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Commentaire sur le Psaume 112

  1. Alléluia! Heureux l’homme qui craint l’Éternel, et qui se plaît fort en ses ordonnances!
  2. Sa postérité sera puissante dans le pays ; la race des hommes droits sera bénie ;
  3. l’abondance et la richesse sont dans sa maison, et sa justice subsiste pour toujours ;
  4. la lumière se lève dans les ténèbres pour l’homme droit ; il est clément, miséricordieux et juste.
  1. Heureux l’homme compatissant et qui prête! Il gagnera sa cause en jugement ;
  2. car il ne sera jamais ébranlé ; on se souviendra du juste éternellement.
  3. Une nouvelle fâcheuse ne l’effraie pas ; son cœur est ferme, mettant sa confiance en l’Éternel : 
  4. son cœur est bien appuyé et n’a aucune crainte, en attendant qu’il se délecte de ses ennemis.
  5. Il distribue, il donne aux indigents, sa justice subsiste pour toujours, sa corne s’élève avec gloire.
  6. Le méchant le voit et en a du dépit, il grince des dents et il se fond ; le désir du méchant est anéanti.

Ce psaume célèbre le bonheur du juste et a beaucoup de rapports avec le Ps 1. Il se rattache plus étroitement encore au précédent, dont le dernier verset contient déjà la pensée qui se trouve développée dans celui-ci. Il se compose exactement du même nombre de versets que le 111, et l’ordre alphabétique y est suivi de la même manière. Le Ps 111 a pour sujet la gloire du Créateur ; le nôtre traite encore le même sujet (aussi il commence par Alléluia : Louez l’Éternel), mais sous un point de vue particulier, en tant qu’il nous montre la gloire du Créateur dans la créature. David paraît avoir voulu montrer à quel haut degré de sainteté et de bonheur l’homme peut s’élever lorsque l’image de Dieu, effacée par le péché, est rétablie en lui par la grâce, œuvre qui sans doute ne s’accomplit entièrement que sous la nouvelle alliance, en sorte que ce Psaume aussi contient un élément prophétique. Cette intention du psalmiste se montre dans les détails comme dans l’ensemble ; il emploie, en parlant du juste, précisément les expressions miséricordieux et clément (v. 4), par lesquelles Dieu lui-même est caractérisé dans d’autres passages (Ps 86.15, 103.8) ; ainsi encore ce qui est dit de l’Éternel dans Ps 111.3 : Sa justice subsiste pour toujours, est dit du fidèle à deux reprises dans notre Psaume (vv. 3 et 9).

Le Psaume se divise en deux strophes, commençant chacune par : Heureux l’homme, etc. ; la première expose ce qu’on pourrait appeler le côté positif du bonheur du fidèle, les biens dont il jouit (1-4) ; la seconde, le côté négatif, les maux dont il est affranchi (5-10).

Verset 1. Alléluia! Heureux l’homme qui craint l’Éternel, et qui se plaît fort en ses ordonnances!

Voyez, au sujet de la place qu’occupe l’alléluia, l’explication de Ps 111.1. — « Le second hémistiche nous montre ce que c’est que craindre Dieu. La vraie obéissance doit être volontaire » (Calvin). « La crainte de Dieu délivre de toute autre crainte et l’amour de ses commandements de tout autre désir » (Horne).

Verset 2. Sa postérité sera puissante dans le pays ; la race des hommes droits sera bénie ;

Comp. Ps 87.25-26. — Au sujet des biens terrestres promis au fidèle et à sa postérité dans ce verset et les suivants, nous renvoyons aux explications données dans l’introduction au Ps 37.

Verset 3. l’abondance et la richesse sont dans sa maison, et sa justice subsiste pour toujours ;

Sa justice. Voyez Ps 24.5.

Verset 4. la lumière se lève dans les ténèbres pour l’homme droit ; il est clément, miséricordieux et juste.

Le premier hémistiche rappelle Ps 97.14. Au sein de l’adversité, le juste trouve des consolations, des forces et même des joies dont les autres hommes n’ont aucune idée. Comp, 2 Co 4.8-9. Le texte porte pour les hommes droits. Nous avons substitué le singulier au pluriel, afin de faire plus clairement ressortir la liaison qui, selon nous, existe entre les deux hémistiches. En effet, avec la majorité des commentateurs et des versions, nous rapportons les adjectifs du second hémistiche à l’homme droit nommé dans le premier. Quelques commentateurs, entre autres Luther et Calvin, les rapportent à Dieu, parce que c’est à lui que s’applique ordinairement l’épithète miséricordieux et clément. Les rabbins Abenesra et Jarchi l’entendent de même el proposent ce sens : Cette lumière qui se lève pour le juste, c’est Dieu lui-même, le Dieu miséricordieux et clément ; de même que dans Ps 27.1, David appelle l’Éternel sa lumière. Mais le nom de Dieu est trop éloigné pour que l’on puisse adopter cette explication, d’autant plus qu’il est plus naturel de rapporter les mots miséricordieux et clément au même sujet que le mot compatissant du verset suivant. C’est avec intention que le psalmiste emploie des expressions qui nous rappellent que l’homme doit se proposer de devenir semblable à Dieu. Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux (Luc 6.36).

Verset 5. Heureux l’homme compatissant et qui prête! Il gagnera sa cause en jugement ;

Quelques anciennes versions et la version anglaise traduisent : L’homme bon est compatissant et il prête. Nous avons suivi la traduction de Kimchi et de la plupart des versions modernes, parce qu’elle est plus conforme à la position des mots dans l’original, et qu’elle établit un rapport entre ce verset et le verset 1. — Le second hémistiche porte littéralement : Il soutiendra ses affaires (ou discours) avec justice (ou discernement). Le psalmiste veut probablement parler surtout des tribunaux humains, les versets suivants paraissant se rapporter aux choses que le juste peut avoir à craindre de la part des hommes.

Verset 6. car il ne sera jamais ébranlé ; on se souviendra du juste éternellement.

Les fidèles de l’ancienne alliance, de même qu’ils estimaient une longue vie comme une bénédiction, désiraient aussi vivre longtemps dans le souvenir des hommes.

Verset 7. Une nouvelle fâcheuse ne l’effraie pas ; son cœur est ferme, mettant sa confiance en l’Éternel :

« Les incrédules tremblent au bruit d’une feuille, parce qu’ils ont foi au hasard et non au gouvernement de Dieu » (Calvin). — Le premier hémistiche pourrait aussi s’entendre de bruits calomnieux sur le compte du juste. — Cœur ferme. Comp. Ps 51.12.

Verset 8. son cœur est bien appuyé et n’a aucune crainte, en attendant qu’il se délecte de ses ennemis.

L’expression appuyé est à remarquer. Il n’y a pas de meilleur appui que les promesses de Dieu. — Sur l’idée du second hémistiche, voyez l’explication de Ps 54.9.

Verset 9. Il distribue, il donne aux indigents, sa justice subsiste pour toujours, sa corne s’élève avec gloire.

Ce passage est cité par St. Paul dans 2 Co 9.9, où il recommande la bienfaisance. — Corne, voyez Ps 75.6.

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes – Tome 2, p. 219-222

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