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Commentaire sur le Psaume 148

  1. Alléluia! Louez l’Éternel dans les cieux, louez-le dans les plus hauts lieux!
  2. Louez-le tous, vous ses anges ; louez-le toutes, vous ses armées!
  3. Louez-le, soleil et lune ; louez-le toutes, étoiles lumineuses!
  4. Louez-le, cieux des cieux, vous aussi, eaux qui êtes au-dessous des cieux!
  1. Qu’ils louent le nom de l’Éternel! Car il commanda, et ils furent créés ;
  2. il les établit pour toujours, à perpétuité ; il donna un statut, et ils ne le transgresseront point.
  1. Louez l’Éternel sur la terre, vous, baleines et tous les abîmes ;
  2. feu, grêle, neige, vapeurs, vent de tempête qui exécutez sa parole ;
  3. vous, montagnes, et toutes les collines, vous, arbres fruitiers et tous les cèdres ;
  4. vous, bêtes sauvages, et tout le bétail, reptiles et oiseaux ailés ;
  5. vous, rois de la terre et tous les peuples, vous, princes et tous les juges de la terre ;
  6. jeunes hommes et vierges, vieillards et enfants!
  1. Qu’ils louent le nom de l’Éternel! Car son nom seul est grand, sa splendeur est au-dessus de la terre et des cieux ;
  2. il a suscité une corne à son peuple, sujet de louange pour tous ses adorateurs, pour les enfants d’Israël, peuple qui lui est proche. Alléluia!

 

Ce Psaume, l’un des morceaux les plus sublimes de la poésie des Hébreux, a beaucoup de rapports avec les Ps 8.19 et 104 qui nous montrent comment « les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil quand on considère ses ouvrages » (Rm 1.20). Mais il va plus loin encore ; ces appels adressés directement à toutes les créatures, même à celles qui sont dépourvues d’intelligence, ont un caractère prophétique et portent nos pensées sur le temps encore à venir où la création, maintenant « assujettie à la vanité et soupirant après la liberté glorieuse des enfants de Dieu » (Rm 8.20-21), sera affranchie de la malédiction qui pèse sur elle, s’associera au relèvement et à la glorification de l’humanité rachetée par Jésus-Christ et prendra une part active au concert universel de louanges qui s’élèvera en l’honneur du Dieu créateur, sauveur et sanctificateur. Nous avons trouvé déjà dans d’autres Psaumes des allusions à cette restauration future de la création, à ce renouvellement de la terre et des cieux. Comp. Ps 96.11-13, 98.7-9, 104.35 ; Es 65.17,25 ; 2 Pi 3.13. Les rabbins s’accordent avec nous pour attribuer à ce Psaume un caractère prophétique. « Il sera chanté quand le Rédempteur viendra, selon Es 59.20 » (Kimchi), et Abenesra dit qu’il renferme de profonds mystères. Des passages comme ceux-là doivent nous rendre plus attentifs aux merveilles et aux beautés de la création, en même temps qu’ils sont bien propres à étendre notre horizon spirituel et à nous pénétrer de la pensée de la valeur de nos âmes immortelles, puisqu’à leurs destinées se rattachent celles de l’univers entier.

Ce Psaume n’est pas moins remarquable sous le rapport de la forme que par le sujet qu’il expose. Les idées se succèdent avec une symétrie frappante. La première strophe s’adresse aux créatures qui habitent les cieux, anges et étoiles (1-4), la seconde à celles qui se trouvent sur la terre, créatures non intelligentes et hommes (7-12). On remarque dans la première une progression descendante ; le psalmiste commence par les créatures de l’ordre le plus élevé (intelligences célestes) et termine par les astres ; dans la seconde au contraire il suit une progression ascendante ; il commence par les profondeurs de la mer, puis il énumère les puissances de la nature, après quoi, par l’intermédiaire du règne végétal et du règne animal, il arrive jusqu’à l’homme, qui est nommé le dernier comme étant l’être le plus parfait, et pour ainsi dire la fleur de la création terrestre. Chacune de ces strophes principales est adressée directement aux créatures qui sont invitées à glorifier l’Éternel ; les verbes y sont à l’impératif. Mais elles sont suivies chacune d’une strophe de deux versets seulement dans laquelle l’idée de la strophe précédente est d’abord répétée sous forme de vœu (les verbes y sont à l’optatif), puis motivée, pour ce qui concerne les créatures célestes, par la considération que le Dieu qui les a appelées à l’existence par un acte de sa toute-puissance est aussi celui qui les maintient conformément à ses lois éternelles (vv. 5,6), en ce qui concerne les terrestres, par la considération de ce que ce Dieu si grand et si sage a fait et veut faire encore pour le peuple qui au milieu de l’humanité occupe le premier rang, Israël, le peuple qui lui est proche (vv. 13,14).

Verset 1. Alléluia! Louez l’Éternel dans les cieux, louez-le dans les plus hauts lieux!

Ce passage est de ceux qui établissent bien clairement qu’il existe au-dessus de nous, dans des régions inaccessibles à notre vue, un peuple immense d’êtres intelligents, saints et heureux, dont la plus douce occupation est de célébrer les louanges de l’Éternel. L’invitation que l’auteur sacré leur adresse ici peut sembler superflue, puisque nous ne pouvons douter qu’ils ne s’acquittent de ce devoir avec un saint empressement (Ps 103.20). S’il les mentionne, c’est plutôt en vue de nous, afin de nous rappeler que nous serions très coupables, très ingrats, si nous ne prenions pas plaisir à ce qui fait la joie des anges et des justes glorifiés, comme aussi pour nous rendre attentifs au fait que nous appartenons à la même famille spirituelle que ces êtres si privilégiés et que nous sommes destinés à aller un jour prendre place à côté d’eux dans les lieux célestes (selon Hé 12.22), ce à quoi nous devrions nous préparer en nous conduisant dès maintenant comme « bourgeois des cieux » (Ph 3.19) et en nous « affectionnant aux choses qui sont en haut et non point à celles qui sont sur la terre » (Col 3.2). Des méditations sur ce sujet ont une influence éminemment sanctifiante. Et combien tous les actes du culte public et particulier deviennent plus solennels et plus doux quand nous considérons qu’« au nom de Jésus tout genou se ploie, tant dans les cieux que sur la terre et sous la terre! » (Ph 2.10). — Dans le premier hémistiche il y a littéralement : louez l’Éternel depuis les cieux.

Verset 2. Louez-le tous, vous ses anges ; louez-le toutes, vous ses armées!

Hengstenberg et d’autres commentateurs entendent par armées les astres, mais le parallélisme indique évidemment qu’il est question des intelligences célestes ; comp. Ps 24.10.

Verset 3. Louez-le, soleil et lune ; louez-le toutes, étoiles lumineuses!

Littéralement : étoiles de lumière.

Verset 4. Louez-le, cieux des cieux, vous aussi, eaux qui êtes au-dessous des cieux!

Cieux des cieux signifie les cieux les plus élevés. — Le second hémistiche se rapporte aux mêmes eaux que Gn 1.7 ; Ps 104.3.

Verset 5. Qu’ils louent le nom de l’Éternel! Car il commanda, et ils furent créés ;

Comparez Gn 1.3 ; Ps 33.9.

Verset 6. il les établit pour toujours, à perpétuité ; il donna un statut, et ils ne le transgresseront point.

En hébreu le verset se termine ainsi : et il ne passera point. Nous expliquons ce passage comme Abenesra, Hengstenberg, Stier, Perret-Gentil ; le psalmiste a employé le singulier en considérant toutes les créatures célestes comme un ensemble. Entendu ainsi, ce verset a un grand rapport avec Jb 38.10 et Ps 104.9. Cette explication nous paraît plus naturelle que celle de Vaihinger, qui rapporte le verbe à Dieu (il ne transgressera point la loi qu’il a donnée) et que celle de Maurer et d’Ewald : il (le statut) ne sera point aboli.

Verset 7. Louez l’Éternel sur la terre, vous, baleines et tous les abîmes ;

Littér. Louez l’Éternel depuis la terre. — Le premier mot du second hémistiche désigne quelque animal de grande dimension ; nous l’avons rendu par un autre mot dans Ps 74.13.

Verset 8. feu, grêle, neige, vapeurs, vent de tempête qui exécutez sa parole ;

Selon Kimchi et d’autres commentateurs, le feu dont il s’agit c’est la foudre, les éclairs. — Les vapeurs sont celles qui s’engendrent de la terre. — Vent de tempête, comp. Ps 107.25.

Versets 9-10. vous, montagnes, et toutes les collines, vous, arbres fruitiers et tous les cèdres ; vous, bêtes sauvages, et tout le bétail, reptiles et oiseaux ailés ;

Comparez Ps 96.12.

Verset 11. vous, rois de la terre et tous les peuples, vous, princes et tous les juges de la terre ;

Ceux auxquels Dieu a assigné un rang élevé parmi les hommes par leur naissance, leurs talents, leurs charges, sont aussi le plus directement appelés à célébrer ses louanges.

Verset 12. jeunes hommes et vierges, vieillards et enfants!

Le mot rendu par enfants est traduit par d’autres par garçons, adolescents, d’après la signification ordinaire du mot hébreu, mais notre traduction (comme celle de la version italienne) est appuyée par le parallélisme, le dernier substantif devant être opposé à vieillards comme vierges à jeunes gens. Comp. d’ailleurs Ps 8.3.

Verset 13. Qu’ils louent le nom de l’Éternel! Car son nom seul est grand, sa splendeur est au-dessus de la terre et des cieux ;

Comparez Ps 8.2.

Verset 14. il a suscité une corne à son peuple, sujet de louange pour tous ses adorateurs, pour les enfants d’Israël, peuple qui lui est proche. Alléluia!

Cette expression remarquable : une corne (comp. Ps 88.18, 132.17 ; Lc 1.69) nous indique que ces paroles se rapportent au Messie et aux bénédictions dont il est la source pour Israël et pour le monde entier, bénédictions dont nous jouissons déjà, mais dont la plénitude est réservée pour son second avènement. — Le peuple qui est proche de Dieu c’est d’abord Israël (Ex 19.5), mais c’est aussi le peuple de la nouvelle alliance, qui a obtenu par Jésus la paix, la réconciliation et tous les privilèges des enfants de Dieu, selon Ep 2.13-19.

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes – Tome 2, p. 370-374

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