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Commentaire sur le Psaume 16

Cantique d’or, pour David

  1. Garde-moi, ô Dieu, car je me réfugie vers Toi!
  2. Je dis à l’Éternel : Tu es le Seigneur! Mon bien n’est pas à cause de Toi ;
  3. il est pour les saints qui sont sur la terre, les excellents en qui je prends tout mon plaisir.
  4. Les douleurs se multiplient pour ceux qui courent à un autre ; je ne répandrai point leurs libations de sang, je ne porterai point leur nom sur mes lèvres.
  5. L’Éternel est ma part d’héritage et ma coupe ; c’est toi qui maintiens mon lot.
  6. Les cordeaux me sont échus dans des choses agréables, un bel héritage aussi m’appartient.
  7. Je bénis l’Éternel qui a été mon conseil ; même durant les nuits mes reins m’exhortent.
  1. Je me propose l’Éternel devant moi constamment : parce qu’il est à ma droite je ne serai point ébranlé.
  2. C’est pourquoi mon cœur est dans la joie, ma gloire s’égaie, ma chair elle-même reposera en sûreté ;
  3. car tu n’abandonneras point mon âme aux Enfers, tu ne laisseras point ton adorateur voir la fosse ;
  4. tu me feras connaître le sentier de la vie ; il y a devant ta face rassasiement de joie, dans ta droite des délices, éternellement.

« Aucun Psaume, dit Umbreit, n’exprime avec autant de force la paix et la joie d’une âme qui dans le sentiment de sa communion inaltérable avec le Dieu qui est la source de la vie, ne craint ni la mort ni la corruption. » Nous voyons David exprimer fréquemment dans ses Psaumes des sentiments de cette nature. Cependant ce n’est pas de lui-même qu’il parle dans celui-ci, mais de Celui dont il était le type et le père selon la chair. Les derniers versets du Psaume sont expressément cités dans le Nouveau Testament comme étant accomplis non en sa personne, mais en celle de notre Sauveur. Voici ce que dit St-Pierre aux Juifs rassemblés en grand nombre autour de Lui le jour de la Pentecôte : « Hommes frères, je puis bien vous dire librement touchant le patriarche David qu’il est mort et qu’il a été enseveli, et que son sépulcre est parmi nous jusqu’à ce jour ; mais comme il était prophète, et qu’il savait que Dieu lui avait promis, avec serment, que du fruit de ses reins il ferait naître, selon la chair, le Christ, pour le faire asseoir sur son trône, il a dit de la résurrection de Christ en la prévoyant, que son âme n’a point été laissée au sépulcre et que sa chair n’a point senti la corruption. » Ac 2.29-31. Notre Psaume est encore cité comme une prophétie par St-Paul dans sa prédication à Antioche de Pisidie. Ac 13.35-37.

Nous ne saurions mieux faire que de nous en tenir à l’interprétation que le St-Esprit lui-même a donnée de ce Psaume par la bouche des Apôtres. En face de textes aussi positifs, nous ne pouvons pas adopter l’opinion de Calvin et de quelques théologiens modernes, évangéliques d’ailleurs (Hengstenberg, Tholuck, etc.), qui disent que ce Psaume ne s’applique à Jésus-Christ qu’indirectement et dans un sens spirituel ou mystique, et qu’il n’est pas une prophétie proprement dite. Telle n’était pas la manière de voir des anciens théologiens. « Dans ce Psaume, dit St- Augustin, c’est notre Roi qui parle et qui exprime les sentiments de la nature humaine dont il s’était revêtu. » « Ces passages du livre des Actes nous montrent très clairement quel est le sens de ce Psaume. Au fond il n’a pas besoin de nos explications. Ce que nous avons à faire, c’est d’y chercher un modèle pour nos exercices de foi et pour nos prières » (Luther). Parmi les modernes, nous citerons encore le docteur Stier. « Les Apôtres déclarent que ce Psaume est composé par David, mais que ce n’est pas de lui-même qu’il parle. C’est ce que nous sommes tenus de croire, lors même que nous ne le comprendrions pas, car l’Esprit de Dieu est plus sage que nous. »

Toutefois nous reconnaissons aussi avec Stier que si ce Psaume se rapporte au Christ tout premièrement et directement, il exprime également les sentiments et les espérances de David, et d’autres fidèles de l’ancienne alliance, comme aussi les sentiments et les espérances des fidèles de la nouvelle alliance qui sont les membres du corps de Christ, et sous ce point de vue déjà nous pouvons y trouver une nourriture précieuse pour nos âmes. Mais l’usage principal que nous devons en faire est indiqué par le pieux Rieger. « Ces Psaumes (dit-il, en parlant du nôtre et d’autres analogues) jettent beaucoup de jour sur l’histoire de la passion du Seigneur, en ce qu’ils nous initient en quelque manière aux entretiens de ce bon Sauveur avec son Père céleste touchant ses souffrances et les fruits qui devaient en résulter. La foi dont ces Psaumes contiennent l’expression a été mise en exercice de diverses manières dans la vie terrestre du Christ, et tout cela subsiste devant Dieu comme un sacrifice éternel aussi frais, aussi vivant et aussi puissant, que lorsque Jésus est allé au Père pour la première fois. Maintenant encore nous pouvons fortifier notre faible foi en étudiant tous ces soupirs qui sont sortis du cœur de Jésus pendant ses souffrances. Que ne savons-nous pénétrer plus souvent par la foi dans ce sanctuaire où le Seigneur Jésus a apporté son sacrifice éternellement efficace, où ses soupirs, ses Psaumes, plaident conjointement avec son sang pour nous gens de petite foi, et où ce divin Sauveur continue jour après jour à exercer en notre faveur ses fonctions de souverain sacrificateur compatissant et miséricordieux! » Voir aussi ce que nous avons dit dans l’Introduction, Ch. I, sur l’usage que notre Seigneur a pu faire des Psaumes dans ses prières.

Rien ne nous indique à quelle époque de la vie de David ce Psaume a pu être composé. Toutefois il est assez probable que ce dut être dans un temps où lui-même se trouvait dans des circonstances difficiles, peut-être en danger de mort et où ses propres sentiments lui ont fourni les traits avec lesquels, poussé par l’Esprit de Dieu, il a représenté la confiance triomphante du Messie.

On peut diviser le Psaume en deux strophes ; dans la première, le psalmiste (le Messie par sa bouche) déclare que c’est en Dieu qu’il a cherché son bonheur et la règle de sa vie (1-7) ; dans la seconde, il expose les conséquences du choix excellent qu’il a fait ; ce même Dieu le délivrera, même de la puissance du sépulcre (8-11).

Le titre de ce Psaume renferme un mot (mictam) qui ne se retrouve dans l’Ancien Testament que dans quelques autres titres de Psaumes et que l’on ne peut pas traduire avec une complète certitude. La traduction que nous en donnons est appuyée par l’autorité des rabbins Kimchi et Aben-Esra, et elle a été adoptée par Luther et par les auteurs de la version hollandaise. Rieger, qui la préfère également, dit à ce sujet : « Ce titre doit nous faire souvenir que nous devons estimer cette portion de la parole de Dieu plus que l’or et l’argent le plus fin, puisqu’elle contient une révélation si importante au sujet de la foi que le Fils de Dieu a conservée dans son âme. » Hengstenberg , Haevernick et d’autres rendent ce mot par : chant mystérieux. D’autres encore, comme De Wette, Stier et Perret-Gentil, le rendent par écrit et suivent les Septante et d’autres anciennes versions qui paraissent avoir rattaché ce mot à un verbe qui signifie sculpter, écrire en sculptant.

Verset 1. Garde-moi, ô Dieu, car je me réfugie vers Toi!

La pensée du Psaume se trouve résumée dans le premier verset. Ces paroles peuvent être rapprochées de celles que notre Seigneur prononça dans ses heures d’angoisses. « Mon âme est agitée. O Père, délivre-moi de cette heure. » Jean 12.27. « Mon Père, s’il est possible, fais que cette coupe passe loin de moi. » Mt 26.39.

Verset 2. Je dis à l’Éternel : Tu es le Seigneur! Mon bien n’est pas à cause de Toi ;

La traduction littérale du commencement de ce verset serait : Tu dis à l’Éternel, et il faudrait sous-entendre : ô mon âme. La traduction que nous donnons ne change rien au sens et sera mieux comprise. Nous trouvons d’autres passages dans lesquels le psalmiste s’entretient avec son âme, lui rappelant ses espérances, l’exhortant, etc., etc. « Pourquoi t’abats-tu, ô mon âme, et t’agites-tu au dedans de moi. » Ps 42.12. « Mon âme, bénis l’Éternel. » Ps 103.1. Cette première parole : « Tu es le Seigneur ! » exprime la conviction que le Dieu qu’on invoque est le maître des Cieux et de la terre, Celui qui tient dans ses mains puissantes le gouvernement du monde, la source de tous les biens, l’unique Sauveur. — Le second hémistiche a été traduit de différentes manières. La difficulté vient d’abord du mot (tova) que nous rendons par bien, et qui peut signifier soit le bonheur dont une personne jouit, soit le bien qu’elle fait, puis de la préposition (hal) qui en hébreu a un sens assez élastique : elle peut se rendre par : sur, par-dessus, au-delà de, au sujet de, à cause de, pour, auprès de. Plusieurs commentateurs[1] traduisent : « Mon bonheur n’est pas en dehors de loi. » Cette traduction revient à celle de deux très anciennes versions, la chaldéenne et la syriaque : « Mon bien ne vient que de toi. » Dans ce cas, le psalmiste (Christ) aurait voulu dire que Dieu lui suffit, que c’est en Dieu seul qu’il cherche son bonheur, sa force et sa joie. Ce serait une belle pensée, souvent exprimée dans nos saints livres, par exemple : « Je ne prends plaisir qu’en Toi. » Ps 73.25. Nous préférons donner à cette préposition un sens qu’elle a plus souvent et traduire : Mon bien n’est pas à cause de toi (ou pour toi). C’est ainsi, à quelques différences près, que traduisent plusieurs versions anciennes et modernes. Les Septante disent : Tu n’as pas besoin de mes biens. Les versions anglaise et hollandaise portent : Ma bonté ne s’étend pas jusqu’à toi. Si l’on adopte cette traduction, ces paroles pourraient exprimer l’idée que ce n’était pas pour la félicité de Dieu que l’œuvre d’obéissance et d’amour accomplie par le Messie était nécessaire. Mais comme le mot hébreu (tova) signifie plus ordinairement le bien que l’on reçoit et dont on jouit, que celui que l’on fait, nous croyons que le psalmiste (Messie) veut dire plutôt que ce n’est pas à cause de Dieu, à son profit, pour accroître sa félicité, qu’il demande à être gardé, délivré de ses ennemis et rendu victorieux, même de la mort. Nous mentionnons encore, mais sans l’approuver, parce qu’elle nous paraît peu naturelle, la traduction des rabbins Jarchi et David Kimchi : Mon bien ne t’est pas imposé (littéralement n’est pas sur toi), c’est-à-dire : Tu n’es pas obligé de me faire du bien ; ce n’est pas à titre de chose due que j’attends de toi les biens que je souhaite. Comme il s’agissait d’un passage difficile, nous avons cru devoir faire connaître à nos lecteurs les principales explications qui ont été proposées.

Verset 3. il est pour les saints qui sont sur la terre, les excellents en qui je prends tout mon plaisir.

Ce verset peut aussi être entendu de différentes manières parce que le mot saints, est précédé en hébreu d’une préposition (le) dont le sens est très élastique. Elle exprime la direction vers un but, la proximité, et on peut la rendre suivant les cas par : vers, avec, près de, appartenant à, en faveur de, pour. Calvin, Hengstenberg, Tholück et d’autres traduisent : « avec les saints qui sont sur la terre, les gens illustres en qui je prends tout mon plaisir. » Si l’on adopte cette traduction, le psalmiste exprimerait l’idée qu’il n’est pas isolé, mais que ses sentiments de piété et de confiance en Dieu sont partagés par d’autres fidèles. « Ce passage nous enseigne que le sacrifice le plus agréable que nous puissions offrir à Dieu, c’est de nous joindre en esprit à la compagnie des fidèles et de nous appliquer à cultiver l’amour fraternel. C’est là cette communion des saints, qui les sépare des souillures du monde et fait d’eux le précieux trésor du Seigneur » (Calvin). La traduction que nous donnons est celle qu’ont préférée la plupart des commentateurs que nous avons suivis pour le verset précédent ; elle a l’avantage d’exprimer une idée qui forme un complément naturel de celle qui est énoncée dans ce dernier. Ce n’est pas à Dieu, c’est aux saints, aux fidèles, que revient le bénéfice des délivrances et des récompenses que le Messie attend de Dieu ; ce sont les saints qui recueillent les fruits de sa résurrection, de son ascension glorieuse et de son élévation à la droite du Père. « Il est ressuscité pour notre justification. » Rm 4.25. — Les saints (kedochim) sont tous les membres du véritable Israël, tous ceux chez lesquels se trouve (autant du moins que l’on peut y parvenir ici-bas), cette sainteté à laquelle le peuple de Dieu est appelé. « Vous me serez une nation sainte. » Ex 19.6. C’est dans le même sens que les fidèles de la nouvelle alliance sont appelés les saints. Ep 1.1 ; Col 1.2, etc. Être saint, c’est proprement être mis à part, séparé de toute souillure, sans communication avec le péché. C’est ainsi que Dieu est saint et que ses enfants doivent l’être aussi. 1 Pi 1.15-16. — Les mots sur la terre sont ajoutés peut-être pour les distinguer des saints anges qui sont au ciel. S’ils sont appelés excellents (littéralement : les magnifiques, car le mot hébreu est le même que celui qui est employé en parlant du nom de Dieu lui-même Ps 8.2) ce n’est pas à cause de ce que les fidèles sont par eux-mêmes, mais à cause des œuvres admirables que Dieu a accomplies en leur faveur, de la transformation merveilleuse que sa grâce opère en leurs personnes et des privilèges glorieux dont ils sont revêtus. (Comp. Rm 8.29). « Cette expression doit nous rappeler aussi que nous ne devons pas nous laisser éblouir par le faux éclat du monde et que nous ne devons rien admirer plus que la sainteté et la justice qui brillent dans les enfants de Dieu » (Calvin). Les mots : en qui je prends tout mon plaisir expriment d’une manière touchante l’amour du Sauveur pour ses rachetés, qui ne le cède en rien à celui dont il est l’objet de la part du Père. Mt 3.17.

Verset 4. Les douleurs se multiplient pour ceux qui courent à un autre ; je ne répandrai point leurs libations de sang, je ne porterai point leur nom sur mes lèvres.

Le psalmiste (Messie) voulant parler du bonheur qu’il goûtait dans la communion avec son Dieu, commence par exprimer le profond éloignement que lui inspiraient les idolâtres et leurs œuvres. Mais ce n’est pas seulement du paganisme proprement dit qu’il s’agit. L’expression courir après un autre, comprend l’idolâtrie sous toutes ses formes, l’assujettissement au péché et à une passion quelconque, l’amour désordonné pour les créatures. Le verbe courir (littéralement : se hâter), peut aussi avoir été choisi pour marquer l’empressement que les idolâtres de tout genre apportent dans le culte de leurs divinités. C’est cette ardeur insatiable dont parle l’Apôtre. Ep 4.19. — Les libations de sang. Dans les rites païens on répandait du sang humain ; mais comme c’est probablement les idolâtres de son propre peuple que le psalmiste avait en vue, cette expression doit être prise au sens figuré. Elle représente un culte impur, souillé par l’hypocrisie et les mauvaises œuvres de ceux qui l’offrent (Voyez Es 66.3). — Je ne porterai pas leurs noms sur mes lèvres. La loi de Moïse (Ex 23.13) défendait aux Israélites de prononcer les noms des faux dieux des peuples voisins, défense destinée à leur inspirer une profonde horreur pour l’idolâtrie et qui pouvait être considérée comme s’étendant aussi aux noms des idolâtres eux-mêmes. Le fidèle doit s’abstenir même de ce qui a l’apparence du mal, de tout acte qui pourrait être envisagé comme une participation à quelque fausse doctrine, au culte d’une Église corrompue, et en général aux mauvaises œuvres des enfants du diable. Il est des choses qui ne doivent pas même « être nommées parmi les chrétiens. » Ep 5.3.

Verset 5. L’Éternel est ma part d’héritage et ma coupe ; c’est toi qui maintiens mon lot.

Les mots : « l’Éternel est ma part d’héritage, » font peut-être allusion à la position des Lévites qui seuls entre les douze tribus ne possédaient point de territoire en Israël et qui étaient obligés d’attendre plus directement de Dieu (par le moyen des offrandes du peuple) les ressources nécessaires à leur subsistance (Voyez Dt 18.1-2). — L’expression coupe a été expliquée à l’occasion du Ps 11.6. — Calvin fait remarquer que ce verset explique en quelque manière le verset 4 dans lequel le psalmiste rejette toute communion avec les idolâtres, « car, dit-il, toutes les erreurs et toutes les idolâtries proviennent de ce qu’on ne se contente pas de Dieu. » Il ne suffit pas de posséder une chose, il faut de plus que sa possession nous soit assurée, que nous soyons protégés contre ceux qui entreprendraient de nous la ravir ; c’est pourquoi le psalmiste ajoute : c’est toi qui maintiens mon lot. Il nous est bien précieux de savoir que « l’héritage est gardé dans les cieux pour nous, et que nous-mêmes nous sommes gardés par la puissance de Dieu par la foi, afin que nous obtenions le salut. » 1 Pi 1.4,5.

Verset 6. Les cordeaux me sont échus dans des choses agréables, un bel héritage aussi m’appartient.

Les cordeaux sont l’image d’une possession, d’un domaine. On mesurait les terres au cordeau. Js 17.5 ; Am 7.17. Le psalmiste en parlant de choses agréables, d’un bel héritage, veut donner à entendre combien il était satisfait de la part qui lui était échue. Or ce que le Christ disait de lui-même dans ces versets et les suivants, tout fidèle, qui par la foi est devenu un véritable membre de son corps, peut le dire également. Aussi nous pouvons ajouter avec Calvin. « Lorsqu’il se présente quelque chose qui pourrait nous détourner de Dieu, considérons aussitôt que notre part est pourtant bien belle, puisque le Dieu qui est la source de tous les biens s’est donné à nous en jouissance. »

Verset 7. Je bénis l’Éternel qui a été mon conseil ; même durant les nuits mes reins m’exhortent.

On peut rapporter ce verset aux secours mystérieux que le Messie recevait de son Père pour poursuivre l’œuvre dans laquelle il était engagé, secours qui lui étaient accordés particulièrement pendant ces nuits qu’il passait en prières et en saintes méditations. Marc 1.35. — L’expression conseillé nous rappelle cet Esprit de conseil qui devait reposer en abondance sur le Messie. Es 11.2. — Mes reins (Voyez l’explication de Ps 7.10).

Verset 8. Je me propose l’Éternel devant moi constamment : parce qu’il est à ma droite je ne serai point ébranlé.

Se proposer l’Éternel devant soi, c’est « nous tenir pour assurés qu’il est près de nous lors même qu’il paraît être le plus loin. Avec une pareille conviction nous ne serons pas induits en erreur par les vaines fantasmagories que le monde fait passer devant nous (Calvin). » — Il est à ma droite. Ces mots indiquent le fondement de la confiance exprimée dans le premier membre. Ils rappellent cette promesse adressée au Messie : « Le Seigneur qui est à ta droite écrase des rois au jour de sa colère » Ps 110.5, et cette parole de notre Seigneur : « Celui qui m’a envoyé est avec moi, le Père ne m’a point laissé seul. Jean 8.29.

Verset 9. C’est pourquoi mon cœur est dans la joie, ma gloire s’égaie, ma chair elle-même reposera en sûreté ;

La paix et la joie sont les fruits de la confiance. — Les commentateurs juifs s’accordent à dire que dans ce passage, comme dans quelques autres, le mot gloire doit représenter l’âme parce que c’est elle principalement qui constitue la dignité de l’homme (Voyez Ps 7.6). Le parallélisme avec cœur confirme cette explication. La version des Septante a rendu le mot hébreu par langue, peut-être parce que le don de la parole est l’un des plus glorieux privilèges accordés à l’homme. St-Pierre en citant ce passage (Ac 2.26) a reproduit cette traduction d’après le principe que nous avons expliqué à l’occasion de Ps 2.9.

Verset 10. car tu n’abandonneras point mon âme aux Enfers, tu ne laisseras point ton adorateur voir la fosse ;

Les rationalistes ne voient dans ces remarquables paroles qu’une prière que le psalmiste adresse à Dieu pour être préservé de la mort qui le menace. — Sur les Enfers voyez Ps 6.6. Le Seigneur Jésus est bien entré dans les Enfers, dans le séjour des morts ; il est descendu aux Enfers, dit le Symbole des Apôtres ; son esprit y est allé pendant le temps qui s’est écoulé entre sa mort et sa résurrection ; mais il y est entré en vainqueur de la mort, comme prédicateur de la bonne nouvelle (1 Pi 3.19) ; il n’y a point été laissé ; il n’y est pas resté comme David et les autres fidèles qui y sont retenus en attendant le grand jour de la résurrection (Comp. Ac 2.29). — Le mot[2] adorateur (en hébreu : kasid) a été expliqué à l’occasion de Ps 4.4. Les Septante l’ont rendu ici par saint, et cette version a été conservée par St-Pierre (Ac 2.27), parce que la pensée demeurait intacte (Comp. l’explication de Ps 2.9). — Le mot hébreu (chakat) que nous rendons par fosse ou tombeau, a ce sens dans la plupart des passages où on le trouve. Il est possible qu’il ait eu aussi celui de corruption, que lui donnent les Septante et qui a été reproduit dans le Nouveau Testament, Ac 2.27 ; 13.35. D’ailleurs encore ici la pensée reste la même pour le fond.

Verset 11. tu me feras connaître le sentier de la vie ; il y a devant ta face rassasiement de joie, dans ta droite des délices, éternellement.

Ce verset aussi bien que ceux qui précèdent, s’applique tout d’abord au Messie, mais il exprime aussi les espérances de ceux qui lui sont unis par la foi ; aussi ce sont des paroles bien propres à consoler les affligés, les malades, les mourants. Quand les rationalistes ne voient dans ce sentier de la vie que l’espoir d’une prolongation de vie, on peut leur répondre avec Calvin : « C’est se faire une trop maigre idée de la grâce de Dieu que de dire qu’il nous fait connaître seulement quelques années de vie. » Il s’agit de cette vie impérissable et glorieuse dont le Seigneur Jésus est en possession et qu’il communique à tous ses rachetés. Jean 17.2,24. — On peut traduire aussi : à ta droite. En tout cas nous pouvons rapprocher ce passage de ceux qui nous parlent de l’élévation du Christ à la droite du Père (Voyez Ps 110.1 ; Ep 1.20 ; Ph 2.9-11).

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 138-148

[1] Hengstenborg, Tholück, Lisco, de Gerlach ct autres.

[2] En hébreu le mot est au pluriel (tes adorateurs), mais une note des docteurs juifs (rabbins), qui se sont occupés de l’étude du texte, invite à y substituer le singulier. Et c’est aussi le singulier que nous trouvons dans toutes les anciennes versions, à commencer par celle des Septante, dans le Nouveau Testament (Ac 2.27, 13.35), et dans les plus anciennes éditions de l’A.T. imprimées au XVe et au XVIe siècle. Le singulier s’accorde aussi bien mieux avec les versets qui précédent, où le Messie ne parle que de sa propre personne. On peut expliquer l’introduction du pluriel dans quelques manuscrits, par l’intérêt qu’avaient les Juifs à altérer un passage aussi important pour les chrétiens. Ceux de nos lecteurs qui désirent plus de détails sur ce point peuvent consulter le commentaire de Rosenmüller et la Christologie de Hengstenberg, I, 167-169.

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