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Cantiques des degrés

Le psaume 120 est le premier d’un groupe de 15 psaumes qui portent tous le même titre (chir hamahalot). Ce titre a été expliqué de différentes manières. Le premier mot est bien connu ; on le traduit comme ailleurs par cantique. Le second est le pluriel d’un substantif dérivé du verbe (hala) qui signifie monter. Ce substantif se rencontre rarement dans l’Ancien Testament ; dans deux passages, il désigne les degrés par lesquels on montait au temple (1 R 10.19 ; Ez 40.26) ; dans un autre, il signifie le retour de Babylone (la montée) (Esd 7.9). La plupart des commentateurs juifs ont adopté ici la première signification et ils traduisent cantiques des degrés ; ils supposent que ces psaumes étaient destinés d’une façon spéciale à être chantés sur les degrés qui conduisaient au temple. Cette explication nous paraît la plus plausible. Il est vrai que du temps de David le temple n’était pas encore construit en réalité, mais il l’était dans la pensée du psalmiste ; d’ailleurs il y avait peut-être aussi un escalier (ou un chemin montant), pour arriver à l’arche qui était dans un tabernacle provisoire (2 S 6.17).

Si nous examinons ces psaumes eux-mêmes, nous reconnaîtrons aussi que leur contenu s’accorde bien avec cette supposition. Il y est question principalement des rapports de l’Éternel avec son peuple, des privilèges de Jérusalem, des bénédictions déjà accordées à Israël et de celles qui étaient réservées à un avenir plus ou moins éloigné ; ce sont bien les pensées qui devaient occuper les fidèles lorsqu’ils gravissaient les degrés qui conduisaient au sanctuaire. La traduction : cantique des degrés se trouve également dans la version des Septante, qui représente la tradition la plus ancienne, dans la Vulgate et la version anglaise ; elle a été adoptée par Michaëlis, Sacy et Cahen. Quelques commentateurs, comme Gesenius et De Wette, admettent aussi cette traduction, mais ils lui donnent un sens différent ; selon eux, les mots des degrés ne désignent pas le lieu où ces psaumes devaient se chanter, mais une certaine progression (échelle) dans l’ordre des pensées ou dans la mélodie qui les aurait caractérisés. Cette explication est beaucoup moins naturelle. Une autre traduction qui se trouve déjà dans d’anciennes versions grecques a été adoptée par Hengstenberg, Stier, Hävernick, Gerlach : Cantiques des pèlerinages. Ces savants pensent que ces psaumes étaient destinés à être chantés par les fidèles quand ils se rendaient à Jérusalem pour les fêtes. On sait que l’expression monter était usitée quand il s’agissait de voyages à Jérusalem, à cause de la position élevée de cette ville ; (voyez 1 R 12.27 ; Ps 122.4 ; Lc 2.42).

Les idées exprimées dans ces psaumes s’accorderaient sans doute avec cette destination ; mais la première explication nous paraît préférable, parce qu’il n’y a qu’un seul passage dans lequel le mot mahala signifie voyage ; c’est Esd 7.9 ; mais là il s’agit d’un voyage tout spécial, du retour de Babylone à Jérusalem, ce qui peut avoir donné lieu à l’explication : cantiques pour le retour de Babylone, qui se trouve dans la version syriaque et qui de nos jours a été adoptée par Ewald. Mais il est à remarquer que dans les titres le mot hébreu est au pluriel ; on pourrait, il est vrai, échapper à cette objection en faisant observer que les exilés ne revinrent pas tous à la fois, en sorte que l’on peut parler de plusieurs voyages de retour ; cependant il est peu probable qu’un aussi grand nombre de psaumes eussent été composés en vue de ces circonstances particulières. Cependant tout en maintenant la traduction : cantiques des degrés, on peut bien admettre que ces psaumes étaient chantés d’une manière encore plus solennelle et avec plus d’empressement dans les grands jours de fête du culte israélite, où l’assemblée ordinaire des fidèles se trouvait augmentée par un concours considérable de pèlerins.

Dans quelques versions, le mot sur lequel roule tout ce débat a été conservé sous sa forme hébraïque, sans lui assigner aucun sens quelconque ; ainsi la version hollandaise, la version italienne (Diodati) et la version française de 1712 portent : cantique de Mahalot.

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes – Tome 2, p. 278-280

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