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Commentaire sur le Psaume 122

Cantique des degrés. Pour David.

  1. Je suis joyeux quand on me dit : Allons à la maison de l’Éternel!
  1. Nos pieds se tiennent sur tes portes, ô Jérusalem!
  2. Jérusalem, ville dont les édifices sont groupés ensemble!
  3. C’est là que montent les tribus, les tribus de l’Éternel, selon le témoignage pour Israël, afin de rendre grâces au nom de l’Éternel ;
  4. car là sont dressés les trônes pour le jugement, les trônes de la maison de David.
  1. Demandez la paix pour Jérusalem! Que ceux qui t’aiment prospèrent!
  2. Qu’il y ait paix dans tes remparts, prospérité dans tes palais!
  3. Pour l’amour de mes frères et amis, puissé-je dire : « Paix en toi! »
  4. Pour l’amour de la maison de l’Éternel, notre Dieu, je veux rechercher ton bonheur!

 

Les idées exprimées dans ce psaume s’accordent particulièrement bien avec son titre : « Cantique des degrés. » C’est bien en montant au temple que les fidèles devaient s’occuper des privilèges de Jérusalem, comme métropole politique et ecclésiastique d’Israël, résidence des rois et centre de la vie religieuse de l’ancien monde. Ce psaume a assez de rapports avec les psaumes 48 et 87, et il est vraisemblable qu’il fut composé par David dans le temps où il s’établit définitivement à Jérusalem, après y avoir transporté l’arche sainte. Cependant le regard du roi-prophète ne s’arrêtait sans doute pas à la Jérusalem d’alors ; il s’étendait jusqu’au temps où la sainte cité devait posséder dans ses murs le plus illustre de ses successeurs, et même jusqu’à celui plus éloigné et pour nous encore à venir, où Jérusalem doit se relever de son long abaissement et devenir la métropole religieuse de toutes les nations (Es 2.3). Tout en nous souvenant que c’est à Jérusalem, à Israël et au culte lévitique que ce psaume se rapporte en tout premier lieu, nous pouvons aussi nous en servir pour exprimer et pour ranimer notre attachement au culte de la nouvelle alliance, ainsi qu’aux institutions et aux fêtes dont il se compose.

Une première strophe, d’un seul verset, résume le psaume entier (v. 1) ; la seconde s’adresse à la sainte cité et énumère ses privilèges (2-5) ; dans la troisième le psalmiste invite les autres fidèles et s’exhorte lui-même à prier pour cette ville bien aimée (6-10).

Verset 1. Je suis joyeux quand on me dit : Allons à la maison de l’Éternel!

« Ce doit être pour nous un sujet de joie de voir que notre foi est partagée par beaucoup d’autres. » (Calvin).

Verset 2. Nos pieds se tiennent sur tes portes, ô Jérusalem!

Il n’y a aucun lieu sur la terre qui soit pour le fidèle de la nouvelle alliance tout ce que Jérusalem était pour les Israélites ; mais nous possédons en tout lieu et en tout temps au milieu de nous la présence de Celui qui est le chef, le centre, le sauveur de son Eglise (Mt 28.20).

Verset 3. Jérusalem, ville dont les édifices sont groupés ensemble!

Ce verset présente quelque obscurité ; en hébreu il ne contient que ces mots : Jérusalem bâtie comme une ville unie avec elle ensemble. Il paraît que le psalmiste a voulu représenter l’aspect que la sainte cité offrait aux fidèles réunis sur les degrés du temple : les habitations dont elle se composait n’étaient pas dispersées, isolées les unes des autres, mais réunies en masse compacte, en sorte que la ville se trouvait représenter extérieurement l’unité spirituelle qui devait régner entre tous les enfants d’Abraham et à un degré supérieur encore entre tous les membres du corps de Christ. Ep 2.11-19, 4.16. Ce mode de construction faisait ainsi de Jérusalem une prédiction et une prophétie qui s’adressaient aux yeux des fidèles. Tel paraît le sens le plus naturel de ce verset. La plupart des versions et des commentateurs le rendent à peu près comme nous ; ainsi de Sacy : Jérusalem que l’on bâtit comme une ville dont toutes les parties sont dans une parfaite union entre elles. Perret-Gentil : bâtie comme une ville où les édifices se lient l’un à l’autre. Version anglaise : bâtie comme une ville qui est tout entière compacte. Comp. Ps 48.15. La version chaldéenne et plusieurs rabbins donnent une autre explication : La Jérusalem qui est bâtie dans le ciel est comme la ville qui lui est unie sur la terre. Cette idée que la Jérusalem terrestre était un type de la céleste, est très juste en elle-même (Comp. Ga 4.26 ; Hé 12.22) ; mais, si le psalmiste avait eu l’intention de l’exprimer, il l’aurait probablement fait d’une manière moins obscure. Le verset précédent ne peut se rapporter qu’à la Jérusalem terrestre, en sorte qu’à moins d’avoir été préalablement averti, le lecteur ne peut reconnaître que celle-là dans notre verset. Mieux vaudrait encore l’explication d’Abenesra : bâtie comme une ville où l’on se rassemble de toutes parts. Cette explication, qui pourrait peut-être se fonder sur la traduction assez peu intelligible des Septante, introduirait dans ce verset l’idée qui est énoncée dans le suivant ; mais elle ne ressort pas très naturellement du texte hébreu.

Verset 4. C’est là que montent les tribus, les tribus de l’Éternel, selon le témoignage pour Israël, afin de rendre grâces au nom de l’Éternel ;

Le second hémistiche forme une sorte de parenthèse et rappelle que les pèlerinages à Jérusalem, à l’occasion des grandes fêtes, étaient institués par la loi de Dieu (Dt 16.16)[1]. Le mot témoignage a ici le même sens que dans Ps 19.8, 78.5. — Le troisième hémistiche nous enseigne que « la gloire de Dieu est le but de notre élection. » (Calvin).

Verset 5. car là sont dressés les trônes pour le jugement, les trônes de la maison de David.

Ce verset est lié au précédent par la particule car, parce qu’il explique pourquoi le peuple devait se rassembler à Jérusalem. Cette ville devait être à la fois le centre politique- et le centre religieux du pays. C’est ce que les rois schismatiques du royaume des dix tribus comprirent bien, puisqu’ils établirent à Samarie un autel nouveau à côté du trône nouveau. — Nous avons traduit le premier hémistiche comme le font les anciennes versions, la version anglaise, la version hollandaise et celle de Hengstenberg ; cette traduction est plus grammaticale que celle de Cahen, Maurer, Vaihinger : car là on est assis sur des trônes, etc. Il s’agit des trônes dressés pour les rois et les principaux magistrats du royaume, types de ceux sur lesquels doivent s’asseoir un jour les apôtres de la nouvelle alliance. Mt 19.28.

Verset 6. Demandez la paix pour Jérusalem! Que ceux qui t’aiment prospèrent!

Nous aussi, nous devons prier pour l’Église. Calvin déjà, avec son grand sens, fait remarquer que ceux qui font peu de cas de l’Église (les individualistes, comme on les appelle aujourd’hui) ne seront pas bénis.

Verset 7. Qu’il y ait paix dans tes remparts, prospérité dans tes palais!

Le psalmiste désire pour Jérusalem la paix à l’extérieur et la prospérité dans l’intérieur. Comp. Ps 48.4.

Versets 8-9. Pour l’amour de mes frères et amis, puissé-je dire : « Paix en toi! » Pour l’amour de la maison de l’Éternel, notre Dieu, je veux rechercher ton bonheur!

Ces versets indiquent deux sentiments qui doivent nous porter à nous intéresser à Jérusalem (et à l’Église), savoir l’amour fraternel et le zèle pour la pureté et la perpétuité du culte divin. Comp. 1 Tm 3.15. — Sur la forme du second hémistiche du v. 8 comp. Ps 116.14.

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes – Tome 2, p. 284-288


[1] Nous expliquons ce passage comme le font Michaëlis, Sacy, Hengstenberg, Perret-Gentil. Cette explication nous paraît mieux convenir au contexte que celle de Kimchi, de Vivien et de quelques autres qui suppriment le mot selon qui ne se trouve effectivement pas dans l’hébreu (mais que l’on supplée dans des cas analogues) et qui traduisent : ce qui est un témoignage (un enseignement, une profession de foi) devant le peuple.

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