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Commentaire sur le Psaume 144

Pour David.

  1. Béni soit l’Éternel, mon rocher, qui forme mes mains au combat, mes doigts à la bataille,
  2. mon ami, mon rempart, ma haute retraite, mon libérateur, mon bouclier, mon refuge, qui range mon peuple sous moi!
  3. Éternel, qu’est-ce que l’homme pour que tu le connaisses, le fils du mortel, pour que tu en tiennes compte?
  4. L’homme est semblable à un souffle, ses jours sont comme l’ombre qui passe.
  1. Ô Éternel! abaisse les cieux et descends, touche les montagnes et qu’elles fument!
  2. Fais briller l’éclair et disperse-les, décoche tes flèches et mets-les en déroute!
  3. Étends tes mains d’en haut et sauve-moi ; délivre-moi des grosses eaux, de la main des fils de l’étranger,
  4. dont la bouche profère la fausseté, et dont la droite est une droite perfide!
  1. Ô Dieu! je veux te chanter un cantique nouveau, avec la harpe à dix cordes t’adresser des psaumes,
  2. à toi qui donnes aux rois la délivrance, et qui sauves David, ton serviteur, du glaive meurtrier.
  3. Sauve-moi et délivre-moi de la main des fils de l’étranger, dont la bouche profère la fausseté, et dont la droite est une droite perfide!
  1. Alors nos fils seront semblables à des plantes, qui croissent dans leur jeunesse, nos filles, à des colonnes angulaires, taillées comme celles d’un palais ;
  2. nos greniers remplis regorgeront de toute espèce de provisions ; nos brebis se multiplieront par milliers, par myriades, dans nos campagnes ;
  3. nos bœufs seront vigoureux ; il n’y aura point de brèche, point de sortie, point de cris dans nos places.
  4. Heureux le peuple qui est dans un pareil état! Heureux le peuple qui a l’Éternel pour son Dieu!

 

Dans ce psaume David implore de nouvelles délivrances, tout en rendant grâces pour celles qu’il avait déjà reçues. Les rapports nombreux qu’il a avec le Ps 18 ont fait penser à plusieurs commentateurs que le psalmiste l’aurait composé postérieurement à ce dernier, en abrégeant considérablement. Mais le Ps 18 appartient à une époque de la vie de David où ses luttes contre ses ennemis étaient terminées (voyez le titre) et où il n’avait plus qu’à rendre grâces, tandis que le nôtre nous le montre encore entouré de combats et de dangers. Il est donc probable que c’est le Ps 144 qui a été composé le premier (peut-être, comme le pense Kimchi, à l’occasion de la coalition mentionnée dans 2 S 5) et que plus tard David l’a retravaillé et développé, et c’est sous cette nouvelle forme que nous le trouvons dans le Ps 18. Les Septante ont ajouté au titre les mots : au sujet de Goliath ; mais à cette époque David n’était pas encore monté sur le trône, comme il paraît l’avoir été lorsqu’il composa ce Psaume (voyez v. 2). Les considérations que nous avons présentées sur le caractère prophétique du Ps 18 s’appliquent naturellement aussi à celui-ci.

Dans la première strophe le psalmiste raconte les expériences qu’il avait déjà faites de la bonté et de la puissance de Dieu (1-4). La seconde et la troisième, qui se terminent par un refrain (sauve-moi et délivre-moi de la main des fils de l’étranger, etc.), renferment la prière qu’il adresse à Dieu pour être délivré de ses persécuteurs (5-8 et 9-11). Enfin, la dernière est un tableau de la prospérité qu’il souhaite pour son peuple (12-15).

Verset 1. Béni soit l’Éternel, mon rocher, qui forme mes mains au combat, mes doigts à la bataille,

Il reconnaît que tout ce qu’il avait de force venait de Dieu. Comp. Ps 18.3 ; Ep 6.10.

Verset 2. mon ami, mon rempart, ma haute retraite, mon libérateur, mon bouclier, mon refuge, qui range mon peuple sous moi!

« Expressions accumulées qui sont autant d’appuis pour la foi » (Calvin). — Le premier mot du verset est : mon amour. L’idée est aussi assez heureusement rendue par bienfaiteur, dans Cahen et Perret-Gentil. Comparez Ps 59.18.

Verset 3. Éternel, qu’est-ce que l’homme pour que tu le connaisses, le fils du mortel, pour que tu en tiennes compte?

Même pensée que dans Ps 8.5. — Connaître signifie ici, selon Kimchi, prendre soin. Comparez Ps 1.6.

Verset 4. L’homme est semblable à un souffle, ses jours sont comme l’ombre qui passe.

« La considération de la fragilité de notre vie est bien propre à nous préserver de l’orgueil et à nous inspirer une plus vive reconnaissance pour les bienfaits de Dieu » (Calvin). Mêmes images dans Ps 39.6, 102.12.

Versets 5-6. Ô Éternel! abaisse les cieux et descends, touche les montagnes et qu’elles fument! Fais briller l’éclair et disperse-les, décoche tes flèches et mets-les en déroute!

Nous trouvons dans Ps 18.10, etc., les mêmes images pour dépeindre l’intervention de Dieu, sur laquelle le psalmiste compte pour être délivré.

Versets 7-8. Étends tes mains d’en haut et sauve-moi ; délivre-moi des grosses eaux, de la main des fils de l’étranger, dont la bouche profère la fausseté, et dont la droite est une droite perfide!

Fils de l’étranger, comparez Ps 18.45-46.

Verset 9. Ô Dieu! je veux te chanter un cantique nouveau, avec la harpe à dix cordes t’adresser des psaumes,

Pour le premier hémistiche, comparez Ps 33.3 ; pour le second, Ps 4.1, 33.2.

Verset 10. à toi qui donnes aux rois la délivrance, et qui sauves David, ton serviteur, du glaive meurtrier.

« Combien il est nécessaire pour les rois d’avoir la protection de Dieu » (Calvin).

Versets 11-12. Sauve-moi et délivre-moi de la main des fils de l’étranger, dont la bouche profère la fausseté, et dont la droite est une droite perfide! Alors nos fils seront semblables à des plantes, qui croissent dans leur jeunesse, nos filles, à des colonnes angulaires, taillées comme celles d’un palais ;

Le mot hébreu (acher), qui commence cette strophe et qui la relie à la précédente, a ordinairement la valeur du pronom relatif, mais quelquefois aussi celle d’une conjonction (afin que) ; aussi les commentateurs sont assez divisés sur le sens de ce passage. Les Septante et les versions qui s’y rattachent joignent ce morceau à la strophe précédente, et y voient une description faite par eux-mêmes de la prospérité dont jouissent les ennemis du peuple de Dieu. Mais alors il faut suppléer un verbe qui indique que ce verset et le suivant renferment le langage des ennemis. Puis, avec cette explication on ne sait pas bien que faire du dernier verset du Psaume, à moins de le traduire aussi librement que le font les versions que nous venons de nommer. Ils ont estimé heureux le peuple qui possède tous ces biens ; mais heureux le peuple dont l’Éternel est le Dieu. D’autres (Kimchi, Abenesra, Calvin) y voient un tableau de l’heureuse condition dans laquelle se trouvait Israël à l’époque de la composition de ce Psaume, et dont l’auteur sacré désire et implore la continuation. Mais cette description n’aurait pas été très naturelle dans le moment même où le psalmiste venait de parler des grands dangers qui le menaçaient lui (et par là même son peuple). Il est plus simple de considérer ce morceau comme un vœu, comme un tableau de la prospérité remarquable que le psalmiste se représente comme le résultat de la délivrance qu’il demande (Rosenmüller, Hengstenberg, Maurer, Stier, version anglaise). — La comparaison renfermée dans les deux premiers hémistiches rappelle Ps 128.3.

Verset 13. nos greniers remplis regorgeront de toute espèce de provisions ; nos brebis se multiplieront par milliers, par myriades, dans nos campagnes ;

Comparez les promesses de Dt 28.1, 30.9.

Verset 14. nos bœufs seront vigoureux ; il n’y aura point de brèche, point de sortie, point de cris dans nos places.

Le mot hébreu que nous rendons par vigoureux se rattache au verbe porter, et paraît signifier propre à porter des fardeaux. — Le second et le troisième hémistiche se rapportent aux malheurs de la guerre, brèche dans les murs de la ville, sortie de ses habitants pour aller à la mort ou en captivité, cris de lamentation.

Verset 15. Heureux le peuple qui est dans un pareil état! Heureux le peuple qui a l’Éternel pour son Dieu!

Même pensée que dans Ps 33.12, 89.16.

 

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes – Tome 2, p. 357-361

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