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Commentaire sur le Psaume 120

      Cantique des degrés.

  1. À l’Éternel, dans ma détresse, je crie et il me répond.
  2. Éternel, délivre ma personne de la lèvre menteuse, et de la langue hypocrite!
  1. Que te donnera, que te rapportera la langue hypocrite?
  2. Les flèches acérées d’un homme puissant, avec des charbons de genêt.
  1. Quel malheur pour moi de séjourner en Mésec, et de demeurer près des tentes de Kédar!
  2. Trop longtemps pour elle, ma personne a demeuré avec celui qui hait la paix.
  3. Je ne suis que paix, mais quand je parle, ils sont, eux, pour la guerre.

 

La version syriaque considère le Ps 120 comme une prophétie du retour de Babylone ; les rabbins y voient la restauration future de leur peuple. Il nous paraît que ces deux suppositions sont également fondées et que le psalmiste (David), prenant occasion des calomnies et des persécutions qu’il eut à endurer de la part de Saül et de ses adhérents, a dépeint sous la direction de l’Esprit de prophétie, les maux que la postérité d’Abraham devait souffrir dans ces deux grandes époques de son histoire, ainsi que la délivrance qui y mettrait fin. D’ailleurs, les fidèles individuellement peuvent, aussi bien que les peuples, se servir de ces paroles du roi-prophète, soit pour présenter leurs supplications devant Dieu, soit pour fortifier leur foi en ses promesses.

Première strophe. Prière (1-2). Deuxième strophe. Les persécuteurs, loin de réussir dans leurs desseins, s’attirent de terribles châtiments (3-4). Troisième strophe. Tableau des souffrances du fidèle dans la persécution (5-7).

Verset 1. À l’Éternel, dans ma détresse, je crie et il me répond.

Les délivrances qui nous ont été accordées encouragent à en espérer de nouvelles.

Verset 2. Éternel, délivre ma personne de la lèvre menteuse, et de la langue hypocrite!

« Nous ne devons pas être trop surpris lorsque des épreuves de ce genre nous arrivent » (Calvin). Comparez Ps 52.6.

Verset 3. Que te donnera, que te rapportera la langue hypocrite?

Nous avons traduit ce verset comme le font la version chaldéenne, Kimchi et les versions hollandaise et italienne. Cette traduction, dont celle des Septante se rapproche beaucoup, nous paraît la plus simple. Le psalmiste interpelle ses persécuteurs et leur demande, usant d’une sorte d’ironie, quelle récompense ils recevront de leurs mensonges. Ce seront, répond le verset suivant, de terribles jugements (sous l’image de flèches et de charbons ardents). La version anglaise, Hengstenberg, Vivien, Perret-Gentil, traduisent : Que te donnera-t-on, ô langue hypocrite? etc. Le sens demeure le même. Calvin, Cahen, Vaihinger, Stier et la version italienne donnent une autre traduction, d’après laquelle le verset 4 ne contiendrait pas une réponse au verset 3, mais une comparaison destinée à faire ressortir l’influence malfaisante de la langue hypocrite. Ils traduisent : Que te donnera, que te rapportera la langue hypocrite, qui est semblable aux flèches acérées? etc. En adoptant cette construction, peu naturelle cependant, vu l’absence de toute particule de comparaison entre les deux versets, on pourrait encore considérer ces deux versets comme adressés aux persécuteurs, pour leur faire remarquer la vanité de leurs entreprises contre Dieu et contre son peuple.

Verset 4. Les flèches acérées d’un homme puissant, avec des charbons de genêt.

Le genêt, buisson à fleurs jaunes, de la famille des légumineuses (nous traduisons ainsi avec Hengstenberg, Cahen, Perret-Gentil), donne un feu de longue durée. — Dieu est aussi représenté comme se servant de flèches et de charbons pour châtier ses ennemis, dans Ps 18.14-15.

Verset 5. Quel malheur pour moi de séjourner en Mésec, et de demeurer près des tentes de Kédar!

Mésec, peuplade qui descendait d’un patriarche de ce nom, fils de Japhet (Gn 10.2), mais dont le domicile ne peut pas être fixé avec certitude. Selon quelques-uns, c’était entre la Cappadoce et l’Arménie. Kédar était une peuplade arabe, qui descendait d’Ismaël (Gn 25.13) et qui habitait l’Arabie. Il est probable que les paroles de ce verset ne doivent pas être prises à la lettre et que le psalmiste a voulu seulement représenter les souffrances et les privations du fidèle qui se trouve au milieu d’étrangers, soit qu’il s’agisse d’hommes d’une autre nation, ou de ceux de ses propres compatriotes qui ne partagent pas sa foi et ses convictions les plus chères, en sorte qu’il se trouve lui-même « étranger dans sa patrie et dans son église » (Calvin).

Verset 6. Trop longtemps pour elle, ma personne a demeuré avec celui qui hait la paix.

Ici le psalmiste décrit le caractère de ses persécuteurs. Dans le premier hémistiche, le verbe est suivi d’une proposition et d’un pronom (pour elle) qui ne se trouvent pas exprimés dans la plupart des versions, mais qui paraissent indiquer une idée de souffrance.

Verset 7. Je ne suis que paix, mais quand je parle, ils sont, eux, pour la guerre.

« Apprenons, par l’exemple de David qu’il ne suffit pas que les fidèles s’abstiennent de se venger, mais qu’ils doivent s’efforcer d’attirer leurs ennemis et de leur inspirer la bienveillance » (Calvin). — Littéralement : Je suis paix ; mais quand je parle, eux pour la guerre. Comp. Ps 109.4. — « L’accomplissement parfait est en Jésus-Christ » (Horne).

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes – Tome 2, p. 280-282

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