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Commentaire sur le Psaume 13

  1. Pour le Maitre-chantre ; Psaume pour David.
  2. Jusques à quand, ô Éternel! m’oublieras-tu toujours? Jusques à quand me cacheras-tu ta face?
  3. Jusques à quand formerai-je des plans en mon âme, et la tristesse sera-t-elle tous les jours dans mon cœur? Jusques à quand mon ennemi s’élèvera-t-il contre moi?
  4. Ah regarde, réponds-moi, Éternel mon Dieu! donne à mes yeux la lumière, afin que je ne m’endorme pas du sommeil de la mort,
  5. et que mon ennemi ne dise pas : « Je l’ai emporté sur lui » et que mes oppresseurs ne soient pas joyeux, parce que j’aurais chancelé!
  6. Pour moi, en ton amour je me confie. Mon cœur sera joyeux de ta délivrance : je chanterai à l’Éternel, parce qu’il m’aura fait du bien.

Le docteur Hengstenberg caractérise très bien ce Psaume en disant que c’est la prière d’un fidèle abattu par une souffrance prolongée et près de tomber dans le désespoir. On peut donc penser que le psalmiste le composa dans les derniers temps des persécutions de Saül, époque à laquelle les livres historiques nous le montrent assez découragé et disant : « Certes je périrai un jour par les mains de Saül : ne vaut-il pas mieux que je me sauve au pays des Philistins? » 1 S 27.1.

Mais si ce Psaume a été composé tout d’abord en vue des circonstances personnelles de David, il répond aux besoins du peuple de Dieu dans tous les temps. Les Rabbins y voient une complainte du peuple d’Israël dans son état actuel de dispersion et d’humiliation. « Ce Psaume (dit Home) convient à l’Église universelle, qui languit dans l’attente de notre Seigneur qui doit la délivrer du monde mauvais ; à toute Église particulière quand elle est persécutée, enfin à tout individu qui est éprouvé par des maladies, des chagrins, des tentations, etc. » Horne et d’autres commentateurs ont sans doute raison de penser que ce Psaume est un de ceux dans lesquels les angoisses spirituelles du Fils de David étaient décrites à l’avance. Le premier verset nous rappelle en effet ces paroles d’angoisse prononcées sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? »

Ce Psaume est trop court pour que l’on puisse y distinguer des strophes. Nous ferons seulement remarquer le contraste qui existe entre le dernier verset qui respire la paix et la confiance avec les quatre précédents qui sont l’expression d’un sombre et profond abattement. Ce changement dans l’état d’âme du psalmiste est une preuve bien frappante de l’efficacité de la prière.

Verset 2. Jusques à quand, ô Éternel! m’oublieras-tu toujours? Jusques à quand me cacheras-tu ta face?

Jusques à quand! Sur cette expression : voyez Ps 6.4. « Parole d’angoisse qui ne peut être inconnue à aucun de ceux qui, comme David, ont été élevés à l’école de la douleur. » (Tholuck). « Bien que le Seigneur ait promis aux fidèles de leur envoyer l’esprit de consolation, il ne le leur accorde pas toujours dès le premier moment, mais les laisse quelquefois faire bien des détours avant d’y arriver » (Calvin). M’oublieras-tu toujours? « Lorsque nous sommes en proie à des maux prolongés et que nous ne voyons paraître aucun signe du secours de Dieu, la pensée que Dieu nous oublie ne peut guères manquer de se présenter à notre esprit. Cependant quoique la grâce de Dieu lui fût cachée, David la découvre par l’œil de la foi » (Calvin). Écoutons encore le réformateur allemand qui, aussi bien que Calvin, connaissait par expérience ces luttes spirituelles : « Ici l’espérance même désespère et le désespoir espère : ce qu’il y a encore de vivant en nous ce sont les soupirs de l’Esprit. Rm 8.26. Il faut pour comprendre ces choses les avoir éprouvées. » (Luther). Il est bon de nous souvenir que la prolongation de la souffrance est salutaire pour mettre notre foi à l’épreuve et pour nous apprendre à attendre l’Éternel (Ps 40.2, 130.5), à persévérer dans la prière. (Voyez Lc 18.1, 8 ; Ep 6.48).

Verset 3. Jusques à quand formerai-je des plans en mon âme, et la tristesse sera-t-elle tous les jours dans mon cœur? Jusques à quand mon ennemi s’élèvera-t-il contre moi?

Jusques à quand formerai-je des plans en mon âme? Cette expression représente admirablement l’état d’un homme affligé qui court d’un moyen à un autre moyen, d’un médecin à un autre médecin, d’une combinaison à une autre combinaison, pour trouver la délivrance après laquelle il soupire. « Son cœur est comme une mer en tourmente ; on voit toutes sortes de projets s’y entrecroiser ; il cherche de tous côtés une issue par laquelle il puisse s’échapper » (Luther). — Mon ennemi. C’est probablement Saül qu’il avait surtout en vue. L’expression s’élever, rappelle ce qui est dit ailleurs de l’orgueil et de l’insolence des ennemis des fidèles. Ps 10.2, 12.5.

Verset 4. Ah regarde, réponds-moi, Éternel mon Dieu! donne à mes yeux la lumière, afin que je ne m’endorme pas du sommeil de la mort,

En demandant à Dieu de donner la lumière à ses yeux, le psalmiste pensait probablement avant tout aux ténèbres spirituelles, aux sombres pensées, aux doutes cruels qui remplissaient son âme, et peut-être aussi à l’affaiblissement de la vue qui est souvent l’effet d’une épreuve prolongée (Comp. 1 S 14.27). De peur que je m’endorme du sommeil de la mort. Ce n’était sans doute pas seulement une prolongation de vie que David désirait, mais d’être garanti de la mort de l’âme, bien plus à redouter que celle du corps, et d’avoir part à la vie bienheureuse au-delà du tombeau.

Verset 5. et que mon ennemi ne dise pas : « Je l’ai emporté sur lui » et que mes oppresseurs ne soient pas joyeux, parce que j’aurais chancelé!

Considération qui se rencontre fréquemment dans les Psaumes. Les triomphes que les ennemis remportent sur les serviteurs de Dieu portent atteinte à la gloire de Dieu.

Verset 6. Pour moi, en ton amour je me confie. Mon cœur sera joyeux de ta délivrance : je chanterai à l’Éternel, parce qu’il m’aura fait du bien.

Le dernier verset nous peint l’état de l’âme du psalmiste au moment où il vient d’achever sa prière. Sa foi a remporté la victoire sur son abattement. En croyant il a été rendu capable de se réjouir d’une joie ineffable et glorieuse. 1 P 1.8. Remarquons que c’est sur l’amour de Dieu que David fonde son espoir de la délivrance, et non point sur ses propres mérites. — David est tellement assuré d’être exaucé qu’il parle déjà de la joie et des actions de grâce qu’il chantera au sujet de sa délivrance. « Toutes les fois que nous nous mettons à prier, nous devons nous tenir prêts à chanter les louanges de Dieu » (Calvin). — Sur le mot délivrance voyez Ps 12.6.

Pasteur Armand de Mestral, Commentaire sur le livre des Psaumes, p. 126-128

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