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Commentaire sur le Psaume 137

  1. Près des fleuves de Babylone nous nous sommes assis, là aussi nous avons pleuré, en pensant à Sion ;
  2. aux saules de la contrée nous avons suspendu nos harpes.
  3. Car là nos geôliers demandaient des paroles de cantiques, et nos oppresseurs, de la joie, disant : « Chantez-nous des cantiques de Sion. »
  4. Comment chanterions-nous un cantique de l’Éternel sur la terre étrangère?
  5. Si je t’oubliais, ô Jérusalem, que ma droite perde le souvenir!
  6. Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens pas de toi, si je ne fais pas de Jérusalem le sujet principal de ma joie!
  1. Ô Éternel! rétribue aux enfants d’Édom la journée de Jérusalem, en laquelle ils ont dit : « Rasez, rasez jusqu’à ses fondements. »
  2. Ô fille de Babylone! la dévastée, heureux celui qui te rendra la récompense que tu nous as donnée!
  3. Heureux qui saisira tes nourrissons et les écrasera contre un rocher!

 

Ce Psaume semble donner gain de cause à ceux qui soutiennent que les Psaumes ne peuvent pas être tous de David, car on pourrait le croire composé postérieurement à la captivité de Babylone ou pendant cette captivité. Aussi, parmi les commentateurs modernes, il n’y a plus guère que Clauss qui l’attribue à David. Nous partageons son opinion ; il nous paraît que le roi-prophète peut avoir écrit ce cantique, aussi bien que tant d’autres dans lesquels, étant prophète (Ac 2.30), il a annoncé des événements plus ou moins éloignés, notamment les Ps 74 et 79, qui décrivent de grands désastres pour Israël, et aussi bien le Ps 126, qui se rapporte au retour de la captivité. Les rabbins Abenesra et Kimchi l’attribuent à David, et dans la version syriaque il est intitulé : Psaume de David, contenant les paroles des saints qui furent emmenés à Babylone.

Ce Psaume est donc un Psaume prophétique, dans lequel le Saint-Esprit avait sans doute principalement en vue les circonstances et les besoins des Israélites pendant la captivité de Babylone, et il était bien propre en effet à soutenir leurs espérances et à les encourager à demeurer fidèles à leur Dieu, à leur patrie. Mais les malheurs d’Israël ne devaient pas se terminer avec cette captivité, et le peuple de la nouvelle alliance peut aussi avoir à traverser des épreuves semblables (ainsi les luttes contre la Babylone mystique, Ap 17 et 18) ; aussi ce Psaume a toujours son actualité.

La première strophe exprime l’attachement des exilés à leur patrie et à leur culte (1-6) ; la seconde appelle les justes jugements de Dieu contre Babylone, ainsi que contre les Iduméens qui s’étaient réjouis des malheurs du peuple de Dieu (7-9).

Verset 1. Près des fleuves de Babylone nous nous sommes assis, là aussi nous avons pleuré, en pensant à Sion ;

La tristesse des captifs est dépeinte par le premier verbe et plus fortement encore par le second. « On voit bien qu’ils ne s’étaient pas laissé gagner par les délices de Babylone, et que ce qu’ils regrettaient, ce n’était pas des avantages temporels, c’était Sion » (Calvin). — Babylone désigne ici probablement le pays plutôt que la ville. — Les principaux fleuves de la contrée étaient le Tigre, l’Euphrate, le Chaboras.

Verset 2. aux saules de la contrée nous avons suspendu nos harpes.

La Babylonie abondait en saules ; Esaïe l’appelle la Vallée des saules, Es 15.7 — Les instruments de musique avaient été suspendus aux arbres parce qu’on avait cessé d’en faire usage ; on s’abstenait de la musique dans les temps de grande humiliation, de grand deuil national, Es 24.8 ; Ap 18.22.

Verset 3. Car là nos geôliers demandaient des paroles de cantiques, et nos oppresseurs, de la joie, disant : « Chantez-nous des cantiques de Sion. »

Nos geôliers, littéralement : ceux qui nous avaient emmenés captifs. — Nos oppresseurs, littéralement : ceux qui nous dépouillaient.

Verset 4. Comment chanterions-nous un cantique de l’Éternel sur la terre étrangère?

Ce serait une infidélité envers Dieu que de chanter dans le pays de ses ennemis, dans un pays souillé par leurs abominations.

Versets 5-6. Si je t’oubliais, ô Jérusalem, que ma droite perde le souvenir! Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens pas de toi, si je ne fais pas de Jérusalem le sujet principal de ma joie!

« Toutes nos affections et toutes nos facultés doivent être tournées vers la patrie céleste » (Horne). — Dans le second hémistiche le psalmiste s’est arrêté avant d’avoir exprimé toute sa pensée ; en hébreu il n’y a que ces mots : Que ma droite oublie. Plusieurs commentateurs suppléent : l’art de toucher la harpe (Abenesra, Kimchi, Calvin, Horne et Hengstenberg). Le sens serait alors que si les Israélites consentaient à faire entendre leurs cantiques sur la demande de leurs nouveaux maîtres, ils mériteraient que leur main perde la faculté de jouer de la harpe. Mais ce serait une considération trop secondaire pour être bien placée dans un morceau aussi solennel. Mieux vaut l’explication de Michaëlis : Que ma droite s’oublie elle-même ; ou bien celle de Rosenmüller : Que ma droite m’oublie. Les Septante traduisent : Qu’elle soit oubliée, mais dans le texte hébreu le verbe n’est pas au passif. Nous avons préféré traduire littéralement, sans rien ajouter. — « C’est ainsi que les malheurs de l’Église doivent tenir la première place dans notre cœur » (Calvin). — Littéralement : Si je ne place pas Jérusalem sur la tête de ma joie.

Verset 7. Ô Éternel! rétribue aux enfants d’Édom la journée de Jérusalem, en laquelle ils ont dit : « Rasez, rasez jusqu’à ses fondements. »

La joie que les Iduméens avaient montrée lors de la ruine (journée) de Jérusalem, était d’autant plus odieuse qu’ils étaient descendants d’Abraham aussi bien que les Israélites. Comparez Ez 25.12-14 ; Ab 10. — Ce n’est pas un sentiment de vengeance qui a inspiré ces paroles, voyez vol I, p. 40-42. — Littéralement : Souviens-toi pour les enfants d’Édom. — Sur les Iduméens (postérité d’Ésaü) voyez l’explication du Psaume 60. — Au troisième hémistiche on peut aussi traduire : Mettez à nu, mettez à nu, ou bien : Aplanissez, aplanissez, etc.

Verset 8. Ô fille de Babylone! la dévastée, heureux celui qui te rendra la récompense que tu nous as donnée!

Du temps de David Babylone subsistait encore et rien n’annonçait qu’elle dût être détruite ; mais, comme le dit très bien Calvin, il la voyait par l’œil de la foi ; il la contemplait dans le miroir de la parole de Dieu ; c’est pourquoi elle lui apparaissait comme déjà détruite, comme vouée à la destruction. Quelques versions portent : la dévastatrice, ce qui semble plus facile à expliquer ; mais dans l’hébreu la forme du verbe est celle qui indique ordinairement le passif. — Fille de Babylone, expression expliquée à l’occasion du Psaume 45.13.

Verset 9. Heureux qui saisira tes nourrissons et les écrasera contre un rocher!

De semblables jugements sont annoncés contre Babylone dans Es 13.16. Abenesra dit que des cruautés pareilles furent commises de la part des Babyloniens envers les Juifs.

 

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes – Tome 2, p. 333-336

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