne lieu de croire que David composa ce Psaume vers la fin de sa vie, à une époque où il régnait en paix sur son peuple, après être demeuré victorieux de tous les ennemis du dedans et du dehors ; c’est aussi l’opinion de Calvin, de Hengstenberg et des rabbins. Il est à remarquer encore que notre Psaume a été inséré dans les livres historiques immédiatement avant les dernières paroles de David. 2 S 22, 23.1.

Ce Psaume est un de ceux dans lesquels David, tout en exprimant ses propres sentiments et ses propres expériences, a été poussé par l’Esprit de prophétie à annoncer les combats et les triomphes du Messie, dont il était le type. Le dernier verset fait probablement allusion à la promesse que David avait reçue de la bouche du prophète Nathan. 2 S 7.12-16. Le Nouveau Testament contient aussi quelques passages qui paraissent indiquer que les Apôtres ont considéré notre Psaume comme messianique. Comparez verset 5 avec Ac 2.24, verset 50 avec Rm 15.9. C’est là aussi ce que croyait l’ancienne Église. La version syriaque lui a donné ce titre : De l’ascension du Christ. St-Augustin dit que ce Psaume devait s’entendre « de Christ et de l’Église. » — « En même temps que David rend grâces à Dieu pour ses propres victoires, il compose une prophétie qui concerne la personne de Christ et ses victoires sur le péché, la mort et le monde » (Luther). C’est enfin ce que reconnaissent plusieurs commentateurs modernes, Hengstenberg, Stier et autres. Tholuck dit : « Il s’agit dans ce Psaume d’un Roi qui portera encore la couronne, quand toutes les autres couronnes auront disparu. » — « Toutes les fois que nous chantons ce Psaume, nous devons le chanter en communion d’esprit avec notre Sauveur ressuscitant des morts » (Horne). Nous pouvons très bien donner également raison aux commentateurs juifs qui rapportent ce Psaume à la restauration future du peuple d’Israël, puisque c’est un événement qui se trouvera étroitement lié aux dernières victoires du Messie.

Ce Psaume se trouve déjà à quelques légères différences près dans le chap. 22 du second livre de Samuel. Nous sommes portés à croire (comme le commentateur juif Abarbanel et, parmi les modernes, Stier et Vaihinger) qu’il fut d’abord composé par David tel que nous le trouvons dans les livres historiques, puis qu’ensuite il le retravailla et y apporta quelques changements, peut-être dans le but de l’approprier au culte et que c’est cette seconde rédaction que nous possédons dans le Psautier. Hengstenberg, De Wette et d’autres considèrent au contraire cette dernière comme la plus ancienne, parce qu’elle est un peu moins parfaite sous le rapport de la forme.

On peut diviser ce Psaume en cinq strophes d’inégale longueur. La première est une introduction (2-4) ; la seconde fait le récit d’une délivrance très remarquable (5-20) ; dans la troisième le psalmiste déclare avoir mérite les bienfaits de l’Éternel par son obéissance (21-28) ; dans la quatrième il rend grâces pour les secours que Dieu lui accordait selon ses besoins (29-43) ; la cinquième exprime ses espérances pour l’avenir (44-51).

Verset 1. Pour le Maître-chantre. Pour le serviteur de l’Éternel, pour David qui adressa à l’Éternel les paroles de ce cantique, lorsque l’Éternel l’eut délivré de la main de tous ses ennemis et du bras de Saul.

Le titre de serviteur de l’Éternel est généralement donné dans l’Écriture aux hommes que Dieu emploie pour l’accomplissement de quelque œuvre importante, par exemple à Moïse (Dt 34.5), à Josué (Jos 24.29). David le prend également Ps 36.1, 89.4,21. Comp. Ac 13.36. Les Apôtres le prennent aussi fréquemment dans leurs Épîtres. Rm 1.1, etc., etc. Calvin fait remarquer que la conviction, que l’on est un serviteur de Dieu, que l’on a reçu de lui une mission et que l’on agit conformément à un commandement positif de sa part, donne beaucoup de force et beaucoup de paix. « David, dit-il, en se donnant le titre de serviteur de Dieu, voulait sans doute exprimer qu’il avait reçu de Dieu une vocation et que ce n’était point témérairement qu’il s’était chargé du royaume. Il est à remarquer que David, après tant de victoires, comblé d’honneurs, ne se donne pas d’autre titre que celui de serviteur de l’Éternel. A toutes les gloires du monde, il préfère celle d’avoir fidèlement accompli la mission que Dieu lui avait donnée. » — Entre tous les ennemis du psalmiste, Saül est nommé expressément, parce que c’était le plus redoutable.

Verset 2. Et il dit : Je veux t’aimer cordialement, ô Éternel, ma Force!

En hébreu, le verbe que nous rendons par aimer cordialement, a une énergie particulière, il signifie : aimer du plus profond de son cœur. « L’amour de Dieu est présenté comme la source de toute piété véritable ; Moïse en fait le sommaire de la loi dans Dt 10.12 » (Calvin). Quand David nomme Dieu sa force, il pensait probablement à la fois aux manifestations extérieures de la puissance de Dieu en sa faveur et à l’énergie intérieure qui lui avait été donnée d’En Haut, selon que nous le lisons 1 S 30.6 : « David se fortifia en l’Éternel, son Dieu. »

Verset 3. Éternel! mon Rocher, ma Forteresse et mon Libérateur, mon Dieu, ma Roche où je me réfugie, mon Bouclier, la Corne de mon salut et mon Boulevard!

Calvin fait remarquer que, si le psalmiste multiplie les noms qu’il donne à l’Éternel, c’est afin d’enseigner que Dieu peut approprier son secours à toutes les circonstances et à tous les besoins de ses enfants. « David, dit-il, fournit ici aux fidèles une armure complète. Son exemple nous apprend à nous prévaloir de ces titres que l’on peut donner à Dieu, dans toutes les détresses où nous pouvons nous trouver. » — Mon rocher. Belle image de la fidélité de Dieu, de l’immutabilité de ses promesses. Dans Dt 32.4, Dieu est également appelé simplement le rocher. Cette expression nous rappelle que l’Église est fondée sur une pierre ou rocher (Mt 16.18) et que Jésus lui-même est la pierre angulaire. Ep 2.20. Voyez aussi Es 28.16. Dans le second hémistiche, cette image est peut-être employée non plus pour désigner un appui d’une solidité à toute épreuve, mais un lieu de retraite. Les livres historiques nous montrent que les rochers servaient à cet usage, probablement à cause des cavernes qui s’y trouvaient. 1 S 13.6, 24:3. — Mon bouclier. Voyez Ps 3.4. — La plupart des commentateurs, à commencer par les Juifs, disent que l’expression ma corne fait allusion aux cornes des animaux qui leur servent de moyens de défense et d’attaque. C’est pourquoi aussi dans les prophètes les cornes désignent des puissances, des royaumes. Dn 7.8,21, 8.9; Ap 13.1. Ne serait-ce point comme une imitation de ce symbole fourni par la nature que l’on pourrait considérer ces coiffures en forme de corne que l’on remarque sur la tête des Assyriens de distinction dans les bas reliefs de Ninive? (Voyez l’ouvrage de Layard). — Remarquons enfin que chacun des noms que le psalmiste donne à l’Éternel est accompagné du pronom possessif, Mon rocher, etc. Tout vrai fidèle est également en état de dire : Dieu est mon Père, Jésus est mon Sauveur.

Verset 4. Je crie à l’Éternel qui est digne de louange, et je suis délivré de mes ennemis.

David nous enseigne ici par son exemple à faire entrer l’action de grâces dans nos prières, ce à quoi St-Paul nous exhorte également. Ph 4.6.

Verset 5. Les douleurs de la mort m’enserraient, les torrents de Bélial m’épouvantaient ;

La strophe qui commence par ce verset renferme un tableau éminemment poétique d’un violent orage, au moyen duquel Dieu avait délivré le psalmiste d’un danger pressant. Quelques auteurs pensent qu’il s’agit d’un orage proprement dit, par lequel Dieu serait intervenu en faveur de son serviteur. Il y a dans l’histoire du peuple d’Israël plusieurs exemples d’événements de ce genre. Ex 9.22-26 ; Jos 10.11 ; 1 S 7.10. Mais comme les livres historiques, qui cependant racontent la vie de David fort au long, ne font mention d’aucun fait de cette nature, et que d’ailleurs les jugements de Dieu sont fréquemment comparés aux grandes révolutions de la nature (par exemple Ps 144.5-8 ; Am 9.5 ; Mi 1.3,4), nous croyons, comme la plupart des commentateurs, qu’il ne faut voir ici qu’une image. Mais il n’est pas possible de déterminer quel trait particulier de son histoire le psalmiste peut avoir eu en vue. — Calvin fait remarquer qu’il n’arrive dans les cieux et sur la terre aucun changement qui ne soit un témoignage de la présence de Dieu. Et c’est aussi à ce point de vue que nous devons considérer les orages. Nous devons, comme le psalmiste, en prendre occasion de donner gloire à Dieu en reconnaissant sa puissance suprême et en nous confiant en sa bonté paternelle. Le pieux Rieger, qui paraît croire que David voulait parler d’un orage véritable, nous rappelle que, dans les jugements de Dieu qui sont encore à venir, les forces de la nature joueront probablement un rôle considérable. « David, dit-il, n’a pas été le dernier de ses serviteurs pour l’amour desquels Dieu ait ainsi ouvert son arsenal. Dans Ap 8.5, nous voyons qu’en réponse aux prières des saints il se fait « des tonnerres, des voix, des éclairs et un tremblement de terre ; » et d’après Ap 16.17-24, nous pouvons encore attendre des choses semblables. C’est pourquoi chaque enfant de Dieu a le droit de considérer un orage ordinaire comme un gage de sa future rédemption et de celle de tous les élus. » — Le mot hébreu que nous traduisons par douleurs, signifie ordinairement liens, cordeaux, mais ici les anciennes versions et les commentateurs juifs lui donnent le premier sens. L’apôtre St-Pierre l’a aussi conservé dans l’allusion qu’il paraît faire à ce passage. Ac 2.24. — Dans le second hémistiche se trouve un mot (belijahal) que nous avons considéré comme un nom propre, et en cela nous sommes d’accord avec la version hollandaise et avec celle de Luther, ainsi qu’avec Michaëlis, Home et Stier. L’usage que St-Paul fait du mot Bélial dans 2 Co 6.15 donne lieu de croire que, de son temps et probablement déjà à une époque plus reculée, c’était l’un des noms par lesquels on représentait le Diable, le Prince du royaume des ténèbres. D’autres commentateurs croient que, du temps de David, ce mot n’avait que la signification générale de méchanceté, impiété. Dans tous les cas, cette expression porte notre pensée sur le royaume des ténèbres, sur sa puissance formidable, ainsi que sur Celui qui, bien plus encore que David, fut exposé aux assauts de l’Ennemi. Voyez Luc 22.53. « C’est ici votre heure et la puissance des ténèbres. »

Verset 6. les douleurs des Enfers m’enveloppaient ; les filets de la mort m’arrêtaient.

Les enfers. Voyez Ps 6.6.

Verset 7. Dans ma détresse j’appelai l’Éternel, et criai à mon Dieu : de son temple il entendit ma voix et mon cri arriva devant lui, à ses oreilles.

Ce cri du psalmiste nous rappelle ceux du Seigneur Jésus dans les jours de sa chair (Hé 5.7) et ceux de l’Église (Luc 18.7). — Son temple. Voyez Ps 5.8.

Verset 8. Alors la terre fut secouée et ébranlée, les fondements des montagnes tremblèrent, ils furent ébranlés parce qu’Il était courroucé.

On peut rapprocher de ce verset les tremblements de terre qui eurent lieu lors de la mort de notre Seigneur et de sa résurrection. Mt 27.51 ; 28.2.

Verset 9. Une fumée montait de ses narines et de sa bouche un feu dévorant, il en sortait des charbons ardents.

Le feu est une image naturelle et saisissante de la colère de Dieu.

Verset 10. Et il abaissa les cieux et il descendit, et l’obscurité était sous ses pieds ;

L’expression : il abaisse les cieux, peint l’approche de l’orage, les sombres nuées qui s’amoncellent et qui semblent toucher la terre.

Verset 11. et il s’avança porté sur un Chérubin, il volait, il planait sur les ailes du vent.

Dans plusieurs passages, le trône de Dieu est représenté comme entouré par les Chérubins, porté par les Chérubins. Ps 80.2, 99.1; 1 S 4.4 ; Ez 10.18-20 ; Ap 4.6,7. La plupart des commentateurs ne voient dans les Chérubins que des êtres imaginaires, des symboles des forces divines déployées dans la création. Mais comme dans plusieurs passages nous les voyons figurer à côté des Anges et des Saints glorifiés (Ap 4.6-8, 5.11-14, 19.4), nous ne pouvons guère douter qu’ils n’aient une existence réelle. Ils paraissent placés sur un degré très élevé de l’échelle des êtres et appartiennent peut-être à cette classe d’intelligences célestes que St-Paul appelle trônes, principautés, dominations. Col 1.16. Les Chérubins sont représentés comme ayant des mains (Gn 3.24), des ailes (Ex 25.20), et comme réunissant en leur personne la figure de l’homme, du lion, du taureau et de l’aigle (Ez 1.4-12) ; mais il n’est guère possible de déterminer si c’est sous cette forme-là qu’ils existent réellement, ou si les auteurs sacrés emploient ces expressions pour nous donner une idée approximative des créatures de cette classe. Ils sont appelés tantôt Chérubins (mot qui, si on le rapproche d’un verbe arabe, signifie les terribles, les redoutables), tantôt êtres vivants. En comparant Ez 1.4,5 avec Ez 10.1 ; Ap 4.6-8, on peut se convaincre en effet que les êtres vivants sont bien les mêmes que les Chérubins. Nous disons les êtres vivants, car le terme d’animaux qui se trouve dans nos versions françaises donne une idée fausse et ne correspond pas au terme de l’original (en hébreu kaiot, en grec zoa). La version anglaise l’a bien rendu par : créatures vivantes. Bien loin de nous présenter les Chérubins comme des créatures d’un ordre inférieur (ce dont le nom d’animaux donnerait l’idée), la Bible nous en parle comme de créatures supérieures à l’homme et chez lesquelles la vie est élevée au plus haut degré de puissance, comme des êtres que Dieu admet près de son trône, par l’intermédiaire desquels il reçoit les hommages des autres créatures et qu’il emploie à l’accomplissement de ses desseins adorables. Des Chérubins sont placés à l’entrée du jardin d’Éden après que l’homme a en été banni (Ge 3.24); des Chérubins étaient représentés sur le propitiatoire et sur les tentures du tabernacle (Ex 25.18 ; 26.1), probablement dans le but de rappeler que les intelligences célestes s’intéressent à l’œuvre magnifique de la rédemption, à tout ce qui concerne le salut des enfants d’Adam (comp. 1 P 1.12) ; nous les retrouvons dans le ciel mêlant leurs cantiques d’actions de grâces à ceux de l’humanité sauvée et glorifiée. Ap 4.8,9. Nous devons reconnaître toutefois que c’est un sujet qui présente d’assez grandes difficultés. (On peut consulter l’ouvrage du docteur Baehr : Symbolik des mosaïschen Cultus, I. 341).

Verset 12. Il se fit des ténèbres une couverture, et comme, sa tente, autour de lui : c’étaient ténèbres d’eaux, nuées entassées.

Nuées entassées. Littéralement : nuées de nuées.

Verset 14. Et l’Éternel tonna dans le ciel, le Très-Haut fit retentir sa voix ; avec la grêle et des charbons de feu.

« Le psalmiste appelle le tonnerre la voix de Dieu, afin que nous ne nous imaginions pas qu’il est produit par le hasard, uniquement par des causes naturelles, sans le commandement du ciel. Les philosophes ne regardent qu’aux causes secondes, mais David s’élève en esprit au-dessus des phénomènes naturels et rend hommage au gouvernement de Dieu » (Calvin). Comparez Ps 29.3.

Verset 17. Il envoya d’en haut, il me saisit, il me tira des grosses eaux ;

Les grosses eaux. Image fréquente d’une grande détresse. Voyez Ps 32.6, 42.8, 69.2.

Verset 18. il me délivra de mon ennemi puissant, et de ceux qui me haïssaient, car ils étaient plus forts que moi.

En parlant de son ennemi, le psalmiste pensait sans doute particulièrement à Saul. — Car ils étaient plus forts que moi. « Le moment où Dieu a coutume de venir au secours des siens est celui où ils se trouvent hors d’état de se défendre contre leurs ennemis » (Calvin).

Verset 20. et il me fit sortir au large, il me dégagea, parce qu’il avait mis son plaisir en moi.

Au large. Voyez Ps 4.2. — Il met son plaisir en moi. Parole qui est dans une certaine mesure applicable à David et à tous les vrais fidèles (voyez Ps 147.11, 149.4), mais qui n’était vraie dans toute sa plénitude que pour le fils de David. Mt 3.17, 17.5.

Verset 21. L’Éternel m’a traité selon ma justice, il m’a rendu selon la pureté de mes mains.

Nous avons déjà expliqué, à l’occasion de Ps 17.1 et dans l’Introduction chap. VI, dans quel sens le psalmiste pouvait parler de sa justice et de la pureté de ses mains.

Verset 22. Car j’ai gardé les voies de l’Éternel et n’ai point méchamment abandonné mon Dieu ;

En déclarant qu’il n’avait pas abandonné son Dieu, David ne parle que de la direction habituelle de sa vie, car il avait eu des moments de chute dans lesquels, si la grâce divine ne l’avait pas relevé et ramené, il aurait abandonné Dieu tout à fait. Voici le jugement que le Saint-Esprit a porté sur l’ensemble de la vie de David : « Il a fait ce qui est droit devant l’Éternel, et, tout le temps de sa vie, il ne s’est point détourné de rien qu’il lui eût commandé, excepté dans l’affaire d’Urie, le Hétien » 1 Rois 15.5.

Verset 23. tous ses arrêts étaient devant moi et je n’éloignais point de moi ses statuts.

« C’est la méditation de la loi de Dieu qui donnait au psalmiste cette inflexible constance » (Calvin). Voyez Ps 1.1,2, 17.4.

Verset 24. J’étais parfait devant lui et je me gardais de mon iniquité.

Sur l’expression « parfait » voyez Ps 15.2. « Les impies dédaignent ces efforts journaliers pour se régénérer et pour se garder du péché, parce qu’ils se croient purs, qu’ils n’ont pas devant les yeux les arrêts du Seigneur et qu’ils ne comprennent pas l’étendue de la pureté qu’il exige » (Luther).

Verset 26. A celui qui aime, tu montres ton amour, à l’homme parfait, tu te montres parfait ;

« L’idée générale renfermée dans ce verset et le suivant, c’est que Dieu ne manque pas de déployer sa bonté et sa fidélité en faveur de ses vrais serviteurs » (Calvin). — Celui qui aime. Dans l’original se trouve le mot (kasid) que nous rendons ordinairement par adorateur (Voyez Ps 4.4). Ici nous avons cru devoir le rendre par une expression qui rappelle son sens primitif, afin de faire mieux ressortir le rapport étroit que le psalmiste établit entre la conduite de l’homme et la conduite de Dieu, rapport qui en hébreu est rendu sensible à l’œil et à l’oreille par l’emploi de substantifs et de verbes dérivés de la même racine (him kasid titekasad, etc.) — La pureté est celle dont parle notre Seigneur dans Mt 5.8. — En parlant de Dieu, l’expression : tu te montres pervers a quelque chose d’étrange ; Calvin l’explique très bien en disant que Dieu est forcé en quelque sorte de montrer en vers les méchants une sévérité qui semble contre sa nature. Aux yeux des méchants les dispensations divines ont une apparence d’injustice. Lv 26.23,24 ; Ez 18.25.

Verset 28. Car toi, tu délivres le peuple afflige, mais tu abaisses les yeux hautains.

Ce verset nous rappelle les nombreuses déclarations de l’Écriture contre les orgueilleux (Voyez I Pi 5.5 ; Jc 4.6). — « Il semble quelquefois que Dieu abandonne les fidèles dans leurs afflictions ; mais il faut considérer la fin, il finit toujours par les sauver » (Calvin).

Verset 29. Oui, toi, tu fais luire ma lampe ; l’Éternel mon Dieu éclaire mes ténèbres.

Dans la quatrième strophe qui commence par ce verset, le psalmiste fait connaître les espérances qu’il fondait sur ses expériences. Il considère les délivrances dont il a été l’objet, comme pouvant se renouveler, se reproduire sans cesse. — La prospérité est souvent représentée chez les Orientaux par les images de lumière, lampe, clarté (Voyez Jb 21.17) ; ici le psalmiste a probablement en vue la dignité royale dont il avait été revêtu (Comp. 2 S 21.17 ; 1 R 11.36 ; Ps 132.17). Les rabbins voient aussi dans ce passage une promesse de la restauration de leur peuple ; il s’agit selon eux de la lampe d’Israël qui s’est éteinte dans la dispersion. — « Éclaire mes ténèbres » (Comp. Ps 13.4).

Verset 30. Oui, en toi je puis fondre sur une troupe, en mon Dieu franchir une muraille.

La préposition (be) qui est employée dans ce verset devant toi et mon Dieu exprime d’abord l’idée de contact, de voisinage, d’accompagnement, et de là l’idée de secours, d’assistance. Souvent elle est placée devant le nom de Dieu pour signifier que celui qui parle se sent en communion avec Dieu et que c’est en lui qu’il trouve sa force. Dans ce cas elle correspond à la préposition en (en grec : en) fréquemment employée dans le Nouveau Testament pour représenter l’union qui existe entre le Seigneur Jésus et ses rachetés, par exemple lorsque St-Paul dit « qu’il peut tout en Christ qui le fortifie. » Ph 4.13.

Verset 31. C’est le Dieu dont la voie est parfaite : la parole de l’Éternel est purifiée au creuset ; il est un bouclier pour tous ceux qui se réfugient en Lui.

Ce que le psalmiste dit de la parole de l’Éternel se rapporte plus particulièrement à ses promesses. C’est à cause de la fidélité de Dieu que l’on trouve en Lui une force mer veilleuse (Voyez Ps 12.7).

Verset 32. (Car qui est Dieu si ce n’est l’Éternel, et qui est un Rocher si ce n’est notre Dieu?)

Ce verset forme une sorte de parenthèse dans laquelle le psalmiste exprime combien le Dieu qu’il invoque est supérieur aux fausses divinités, dans lesquelles le monde se confie (Comp. Es 44.8). Les rabbins disent que les peuples prononceront un cri d’admiration semblable quand ils seront témoins des merveilles que Dieu opérera pour les débris du peuple d’Israël. — « Rocher » (Voyez verset 3).

Verset 33. C’est le Dieu qui me ceint de force et qui rend ma voie parfaite ;

Ce verset et les suivants rappellent Ps 144.1,2 et ce que dit St-Paul de l’armure du chrétien. Ep 6.11,17. —Quand David dit que Dieu rend sa voie parfaite, il est possible qu’il veuille parler du secours que Dieu lui accordait pour marcher dans l’obéissance ; mais le contexte nous porte à croire avec la plupart des commentateurs qu’il s’agit plutôt des délivrances par lesquelles Dieu prépare à ses enfants une vie heureuse et paisible (Comp. Dt 32.4).

Verset 34. il fait que mes pieds égalent ceux des biches et m’affermit sur mes hauteurs ;

Pieds semblables à ceux des biches. Image d’agilité. — David appelle ses hauteurs celles où il avait l’habitude de se réfugier (Voyez Ps 11.1).

Verset 35. il dresse mes mains au combat, en sorte qu’un arc d’airain a été rompu par mes bras.

Le second hémistiche du verset 35 peut aussi se traduire : et mes bras ont tendu un arc d’airain (De Wette, Stier, Hengstenberg). En tout cas il s’agit de la force dont l’Éternel revêt ceux qui se confient en Lui.

Verset 36. Tu me donnes le bouclier de ton salut, ta droite me soutient, et ta débonnaireté me fait grand.

Au verset 36 il y a une expression fort remarquable. Quand le mot hébreu (haneva) que nous rendons par débonnaireté est employé en parlant de Dieu, il exprime sa condescendance, sa patience, sa longanimité envers ses créatures faibles et pécheresses. Ce même caractère est attribué à Dieu So 2.3, au Messie Ps 45.5. Ce passage nous rappelle ces paroles du Ps 8.5 : « Qu’est-ce que le mortel que tu te souviennes de lui » et ces paroles de Jésus-Christ : « Je suis doux et humble de cœur. » Mt 11.29. (Voyez aussi Ps 113.5,6).

Verset 37. Tu élargis mon chemin sous mes pieds, et mes talons ne chancellent point.

« Tu élargis mon chemin » (Voyez Ps 4.2). « Promesse fort utile pour nous corriger de notre défiance ; en effet quand nous n’avons pas devant les yeux une plaine agréable, en laquelle la chair puisse se réjouir librement, nous tremblons, comme si la terre allait nous manquer » (Calvin).

Verset 38. Je poursuis mes ennemis et les atteins, et ne reviens qu’après les avoir achevés ;

Dans ce verset et les suivants, le psalmiste décrit les victoires qu’il avait remportées et pouvait remporter encore sur ses ennemis. Si quelques-unes des expressions qu’il emploie peuvent nous paraître dures, il faut se rappeler ce que nous avons dit dans l’Introduction (ch. VI) sur les Psaumes de vengeance. St-Augustin fait une belle application de ce morceau en disant : « Je veux poursuivre mes affections charnelles et ne veux pas m’en laisser surmonter ; je veux les saisir, jusqu’à ce qu’elles soient consumées. » Quand nous sommes en lutte contre nos ennemis spirituels, il est bien encourageant de savoir que le Christ nous soutient, qu’il combat avec nous, qu’il a même déjà remporté la victoire. Jean 16.33.

Verset 39. je les écrase et ils ne peuvent se relever, ils tombent sous mes pieds.

« Ils tombent sous mes pieds. » Passage qui rappelle la victoire finale du Christ, annoncée Ps 110.1, et celle qui est promise à ses rachetés. Rm 16.20.

Verset 42. Ils crient, mais point de libérateur, à l’Éternel, mais il ne leur répond pas.

« Ils crient et il ne leur répond pas. » Il s’agit de prières faites sans foi, sans humiliation, sans repentance. « Dieu n’exauce pas les méchants. » Jean 9.31. Hâtons-nous de prier, de crier, de heurter à la porte, avant qu’elle soit fermée!

Verset 43. Je les broie comme la poussière qu’emporte le vent, et je les balaie comme la boue des rues.

Image semblable à celle du Ps 1.4.

Verset 44. Tu me délivres des débats du peuple, tu m’établis pour chef des nations ; un peuple que je ne connaissais pas m’est assujetti.

Ces versets et les suivants se rapportent évidemment bien plus au royaume du Messie qu’à celui de David. Il s’agit d’un royaume qui doit recevoir successivement dans son sein tous les peuples de la terre et réunir ceux qui étaient divisés. Ps 72.8-11. « C’est le Christ qui parle ici et avec lui tous les membres de son corps. » (St-Augustin). — Les débats du peuple désignent les ennemis que le psalmiste avait eu à combattre dans l’intérieur de son propre royaume, par exemple Absalom. Il est encourageant pour nous de savoir que Jésus-Christ est puissant pour défendre son royaume aussi bien contre les ennemis du dedans (divisions, schismes, hérésies, etc.) que contre ceux du dehors.

Verset 45. Dès que leur oreille a entendu ils m’obéissent, les enfants de l’étranger me flattent ;

« Dès qu’ils ont entendu parler de moi, ils m’obéissent. » La prédication de l’Évangile soumet les peuples à la domination du Roi-Messie. « La foi vient de l’ouïe, et l’ouïe par la parole de Dieu. » Rm 10.17. — « Les enfants des étrangers me flattent. » Le verbe hébreu que nous rendons par flatter signifie proprement mentir, et s’emploie en parlant des hommages souvent hypocrites, que les vaincus rendent au vainqueur. Dt 33.29 ; Ps 66.3, 81.16.

Verset 46. les enfants de l’étranger sont abattus et sortent en tremblant de leurs châteaux.

Quelques-uns traduisent : « ils tremblent dans leurs châteaux ; » mais la traduction que nous donnons est appuyée par Mi 7.17.

Verset 47. L’Éternel est vivant et mon Rocher est béni! Le Dieu de mon salut est haut élevé!

L’expression : « l’Éternel est vivant, » est probable ment empruntée au chapitre 32 du Deutéronome, verset 40, dans lequel le psalmiste a trouvé celle de rocher (Voyez aussi Ps 42.3). Combien il est précieux pour le fidèle de se rappeler que son Dieu est vivant, toujours le même, aux siècles des siècles (Voyez Ap 1.4-8 ; Hé 13.8).

Verset 48. le Dieu qui me donne des vengeances et qui range les peuples sous moi.

« Le Dieu qui me donne des vengeances » (Comp. l’explication de verset 38). Encore ici David parle en sa qualité de roi, comme ayant reçu de Dieu une mission, mission que Dieu donne en tout temps aux princes et aux magistrats, mais non à tous les fidèles (Voyez Rm 12.19, 13.1-4).

Verset 50. Aussi je te célébrerai parmi les nations, ô Éternel, et je chanterai ton nom.

Calvin fait remarquer que c’est avec raison que St-Paul, dans Rm 15.9, cite une portion de ce verset comme preuve de la vocation des Gentils, car pour que Dieu puisse être célébré au milieu d’eux, il faut qu’ils soient amenés eux-mêmes à la connaissance de Dieu. Cet événement est annoncé encore dans d’autres passages des Psaumes. Ps 72.11-17, 117.1.

Verset 51. Il accorde de grandes délivrances à son Roi, il montre son amour à son Oint, à David et à sa postérité, éternellement.

Le verset 51 paraît faire allusion à la remarquable promesse que David avait reçue delà bouche du prophète Nathan. 2 S 7.12-16. En parlant de sa postérité, David pensait bien moins à sa dynastie qui ne resta sur le trône que pendant un temps limité, qu’au Messie dont le royaume n’aura jamais de fin. Comparez : « Je rendrai sa postérité éternelle et je donnerai à son trône la durée des cieux. » Ps 89.30. De Wette suppose que le verset 51 a été ajouté au Psaume par une main étrangère. Il trouve étrange que David remercie Dieu des bienfaits qui devaient être accordés à sa race dans l’avenir. A notre tour nous aurions le droit de qualifier d’étranges de pareilles objections.

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 155-170

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